Je rejoins Myriam, j’ai aussi eu un gros coup de cœur pour « Le manteau de soleil et l'écharpe d'étoiles bleues qui s'enroule sur nos cauchemars. » merci beaucoup, j’en redemande.
Le manteau de soleil et l'écharpe d'étoiles bleues qui s'enroule sur nos cauchemars... c'est formidable. Ça permet de bien commencer la semaine. Au plaisir de vous lire.
Gardez cet imaginaire Vickie, ce monde à côté du monde, fait de fantaisie et de tant de bonté et de tant de beauté. Il fait votre force et soigne sûrement vos peines.J'aime beaucoup votre fontaine aux songes.
LA FONTAINE AUX SONGES
Allez, viens avec moi à la fontaine aux songes :
Son onde régénère un esprit abîmé
Par le poids du réel et son lot de mensonges.
Une goutte suffit à venir arrimer
Dans les tourments d’une âme une écume de rêve
Pour adoucir un peu le cœur devenu lourd
A force de porter tous ces combats sans trêve
Qui l’usent chaque instant et ternissent l’Amour
Qu’il voudrait pourtant voir scintiller en l’espace,
Dans la nuit qui l’oppresse, dans ce sombre horizon.
Un brin de fantaisie et enfin il dépasse
Les tourments quotidiens et part en déraison.
Espérance liquide, ou porte imaginaire
Vers un ailleurs plus gai, aux cent mille couleurs ?
Viens boire l’élixir, petit coup de tonnerre
A la vie qui sommeille en son lit de douleur.
Allez, viens avec moi, allons à la fontaine
Goûter un peu cette onde aux soins miraculeux.
Viens plonger dans cette eau qui n’est pas si lointaine :
Garde les yeux fermés, rejoins le fabuleux !
Merci pour ce verdict clément. Ce monde dont vous parlez c'est peut être celui d'où je viens...ou en tout cas dans lequel je me réfugie quand le monde réel devient insupportable: il est fait de rêve et de magie, un monde interieur indispensable pour tenir le coup ici bas:
LA FONTAINE AUX SONGES
Allez, viens avec moi à la fontaine aux songes :
Son onde régénère un esprit abîmé
Par le poids du réel et son lot de mensonges.
Une goutte suffit à venir arrimer
Dans les tourments d’une âme une écume de rêve
Pour adoucir un peu le cœur devenu lourd
A force de porter tous ces combats sans trêve
Qui l’usent chaque instant et ternissent l’Amour
Qu’il voudrait pourtant voir scintiller en l’espace,
Dans la nuit qui l’oppresse, dans ce sombre horizon.
Un brin de fantaisie et enfin il dépasse
Les tourments quotidiens et part en déraison.
Espérance liquide, ou porte imaginaire
Vers un ailleurs plus gai, aux cent mille couleurs ?
Viens boire l’élixir, petit coup de tonnerre
A la vie qui sommeille en son lit de douleur.
Allez, viens avec moi, allons à la fontaine
Goûter un peu cette onde aux soins miraculeux.
Viens plonger dans cette eau qui n’est pas si lointaine :
Garde les yeux fermés, rejoins le fabuleux !
À présent que vous êtes sortie, je voudrais que vous cherchiez un monde à votre mesure. Un monde contemplatif où le temps laisserait aux hommes le temps de s'y aimer. Et si par chance, vous trouviez un jour un tel endroit, promettez- moi d'y conduire en pensée l'image d'un vieux juge, un vieillard fatigué d'arbitrer encore à la folie des hommes.
Vous êtes coupable Vickie! De tout ce que vous avez dit. Et plus encore d'aimer dans un monde qui n'aime plus. Vous vivez les choses trop grand et trop fort, le meilleur comme le pire. Vous croyez encore en la grâce de l'homme tandis qu'il se transforme en vampire prêt à tout pour survivre. En prison l'on essaie d'enfermer la haine des uns et la monstruosité des autres sans jamais y parvenir. Vous garder ici, Vickie, entre ces hauts murs, serait revenu à couper les ailes d'une colombe.
Voici bien longtemps déjà que l'on m'a conféré le droit de juger qui peut s'extraire des murs de nos prisons et qui doit y rester, figé dans la mélasse du temps et du désespoir. Le monde a changé Vickie. Je l'ai vu patiemment se disloquer sous les pieds d'un ogre mercantile, cynique et froid. Aujourd'hui, la violence a redoublé de coups et la mort n'est plus que ce mot de 4 lettres vide de tout son sens
Vickie,
Voici maintenant quelques jours que vous êtes sortie de prison. Le jury populaire a parlé et je crois qu'il a bien parlé. Et maintenant que le verdict est tombé, qu'il a fait de vous une femme libre, permettez-moi de vous adresser ces quelques mots..
"Me sentant sur le départ, il m’a conseillé de reprendre contact avec ma mère.
— Dites-vous l’essentiel, laissez la place au non palpable, posez-vous les questions qui vous tiennent à cœur, pardonnez-vous l’un l’autre et n’hésitez pas à vous embrasser. Nul n’est éternel. Le reste n’est que vanité". "J’ai repris tout doucement du service à la fin du mois de juillet, à l’heure où la masse salariale s’agglutine sur les routes du soleil"
"Me sentant sur le départ, il m’a conseillé de reprendre contact avec ma mère.
— Dites-vous l’essentiel, laissez la place au non palpable, posez-vous les questions qui vous tiennent à cœur, pardonnez-vous l’un l’autre et n’hésitez pas à vous embrasser. Nul n’est éternel. Le reste n’est que vanité". "J’ai repris tout doucement du service à la fin du mois de juillet, à l’heure où la masse salariale s’agglutine sur les routes du soleil"
Un seul "je" dans un texte où il faut écrire pour sa rédemption, c'est un sacré tour de force! Un texte concis, poétique et efficace force l'admiration des gens qui ne savent pas écrire "court". La progression par anaphore est redoutable, on est obligé de suivre chaque mouvement de pensée: plaider coupable, plaider coupable d'être victime, plaider victime donc innocent... Chapeau bas. On attend l'arrivée du procureur.
Une réthorique par le biais de l'anaphore très efficace, d'autant plus qu'elle appuie lourdement sur la culpabilité et sa conscience. Au delà de cette réthorique il y a ensuite un incroyable retournement de situation dans lequel le coupable se rend victime en dénonçant les failles de nos sociétés. Mais ce qui reste le plus efficace, c'est la sincérité des mots énoncés, ils sont entiers et incarnés... voyons ce que Fabien en dira, mais je trouve l'exercice très réussi. Bravo Vickie, défi relevé.
Monsieur Le Procureur, quel suspense toutefois avant cette levée d'écrou…
J'ai eu très peur que cette levée d’écrou n'ait jamais lieu et qu'ANL ne puisse jamais rentrer chez lui.
Où ça chez lui d’ailleurs ? Quelqu’un l’attend-il quelque part ?
S’il rentre quelque part, il est fort probable qu’il ne soit moins seul sur terre qu’il ne le pense. D’un probable carnet d’adresse ancien peuvent resurgir des contacts passés.
Sa vie fut si imprévue qu’il a probablement des enfants dont il ignore jusqu’à l’existence. Peut-être est-ce mieux pour ses enfants -s’il en a- qu’ils ignorent son existence dans les moindres détails. Au contact de ce genre de personne, moins on en sait, mieux on se porte.
En tant qu’intervenante dans les ateliers d'écriture de sa prison je vous remercie pour cette levée d'écrou qui a défaut de rendre la vie à tous les morts de cette histoire rendra à ANL la liberté de prendre ses responsabilités en toute lucidité.
Bien sûr, ce meurtre sera toujours plus odieux que ce que l'on voudra bien en écrire. Cependant, d’après son psychiatre, écrire pouvait lui éviter des ruminations anxieuses qui le pousseraient vers un geste suicidaire. Son risque suicidaire semble élevé même si les moyens létaux ont été écartés (notamment le miroir avec lequel il comptait se tailler les veines).
Rendre possible le récit de soi-même en prison est un défi : pour revivre hors les murs, il fallait qu'ANL puisse se raconter et ordonner le chaos qui l'habitait en une histoire avec un début, un milieu et une fin.
Le meurtre après la sidération qu’il décrit a eu la force d’une bombe à retardement. L’homicide a éclaté sa conscience en mille morceaux où reviennent sans arrêt la tête du mort, les phrases de son Carmelo, les discours de ses frères comme les éclats d’un miroir brisé. Je trouve son âme brisée. Il débite l’ensemble de ses souvenirs d’une voix si rapide que l’on peine à suivre le fil de son histoire. Quant au milieu carcéral, on peut dire qu’il lui a ôté ce qui lui restait de force de vie.
Ce petit mot pour vous dire qu'après avoir joint à la lettre d'ANL le courrier de son psychiatre, j'étais extrêmement inquiète pour lui.
Je suis A.E. Myriam et j'interviens comme bénévole dans l'atelier qu’il évoque à la fin de sa lettre. Mon rôle de volontaire au sein de l’association L***C**** consiste à aider les détenus à se réinsérer dans la société. Par ma formation initiale, je les aide surtout dans leur rapport à l’écrit : CV, lettres, club lecture. Certes, aider ANL à mettre en forme cette lettre ne fut facile, ni pour moi, ni pour lui : il fallait l'aider à accoucher d'un récit pour placer des mots sur l’horreur. Si l’on veut, on peut appeler cela accoucher de la vérité. Quoi qu’il en soit, ce travail, comme celui de l’enfantement est parfois si douloureux que les gens préfèrent se mentir à eux-mêmes pour survivre. Qui voudrait de la vérité au prix de la folie ?
Salut,
Juste un petit mot en passant pour te dire que j'aime beaucoup ce texte écrit d'une si belle écriture si personnelle.
Te dire également que:
- je voulais t'envoyer un mp mais ça ne marche pas (sur mon profil tu as ma page facebook si tu veux)
- je voulais lire ton texte "Vincent" mais il est interdit aux moins de 18 ans....or comme ma date de naissance l'indique, j'en ai....40! Donc ça ne marche pas lol!
A bientôt
Vickie
J'aime beaucoup cette sérénité de l'aurore avant que la journée ne commence vraiment, regarder l'aube pleine de promesse en s'éveillant. Cette impression-là, je la trouve condensée dans "Ce matin, le givre étincelle dans les prés/Je savoure ma première tasse de café". Autant dire que je n'ai pas senti venir le cri. Je le trouve beau et je l'aime ce cri, il est plein d'empathie.