Ismahane, mon amour 2

          En sortant du cabinet de son médecin, elle ne trouva pas sa voiture, erra vainement au gré du parking et choisit d’appeler un taxi. Elle ne l’admettait pas rationnellement, mais elle se sentait perdue sur ses jambes qui subitement avaient changé de matière. Elles étaient en coton désormais et totalement flageolantes. Elle venait de perdre sa mère après des années de démence et d’alitement. Son premier mari - qui resta cloué sur une chaise roulante une quinzaine d’années, avec des pics suicidaires lourds - tira sa révérence juste après. Son second mari errait sur la plage avec un boulet dépression des plus difficiles à contrer. Il frisait la schizophrénie et hurlait comme un forcené à la moindre approche familiale ou amicale.  Si elle s’occupa du mieux qu&rsqu…

Le temps des cauchemars....

Mes maux certes n'ont aucune importance, toutefois membre d'une communauté où les mots ont un sens pour le peuple, c'est un devoir de saluer le Peuple des mots. Des nouvelles de France, je viens d'apprendre la libération d'un illustre détenu :  Georg…

Ismahane, mon amour

      Chapitre 1.   Quand elle alla voir son médecin de famille, elle n’avait en tête que la cinquantaine qu’elle venait d’atteindre - et il faut le dire, une très belle cinquantaine. Elle s’était dit, que cette fois-ci, elle allait s’offrir un bilan complet de santé et une exploration minutieuse de l’anus à l’œsophage. Il y a un âge où il faut dire les choses crûment et cela n’avait jamais posé de problème pour elle. Elle était combative, insolente et forte. Et elle jouissait d’une excellente santé.   Doc, lui dit-elle, je veux repartir de chez vous avec de nouveau la trentaine. J’ai des tas de choses à faire et pas mal d’hommes à aimer.   Elle aimait l’amour, les histoires rocambolesques, les remous inhérents à leurs déploiements, leurs naissances, leurs acmés et invariablement leurs chutes hautes en couleurs.  Elle avait un très beau visage moucheté, une éclatante carnation de rousse, de petits yeux verts expressifs et pétillants, une bouche pulpeuse et un sourire lumin…

Passeport en larmes

Elle c’est le petit loup – on dit P’tit loup – et lui, c’est lui. Ce soir c’est un peu nerveux dans leur vie. Un peu anxieux. C’est parce qu’ils vont devoir se quitter. Oh, pas pour longtemps, cinq ou six jours. Non, sept. Sept jours ne c’est pas long. Mais c’est long quand même. Elle a l’estomac serré et ça se voit. Lui, le voit. Il le sent simplement parce qu’il est aussi perdu à l’idée de la séparation. Sept jours, il a déjà compté en heures, ça fait 168 heures, quand on compte en heures ça paraît moins long. Mais surtout c’est six nuits loin d’elle, loin de son corps dans le lit, le lit où il se glisse alors qu’elle est déjà dormante, et où il ferme les yeux dans la chaleur rassurante. C’est un vieux couple d’amoureux. Ça ne s’explique pas. Il n’y a…

J'aimerais retrouver les mots

J'aimerais retrouver les mots d'autrefois, cette candeur qui pouvait briser les regards morts, ces jours où je me sentais invincible, cet état nouveau, la physique d'un monde infini.   J'aimerais me dire que vous m'avez connu heureux mais ce n'est …

CHOU

Il s’appelle Chou Comme le meilleur Car son âme sent le jasmin Le pays dont il vient Je l’appelle Chou Grand éloquent  Il les met tous KO  Premier round Ils l’appellent Chou Humble il ne dit rien Juste un mot Quand il faut Puis se taire …

Citron pressé

Citron pressé       L'amour est compliqué Je dois le dompter Il n’y a pas de temps Love est comme le vent   L’amour c'est complexe Dans l'esprit dans ton coeur Quand il n’y a pas de temps On devient tourmenté   Au début, c’est doux com…

Petit extrait de "Madame Bovary".

Flaubert, qui ne manquait pas de lucidité, à propos du chanteur d'opéra, Edgar-Lagardy, lors d'une représentation à Rouen. Mr et Mme Bovary y sont spectateurs. "Le cabotin diplomate avait même soin de faire toujours glisser dans les réclame…

Les contemplations, de Victor Hugo

Publié en 1856, Les Contemplations est un recueil poétique majeur de Victor Hugo. Divisé en deux parties — « Autrefois » et « Aujourd’hui » —, il mêle souvenirs personnels, amour, deuil (notamment celui de sa fille Léopoldine), réflexion sur la nature, la foi, et le sens de la vie. Une œuvre intime et universelle.

Cymophobie naissante

J’ai failli me noyer à peu près à l’âge de l'enfant dont je parle ici. J’étais passé par-dessus bord d'un bateau pneumatique tandis que mes grands-pères, censés me surveiller, étaient occupés à regarder les seins nus qui débarquaient alors sur les pl…