Forge d'airain

Comment tremper le temps dans un bain de jouvence Et creuser dans la nuit des gouffres au crayon Qui traversent la mer sur le bout d'un hayon Jeté par jour d’orage avec impertinence ?   La terre caressant les ombres de l’absence Repousse de son…

Oh ! Un humain !

La terre craquait. Mes pattes pressaient de plusieurs tonnes le sol asséché et fissuré. Il ne pleuvait pas depuis des semaines et l’eau venait à manquer. Même si la réputation des rhinocéros de charger sur tout ce qui bouge me précédait, je n’étais p…

Chère maman

Chère Maman, Je sais, je n’écris pas souvent, mais je voulais te tenir au courant de ce que nous avons fait. Dès ton départ, nous avons offert à ceux qui en avaient le plus besoin, toutes tes affaires et tes meubles, sauf le manteau de fourrure q…

Girandoles d’agate

En regardant la mer avaler l’horizon Le marin effrayé par le bruit de l’écume Enfonce un premier cri dans le fer d’une enclume Dont la peau de satin exhale du poison.   Une mousse de cire au bout d’un long tison Coule comme du miel enrobé de bi…

Rayon de sable blanc

Ce toit drapé d’ardoise où se baigne la lune Plonge tout l’univers dans la sérénité Dont les anges de Dieu répandent la beauté Sur les tombes de marbre et la fosse commune.   Des branches d’olivier repoussent sans rancune Les griffes de l’absen…

Ainsi parlait Zarathoustra, de Friedrich Nietzsche

Lorsque Zarathoustra eut atteint sa trentième année, il quitta sa patrie et le lac de sa patrie et s’en alla dans la montagne. Là il jouit de son esprit et de sa solitude et ne s’en lassa point durant dix années. Mais enfin son cœur se transforma, — et un matin, se levant avec l’aurore, il s’avança devant le soleil et lui parla ainsi : « Ô grand astre ! Quel serait ton bonheur, si tu n’avais pas ceux que tu éclaires ? Depuis dix ans que tu viens vers ma caverne : tu te serais lassé de ta lumière et de ce chemin, sans moi, mon aigle et mon serpent. Mais nous t’attendions chaque matin, nous te prenions ton superflu et nous t’en bénissions. Voici ! Je suis dégoûté de ma sagesse, comme l’abeille qui a amassé trop de miel. J’ai besoin de mains qui se tendent. Je voudrais do…

Fragments de Pschent

Par miracle le temps entoure de secrets Les temples éternels construits dans la vallée Où les rois ont régné dans l’étrange assemblée D’une foule de dieux disparus sans regrets.   Les taches de la nuit et l’or des minarets Ont rongé le silence …

Givre de mots

  Près de la mer du nord où pèse la grisaille Une hutte de bois aux couleurs de l’été Câline des oiseaux nourris à volonté Par le vent bousculé comme un reflet d’écaille.   Du ciel dégoulinant d’un morceau de ferraille Viennent des cris de joi…

Averse

  La pluie tombait, si dense qu'il était impossible de déterminer si elle jaillissait du sol ou descendait du ciel. Il n'y avait, est-il besoin de le dire pas âme qui vive. Cette impression de désert était accentuée par le fait qu'aucune lueur ne br…

Couleurs d'un souvenir

Dans un éclat de glace où fond un bout d’éclair Le visage d’un ange a réjoui le monde D’un sourire pesé au poids d’une seconde Qui coule à l’horizon comme un fil de mohair.   Des bulbes d’iris blancs dans une bulle d’air Gonflent leur ventricul…