En fait je remets ce commentaire aussi
Je l’ai presque fini.
Ce livre est bouleversant. Ce qui me frappe, c’est qu’il est écrit avec finesse et humilité, sans haine ni vengeance. C’est cela qui me touche le plus. Moi qui suis très sensible, je dois faire des pauses pour sécher mes yeux.
It’s beyond imagination ce que l’être humain est capable de faire. J’ai en tête les documentaires comme Apocalypse, et, en contraste, ces jeunes influenceurs qui se prennent en photo devant Auschwitz. Ce manque de respect est effrayant.
Comment l’indifférence a-t-elle gagné à ce point, effaçant l’empathie et la compassion ?
C’est une autre forme de déshumanisation : plus rien n’a de valeur, les souvenirs sont massacrés par l’ignorance.
J’ai envie de crier : stop ! Arrêtez tout ! Revenons à l’humanité, la vraie.
Bonjour très cher Mich, j’avais lu ton précédent commentaire sur lequel je te rejoins pleinement car moi aussi j’ai été déstabilisé sur le fait que ce livre m’a plus impacté que certains films que j’ai pu voir. Comment ce livre a-t-il pu avoir plus d’impact que des films dont les images se suffisent pourtant à elles-même ? J’ai d’abord eu honte d’avoir eu ce ressenti et cette pensée, puis j’ai fini par en comprendre la raison, et ce faisant d’analyser en quoi ce livre de Primo Lévi est particulièrement puissant. Les films et documentaires abordent la shoah sous le prisme d’un contexte (social, géopolitique etc…), d’une idéologie et d’un régime qu’est le nazisme, dont finalement le livre ne parle que très peu… Primo Lévi dit d’ailleurs qu’il a très peu croisé de nazis dans le camp, tout était quasiment autogéré par d’autres qu’eux-même. Il y avait la menace et la peur au-dessus, mais c’était bien le système et l’organisation mise en place qui administrait le quotidien des victimes des camps de concentrations, dont ces mêmes victimes de par leur travail permettait de faire tourner. Primo Lévi dans son livre nous raconte les conséquences plus que les causes, et ce qui est puissant et bouleversant, c’est que cela renforce cette vérité terrifiante, c’est que c’est l’humain qui est capable d’une telle atrocité, et que l’organisation dans laquelle s’inscrit cette atrocité, peut avoir raison de toute rébellion, et en cela je trouve aussi que cette seconde édition incluant les annexes en fin d’ouvrages sot aussi importantes à lire. Ce témoignage est celui d’un homme primo Lévi, qui nous permet d’accéder à ses ressentis (comme d’emblée l’extrait que j’ai cité concernant l’eau des radiateurs et le supplice qu’est la soif). On est embarqué en tant qu’humain, dans un système élaboré par d’autres humains. En traitant beaucoup plus des conséquences que des causes, Primo Lévi bouleverse car il nous fait prendre place dans une machinerie diabolique dans laquelle on peut perdre totalement sa dignité et l’esprit de révolte, ce qu’il explique très bien comme je le disais en annexe. A la fin des films et documentaires que j’avais vu auparavant, j’en étais resté « à l’horreur perpétré par les nazis » et en sortant de ce livre le vertige effarant de se dire que c’est bien les hommes qui ont perpétré à bien des égards et à bien des niveaux toute cette horreur, et que par conséquent ce n’est pas du retour du nazisme que nous devons craindre, mais bien du retour de tous les éléments qui ne portent pas ce nom, tristement humains, qui peuvent être reconduits… et c’est ainsi que de nombreux génocides se sont reconduits depuis, alors que résonnait juste après le traumatisme de cette seconde guerre mondiale « plus jamais ça ». On peut avoir vu beaucoup de films et de documentaires qu’il faut bien évidemment voir, mais ce livre de Primo Lévi doit être également lu.
J’ai terminé Si c’est un homme de Primo Levi.
Je suis bouleversé. Ce livre est d’une force incroyable.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’écriture : il y a une finesse, une retenue, presque de la douceur. Primo Levi ne parle pas avec violence ni avec rancœur, il ne cherche pas la vengeance. Il témoigne. Il raconte l’horreur comme on raconte une vie, avec une précision simple et juste, comme si c’était “dans l’ordre des choses” à ce moment-là.
Et c’est cela qui bouleverse : l’inhumanité des camps est décrite sans emphase, mais avec une humanité profonde. On sent une volonté de vérité, de mémoire, sans haine.
C’est lourd à lire, et pourtant c’est écrit avec une clarté incroyable. Un livre essentiel, qui reste en soi longtemps.
S'habituer à ses douleurs est un risque car on peut y trouver un réconfort, ce qui contribue à accentuer la peur quand le bonheur se présente. Pourtant, au fond, il est désiré. Ce qui crée un conflit, donc une souffrance supplémentaire malheureusement.
Merci Léo pour ce magnifique commentaire dont tu m'honores. Le voyage est le second grand thème de mon écriture et j'ai eu la chance dans ma vie de beaucoup voyager. De Bangkok à Berlin, de Londres à Délos, de New York à Marrakech, ma vie s'est écoulée sur un tapis volant enchanteur et magique. Comme Proust je me suis vite rendu compte que le voyage est un désir et qu'il est nécessaire à notre amour comme une femme dont la réalité nous ensorcelle. Les lieux que l'on désire voir sont indissociable de notre envie. Ainsi ma passion pour Venise naquit en moi autour de douze ans. Pour entrer dans Venise à travers cette passion, j'avais demandé à l'office du tourisme de m'envoyer un plan de Venise, et ainsi, je passais des heures à contempler ce plan sur lequel les grands palais, les églises et les ruelles étaient dessinées dans de petites vignettes colorées dont la beauté me fascinait. Bien plus tard, à l'âge de vingt ans, lorsque je suis allé à Venise pour la première fois, tout me semblait intact, et semblable en tous points à cette Venise de papier qui m'avait hanté. Je reconnaissais mon rêve dans chaque église, sur chaque pont et surtout dans la couleur de son ciel. Je possédais en moi cette ville enchanteresse. Ce n'est que bien plus tard que Venise fera son apparition dans le Voyage bleu, parce que je ne pouvais pas la partager en dehors de la littérature, tellement sa précieuse présence était inséparable de la création. Proust m'avait appris qu'on voyage par désir comme on aime par désir. Voilà une bien longue confession...Merci Léo pour toute l'attention que tu portes à mes textes et pour ton indéfectible amitié. A plus tard, mon ami. Francis-Etienne. L'éternité s'éteint au bout d'un quai de verre qu'un souffleur a jeté sur le bord de la terre.
Cher Leo merci beaucoup encore une fois pour ce magnifique commentaire et l'enthousiasme de ta lecture. La matière de la poésie touche tous les sens, mais c'est à travers les mots que l'on ressent ce contact avec le texte. Pour travailler l'exactitude et la précision de l'emploi des mots le poète doit chercher dans l'univers de la langue les images immergées dans chacun des mots, comme si le son ou l'image appelée par le sens et le son pouvait constituer un réservoir de nouvelles couleurs dont le language non-poétique aurait du mal à définir la silhouette. Ainsi, bien entendu la richesse ou la pauvreté descriptive du mot est essentielle à la construction de la sensation et de l'émotion. Le lecteur n'aura pas le même rapport esthétique avec le mot cristal qu'avec le mot fer. Le poète est un mélangeur de couleurs, un violoniste de la langue, un pionnier de l'audace littéraire. Merci encore de tout cœur, cher Léo pour tant de joies et de plaisirs à lire tes remarques et à y répondre. A plus tard Francis-Etienne. La masure des jours abrite sous son toit Des galons de brocard qui vivent à l'étroit.
L’inaptitude au bonheur, comme une malédiction difficile à conjurer… et pourtant, à ne pas renoncer il se pourrait bien qu’il soit possible de lui faire une petite place qui ne demandera qu’à prospérer par la suite. A plus tard loscrivo.
Les sensations au rendez-vous dans ce nouveau trés beau poème à contempler sans modération. Que ce soit à travers les températures, les odeurs, le goût, un souffle des plus créatifs qui honorent les sens. A plus tard Francis-Etienne.
Quelle magnifique idée que ce voyage au bord d’un mot. De ceux qui permettent de sentir et ressentir, ou qu’ils soient vertigineux et aériens, d’autres encore incandescents et sacrés… lorsque ta poésie leurs rendent un bel hommage, à chaque fois qu’elle s’exprime avec sincérité et générosité. Bonne nuit très cher Francis-Etienne.
Bonjour cher Léo,
Toundzy, une île, où une rébellion contre le gratuit et l'insupportable a éclaté ... Un acte d'une violence froide contre un tyran. Et puis, on diligente les professionnels, comme toujours, après coup ... Et les femmes vont parler, des imbroglios ... La violence engendre toujours la violence. À suivre.
Merci de lire et de commenter. J'ai d'abord mis un lien qui redirige vers mon blog, mais je me suis rétractée. C'est inélégant :)) Sauf si j'ai ton accord.
Bonsoir Sam, ton texte commence par une voix off qui plante la cruelle réalité presque quotidienne de trop nombreuses femmes obligées de fuir pour ne pas succomber sous les coups ou sous l’emprise d’hommes violents. Et il s’incarne juste ensuite par le « je » qui éclaire un milieu que peu connaissent, les mots en précieux alliés. Ce « je » est très courageux car il fait face et raconte. Bravo et à plus tard Sam.
Une entrée lumineuse et mystique, puis un glissement vers la blessure jusqu'une chute sombre et collective alimentant ce que les hommes font tristement, la guerre. Tu as ce talent de parvenir à faire faner jusque la lumière, de ne jamais durablement maintenir les illusions inutiles. Ce faisant, de sublimer la beauté éphémère que l’on aurait souhaité éternelle. Grand bravo Francis-Etienne.
J'aime bien ce texte. Il n'y a pas de remplissage. Et puis au début, j'ai cru que l'auteur était une autrice. J'ai ensuite compris pourquoi. Rien que ce point a rendu la lecture plus intéressante. ;-)
Merci beaucoup Lucie. Votre analyse est bonne. J'ai conceptualisé cet amour comme une force de la nature devant laquelle on est impuissant comme devant un tsunami. Grandiose et terrifiant mais somme toute naturel.
Salut, merci pour le tips 😊. Je n'avais pas pensé à la figure de Méduse mais ça marche très bien. "Elle ferais palpiter le cœur d'une statue". J'aime beaucoup le concept, d'appliquer le mythe de Méduse au transport amoureux. Il y a un coté Baudelairien avec la référence à la mythologie grec et le coté amour/mort, beauté/serpent.
Monsieur Proust de Céleste Albaret a été publié chez Robert Laffont. Il reprend son témoignage oral par écrit. Effectivement on le retrouve aussi sur Youtube. À plus tard Léo !
Triple merci Lucie : pour ton retour, pour ta référence quant à l’ouvrage de Jacqueline Harpman et le rappel du témoignage de Céleste Albaret, que je vais essayer de retrouver et écouter ce week-end, il serait sur YouTube apparemment. A plus tard.
Léo, tu as su saisir ce qu'était Proust, entre ses vives émotions, son amour pour la musique, et ses très longues phrases. Je le connais très bien, ma mère est fan. Concernant son œuvre j'ai lu une approche psychanalytique, celle de Jacqueline Harpman, mais elle me laisse dubitative. Ne se limiter qu'au rapport entre l'enfant et ses parents et la sexualité est bien dommage. Le petit Marcel a besoin d'être rassuré par sa mère, cela passe par le baiser lors du coucher, mais de là à dire qu'il cherche à être rassuré parce qu'il a fait une bêtise d'ordre sexuel me paraît tordu... Je trouve plus intéressant le travail de Proust sur son rapport avec ses origines juives. Mais que dire de Monsieur Proust, écrit par sa gouvernante Céleste Albaret ! C'est émouvant, autant sur l'extrême pudeur de l'auteur que sur son lien avec elle. On sent une certaine complicité qui est belle à voir. J'en recommande la lecture si vous voulez en savoir plus sur Proust.
Le texte est vraiment bien, on sent l'impuissance dans cette emprise dont il est difficile de se défaire. Le rythme contribue à la rendre hypnotique. Cette emprise n'est pas forcément malsaine, elle est aussi amoureuse il me semble. Merci pour ce joli poème Plutus !
Les épreuves de la vie ne sont pas faciles mais elles se révèlent nécessaires quand on en tire des leçons. J'aime bien le "choc dégénération". On sent un décalage entre soi et ce qui nous entoure, ce qui rend la vie infernale, elle qui n'est pas un long fleuve tranquille.