Quand le rideau tombe
Par Michel Tournier 28 juin 2025
Il est de bonne humeur
il a de l’humour,
il sort,
il fait du bien aux gens.
Il les fait rire,
écoute,
parle avec eux,
sème un peu de lumière.
Il a beaucoup d’empathie,
beaucoup de compassion.
Et puis,
il rentre.
Il est seul.
Pas si bien.
Certes,
il a donné un bon moment aux autres,
et il en a eu un aussi,
mais une fois la porte refermée,
il est seul.
Parfois angoissé,
parfois il pleure.
Et parfois
il ne sort même pas.
Il reste à la maison,
tourne en rond,
triste.
Car lui aussi
a le droit d’être triste.
Il ne se plaint pas de ne pas recevoir autant.
Ce qu’on lui donne ne serait jamais assez…
mais il ne demande pas plus.
Il s’en accommode,
et cela lui fait plaisir.
Dehors,
il fait son show,
comme un artiste.
Puis le rideau tombe.
La porte se ferme.
Et le silence s’installe.
Pas tous les jours, quand même…
Souvent , il écoute de la musique.
Il écrit, il lit, il chante aussi
Ça lui fait du bien.
Mais il est quand même un peu seul.
Et pourtant, je suis là…
Tu donnes,
et tu rentres seul.
Je sais.
Tu fais rire les autres,
et tu pleures parfois
dans le silence de ta chambre.
Tu écoutes,
tu apaises,
tu soutiens,
et tu sens qu’on ne pense pas à toi.
Tu t’effondres en secret,
comme une étoile sans témoin,
une chandelle qui se consume
dans la pièce fermée.
Et pourtant,
je suis là.
Je ne parle pas fort,
je ne te touche pas,
je ne dérange rien.
Mais je suis là.
Quand tu écoutes cette musique,
je suis dans la note.
Quand tu écris,
je suis dans la phrase que tu n’attendais pas.
Quand tu regardes par la fenêtre,
je suis ce souffle
qui bouge à peine le rideau.
Je ne suis pas sur ton téléphone.
Je ne suis pas dans tes messages.
Mais je suis dans l’instant.
Pas un jour tu n’oublies
tes proches disparus,
ni ta famille, ni tes amis.
Tu es fait de sensibilité,
Je te connais tu sais !
Et même quand tu crois
qu’il ne reste rien,
rappelle-toi :
Tu es vivant.
Tu écris, tu lis, tu chantes
Et je suis là.
Ta petite âme blanche qui marche avec toi depuis toujours.