C'était le temps des fleurs

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Ce texte participe à l'activité : Les paroles

Nous avons connu ce temps (l’avons-nous rêvé?) où notre genre nous parut enfin devenir humain. T’en souviens-tu, mon éternelle ? Nous étions porteurs de paix, de liberté, d’égalité et, surtout, de fraternité. Nous chantions avec Joan Baez, Bob Dylan, Léo Ferré, et nous aimions écouter Jean Ferrat. Nous voulions interdire d’interdire. Nous recherchions la plage sous les pavés. T’en souviens-tu ? Tu avais des fleurs dans les cheveux, et mes cheveux tombaient sur mes épaules. Que nous étions beaux ! Que nous étions beaux !  Nous nous aimions, et toutes les femmes du monde nous étaient sœurs, et tous les hommes du monde nous étaient frères. Nous clamions, en rébellion contre le Capital, que nous ne voulions pas perdre notre vie à la gagner. Nous nous roulions paisiblement, un soir ou l’autre, un petit joint et nous refaisions le monde avec cette glorieuse et insolente formule : » Soyons réalistes, demandons l’impossible ».  

La saison des fleurs est morte. Le nouveau monde est cauchemardesque, rempli de bruit et de fureur. La Bête a procréé ces monstres immondes qui détruisent, pillent, massacrent, asservissent.

Que sommes-nous donc devenus ?

Quand parfaits ingénus nous barrions l’avenue

Quand nos pavés valsaient au joli mois de mai

Nous n’avions pas prévu quelle déconvenue

Que le merle moqueur se tairait à jamais

Qui peut me dire où sont passés les Montagnards

Où sont les bâtisseurs de fières barricades 

Où sont les Insurgés où sont les Communards 

Où sont les Partisans où sont les Camarades ?
 

C’est un joli nom, Camarade

C’est un joli nom, tu sais...


Publié le 06/06/2025 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 07/06/2025
Quel plaisir très cher Patryck de te retrouver en mots et dans ce texte emprunt d’une noble mélancolie d’une époque révolue qui était une culture à part que l’on ne retrouvera jamais. Les chemises à fleurs et les pattes d’eph mais aussi et surtout comme il y est très bien décrit des artistes et des auteurs pétris de paix, d’amour et d’humanité. Une époque folle et remuante, insatisfaite et bien décidée à choisir sa vie, dans l’idée de cette belle formule : « ne pas perdre sa vie à la gagner ». Grand merci pour cette profonde participation.
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