Les banlieues érogènes - bande annonce

l Il y a lui, il y a elle et lui. Il est parfois chômeur et parfois il turbine. Elle est souvent belle. Il est dans un bar ou bien il attend dans un hall de gare. Ou encore il rêve dans un avion de retour vers Paris. Parfois il est aveugle et d’autres fois c’est elle. Ils sont sous la pluie. Il ne la voit pas, elle est trop belle. Ils sont dans les villes, le cœur dans le béton, seuls dans les aérogares. Et il dit :   « J’arriverai avec mes valises sous les yeux, au bout de la nuit longue comme un dernier soupir de kérosène. J’arriverai avec mes valises sous les yeux, et tu seras là, dans la torpeur blanche de ton sommeil fracturé, derrière la vitre à Paris-Roissy. » Et il est planté là, avec son désir en zone internationale. Et elle, elle se désespère. Elle bat la semelle comme on bat du cœur dans les bistrots solitaires. Ça se passe quelque part dans la nuit, dans les découpes des périphéries, près des grands échangeurs vides, luisants et noirs d’un chagrin qui sent l’asphalte. …

Tache de brume

Sous un coussin de sable où repose la nuit Des guirlandes de ciel bordent de leur dentelle Les étoiles d’un monde orné d’une étincelle Que le soleil frileux de son amour bruit.   Une écharpe de sang au creux d’une ombre luit Comme un puits de c…

Forge d'airain

Comment tremper le temps dans un bain de jouvence Et creuser dans la nuit des gouffres au crayon Qui traversent la mer sur le bout d'un hayon Jeté par jour d’orage avec impertinence ?   La terre caressant les ombres de l’absence Repousse de son…

Oh ! Un humain !

La terre craquait. Mes pattes pressaient de plusieurs tonnes le sol asséché et fissuré. Il ne pleuvait pas depuis des semaines et l’eau venait à manquer. Même si la réputation des rhinocéros de charger sur tout ce qui bouge me précédait, je n’étais p…

Chère maman

Chère Maman, Je sais, je n’écris pas souvent, mais je voulais te tenir au courant de ce que nous avons fait. Dès ton départ, nous avons offert à ceux qui en avaient le plus besoin, toutes tes affaires et tes meubles, sauf le manteau de fourrure q…

Girandoles d’agate

En regardant la mer avaler l’horizon Le marin effrayé par le bruit de l’écume Enfonce un premier cri dans le fer d’une enclume Dont la peau de satin exhale du poison.   Une mousse de cire au bout d’un long tison Coule comme du miel enrobé de bi…

Rayon de sable blanc

Ce toit drapé d’ardoise où se baigne la lune Plonge tout l’univers dans la sérénité Dont les anges de Dieu répandent la beauté Sur les tombes de marbre et la fosse commune.   Des branches d’olivier repoussent sans rancune Les griffes de l’absen…

Ainsi parlait Zarathoustra, de Friedrich Nietzsche

Lorsque Zarathoustra eut atteint sa trentième année, il quitta sa patrie et le lac de sa patrie et s’en alla dans la montagne. Là il jouit de son esprit et de sa solitude et ne s’en lassa point durant dix années. Mais enfin son cœur se transforma, — et un matin, se levant avec l’aurore, il s’avança devant le soleil et lui parla ainsi : « Ô grand astre ! Quel serait ton bonheur, si tu n’avais pas ceux que tu éclaires ? Depuis dix ans que tu viens vers ma caverne : tu te serais lassé de ta lumière et de ce chemin, sans moi, mon aigle et mon serpent. Mais nous t’attendions chaque matin, nous te prenions ton superflu et nous t’en bénissions. Voici ! Je suis dégoûté de ma sagesse, comme l’abeille qui a amassé trop de miel. J’ai besoin de mains qui se tendent. Je voudrais do…

Fragments de Pschent

Par miracle le temps entoure de secrets Les temples éternels construits dans la vallée Où les rois ont régné dans l’étrange assemblée D’une foule de dieux disparus sans regrets.   Les taches de la nuit et l’or des minarets Ont rongé le silence …

Givre de mots

  Près de la mer du nord où pèse la grisaille Une hutte de bois aux couleurs de l’été Câline des oiseaux nourris à volonté Par le vent bousculé comme un reflet d’écaille.   Du ciel dégoulinant d’un morceau de ferraille Viennent des cris de joi…