La danseuse sur son fil, fixant des yeux l'horizon, court sur ses pas agiles, récitant sa partition.
Le pied, le pied ! Elle dérape, son coeur bat de l'aile, sur le sol sombre sa tête frappe. Dans le noir précipice chute l'hirondelle.
Au réveil elle est un peu sonnée, couverte d'hurlantes égratignures, mais vite ! Il faut se relever. Ses mains agrippent les pierres du mur
et elle se met à grimper. Une main se décroche... de justesse elle parvient à se hisser, remontant au son de son corps râpé par la roche.
S'ouvre à nouveau le bleu infini que la façade découpe avec ses dents, la lumière entre, ses yeux sont éblouis : la chaleur du jour ! Il n'y en a plus pour longtemps.
Enfin elle se soulève en haut, à la frontière, et, tremblante, y pose à nouveau son pied, entre le ciel et la terre, pour se remettre, où elle était tombée, à danser,
encore et toujours danser au milieu du monde et du vide, à sans cesse recommencer avec le regard figé au loin, intrépide.
Lucie R.
(Le texte n'est pas libre de droit.)