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Ismahane, mon amour 2
Chapitre 2

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En sortant du cabinet de son médecin, elle ne trouva pas sa voiture, erra vainement au gré du parking et choisit d’appeler un taxi. Elle ne l’admettait pas rationnellement, mais elle se sentait perdue sur ses jambes qui subitement avaient changé de matière. Elles étaient en coton désormais et totalement flageolantes.

Elle venait de perdre sa mère après des années de démence et d’alitement. Son premier mari - qui resta cloué sur une chaise roulante une quinzaine d’années, avec des pics suicidaires lourds - tira sa révérence juste après. Son second mari errait sur la plage avec un boulet dépression des plus difficiles à contrer. Il frisait la schizophrénie et hurlait comme un forcené à la moindre approche familiale ou amicale. 

Si elle s’occupa du mieux qu’elle pouvait des deux premiers, avec celui-ci, elle ne fit rien : trop borderline et sa capacité à dominer tout le monde pouvait prendre un coup sur la tête.

Elle savait et aimait jouer les premiers rôles. Si elle détruisait ses ex, elle s’en occupait une fois en loques et s’en enorgueillissait auprès de ses proches.

 

  • Je ne lâche pas les miens, moi ! Après tout, on s’était aimé !

 

En arrivant chez elle, elle avait l’esprit tellement confus qu’elle oublia le programme qu’elle s’était concoctée pour le reste de la journée.

 

  • Qu’avais-je prévu déjà ? se disait-elle en boucle.

 

Quand le téléphone sonna, son amoureux du moment lui demanda si leur rendez-vous tenait toujours et elle dit oui machinalement. Il se présenta quelques trente minutes après et elle se dit qu’il devait rôder dans les parages. 

 

  • Alors, des sushis, des fromages, une bonne bouteille fraîche et de la tarte aux pommes ! On s’aime d’abord ou on se sustente ? lui dit-il en l’enlaçant fébrilement.
  • Viens, lui dit-elle. Aimons-nous comme des malades.

 

Et ils s’aimèrent comme des quinquas désireux de ne pas perdre une miette de vie. Elle savait gommer ce qui faisait barrage à l’épanouissement du corps, qu’il soit vrai ou feint. En son for intérieur, dans sa déroute du matin, dans le tumulte de ses voix intérieures, elle consentit à admettre que son médecin était un incompétent et qu’il fallait le changer par un plus averti. Cela la libéra d’une angoisse qui lui serrait la poitrine et lui obscurcissait le cerveau. Ce qui lui permit de s’adonner à sa passion de toujours : l’amour des corps et l’ensorcellement de l’autre. 

 

  • Quelle fougue ! lui dit-il. Comment fais-tu ?

 

  • J’aime aimer, j’aime l’amour.

 

  • Mais entre nous, c’est physique. C’était notre accord.

 

  • Et c’est de la performance. L’amour de la performance !

 

  • Tu es exceptionnelle, aujourd’hui.

 

C’était la phrase de trop.

 

  • J’ai laissé ma voiture dans un parking pas très loin d’ici. Pourrais-tu aller me la chercher, lui demanda-t-elle ? d’une voix à peine audible. 

 

Il la regarda surpris par un quelque chose d’inexpliqué dans sa voix qui survint subitement.

 

  • J’irai, mais mangeons d’abord. Et aimons-nous de nouveau, lui proposa-t-il.

 

  • Je n’ai pas très envie de manger, lui dit-elle, avec une grande lassitude.

 

  • Qu’est-ce qui ne va pas ? Je n’ai pas été à la hauteur de tes attentes. 

 

Peut-être, suis-je arrivée à l’heure du départ … À l’heure du chantage ontologique ? se dit-elle, au fin fond d’elle-même. 

 

  • Mange et viens. J’ai un autre scénario corporel à te proposer, lui dit-elle, en raffermissant sa voix et en dessinant sur ses lèvres ce sourire charmeur de sa création qui mettait bon nombre d’hommes à ses pieds.

 

 

 

Publié le 18/07/2025 / 2 lectures
Commentaires
Publié le 18/07/2025
Oupss le chapitre 2 est posté dans un « autre livre ». Il faut ouvrir le mème projet et ajouter à la suite. Il est possible d’ajouter des chapitres de les supprimer et même d’en insérer.
Publié le 18/07/2025
Bonsoir Léo, je le ferai. Désolée ! Amitiés, Sam
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