L’arôme opiacé de ma folle raison
Avait tant su m’emplir et créer l’embolie
Qu’elle en perdit son souffle et son exhalaison,
Ne laissant que l’odeur de la mélancolie.
Ce parfum désuet, ce reflet suranné,
Fomentait en mon cœur un dessein hermétique.
Et ce pétale vieux, diaphane et fané,
Ne voilait plus alors qu’un esprit cathartique.
Tout fut précipité puis tout fut différent :
J’allais sans loi, sans but, j’étais l’anachorète,
J’allais sans contingence à devenir errant,
Et pourtant, ce jour là, je quittai ma retraite.
Un écho de clarine éveilla la vigueur
De mon corps haletant. Ce fut la transhumance :
Je descendis, serein, le pas plein de langueur,
En tintinnabulant vers la vallée immense.
J’aspirais tant à voir par delà les sommets,
Mais j’étais le myope à rêver du presbyte.
Quand disparut l’effluve aux fabuleux fumets,
L’anachorète enfin devint un cénobite.