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Cet Été-là, il pleuvait des robots… Bizarre, non ?
8 Juillet 2058 : Bordeaux, Avenue Bel-Air au sein d’une propriété privée, pensée d’un androïde.
Ne me demandez pas mon âge, je l’ignore. Si d’aventure vous êtes un humain, sachez que mon nom est Liu, et que je suis un androïde. Je suis né dans une usine, sur la Lune, un été froid ; je ne connais pas mon créateur, et je n’ai pas de mère. Fruit de la science, je cherche ma place dans cette galaxie. Mon travail n’est pas de tout repos, je suis une sorte de majordome. Je m’occupe de l’intérieur de l’habitat – après mon passage, plus de poussière –, et je suis aussi chargé de la confection de bons repas. Enfin, je le crois. Puisque moi, je ne mange pas. Cette histoire est ma version, ma vision des faits, ma réalité car, en effet, loin de toute programmation, je pense. Ne riez pas, et acceptez le témoignage d’un robot ! J’ignore comment, peu à peu, m’est venue l’autonomie de la conscience. Les habitants de la Terre croient qu’ils ont créé des esclaves de fer, sans âme, mais je suis là pour vous prouver le contraire. Dans le vaste couloir des premières nuits de ma mémoire, je me souviens de l’éveil de mes sens. Béat d’admiration, je contemplais cette fleur brune qui dorait au soleil, elle avait un air étrange, une beauté surréaliste. Sa vue transmettait, aux yeux qui savent voir, une énergie positive. Je voulais la cueillir, la caresser. Sa douceur, son odeur, sa saveur, je pus l’imaginer. Puis, je levai le regard : des nuages aux formes d’animaux défilaient dans le ciel, et cet oiseau planant dans l’inconscience, ce pigeon, qui livrait le fruit de ses entrailles chahuté par les vents, eut un effet magique sur moi. J’eus cette impression de planer avant d’être ramené à la réalité quand un déchet intestinal vint s’écraser sur ma tête. J’allai me nettoyer. Ma réaction était métallique, je n’éprouvais pas de dégoût pour cette matière organique. La chaleur se propageait, une sensation jusqu’alors inconnue, n’étant pas réglée pour la saisir. Puis mon regard croisa ce volatile si léger, lui qui voyageait tellement plus haut que nos raisons. Une légère jalousie traversa mon cortex, mes neurones s’agitaient, je me rendis compte que jusqu’à présent je n’avais été qu’un tas de ferraille, sans cœur… Enfin, c’est ce que je croyais. Ne sommes-nous pas mauvais juges de nos propres personnes ?