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Variation sur Vénus - Extrait

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Variations sur Vénus

 

J’oublierai tout de toi. La nudité, les fards,

Tes pâleurs de morte ressuscitée chaque soir

Les jouissances d’une jeunesse stupide et viciée,

Nos ardeurs stériles et ta beauté fanée

Nos larmes et nos humeurs sèchent dans le feu des mots

Pleurs et gémissements ne sont que des échos

Deux par deux, mes vers vont comme des points de suture

Le long de la plaie faite, au cœur, par la rupture

J’ai perdu la piété que j’avais pour Vénus

Déesse et substitut des faux dieux déchus

Déjanire jalouse, mit le sang de Nessos

Sur l’habit qui brûla Héraclès jusqu’à l’os

Et tout comme l’Alcide, je fus empoisonné

D’un amour infecté par les anciennes plaies…

Elle était à ravir, mais elle me ravissait

Nos rêves prenaient corps ; l’amour les ficelait

Nous habillions le vide ; mon sexe aiguillonné

Recousait les plaisirs que la vie décousait

Mais j’ai tout perdu de ce fantasme naïf,

Sauf l'éclat cristallin de ce corps maladif

J'aimerais l’oublier tout à fait ; le désir

Brouille encore le passé avec l'avenir

Et la lune, en faisant son signe du cornu,

Dans les nuits de sabbat, convoque son corps nu

Que les vers dévorent cette goule muette

Qui me susurre encore qu’il faut que je regrette !

Et m’attire… Quand tous les chemins se vaudront

Prendrais-je de nouveau la voie de sa maison ?

Elle serait là comme un squelette d’oiseau

Belle, rare, dure, blanche… et en mille morceaux


Publié le 09/08/2024 / 14 lectures
Commentaires
Publié le 10/08/2024
Je le trouve plus travaillé que le précédent et je trouve de belles images comme les vers de poésie qui suturent ainsi que les humeurs sèches dans le feu de bois. La souffrance terrestre et donc humaine est bien rendue et je trouve que les références mythologiques grecques et romaine puis plus loin encore judaïque comme pour le poème précédent (multiplicité des temps conjugués), déstabilisent et font rebondir l’esprit de telle sorte qu’il ne plonge jamais véritablement dans le poème proposé. Vous en avez de toute évidence sous la semelle poétique et j’espère pouvoir découvrir prochainement de nouveaux poèmes de vous. Encore merci pour votre confiance.
Publié le 10/08/2024
Bonjour Léo, Je pense effectivement que la gestion de l'hétérogénéité (des thèmes, des inspirations, des niveaux de langue etc.) est un des point à travailler ; mais je suis sur là bonne voie. Je posterai un extrait de chacun de mes recueils, dès que ça me sera possible. Belle journée à toi, merci de ces retours.
Publié le 10/08/2024
Bonjour et merci Enki, au plaisir de vous relire plus tard.
Publié le 11/08/2024
C'est beau à lire, de mon côté, les thèmes, les niveaux de langue et la diversité des inspirations ne me choquent pas. En revanche, je suis désorientée par l'usage des pronoms dans le texte car en tant que lectrice, c'est ce qui peut me désorienter. Vous ajoutez tout doucement de l'harmonie lorsque vous passez de "je" sur une strophe à "nous" d'une strophe à l'autre quel que soit le temps. Je me sens plus désorientée face à une strophe de "méta" par exemple: "que les vers dévorent cette goule muette" surtout si cette strophe glisse à la suivante vers l'évocation"elle serait là" alors que je m'apprêtais à mieux connaître ce "tu" qui était présent auparavant "tes pâleurs..." Bref, je ne m'en cache pas, cette fille, j'aimerais bien savoir qui c'est. Malheureusement peut-être à cause de "j'aimerais l'oublier tout à fait" vous nous le refusez un peu même si après vous la convoquez "elle serait là" mais nous ne la connaissons pas davantage. Soit vous l'oubliez mais alors c'est triste car vous n'en parlez pas soit vous la rendez présente mais il est certain que vous ne l'oublierez pas. Enfin, je trouve davantage une variation lunaire "J'oublierai tout de toi...." (éclipse) jusqu'à "prendrais-je de nouveau la voie de sa maison" (quartier) qu'une variation sur Vénus. À bientôt de vous lire.
Publié le 11/08/2024
Bonjour Myriam, et merci de ce commentaire précis et attentif, il me touche beaucoup. J'imagine que pour savoir un peu plus qui est cette fille, il te faudrait lire le recueil "Variations sur Vénus", dont ce poème est le dernier texte. Je peux te l'envoyer en MP si tu veux, mais je n'en publierai sans doute pas d'autres extraits ici. L'ambiguïté de la fin est volontaire ; je crois qu'on oublie les gens, dans leur complexité ; mais on est marqué à vie par les fantômes qu'on a habillé de fantasmes, qu'on a "cristallisé" (Stendhal), surtout si on ne s'y confronte plus que par le souvenir. C'est un peu le cas ici.
Publié le 11/08/2024
Bonjour Enki, merci pour ta confiance. Factuellement, je n'ai pas vu sur ce site la possibilité de MP, il faudrait demander à Léo. Tu dis que la fin est ambigüe. J'y vois une belle palinodie, tu passes d'un futur bien net à un conditionnel. Pour en revenir à ton texte, "je crois qu'on oublie les gens, dans leur complexité", je suis d'accord avec toi, l'expérience charnelle totale est morte si le corps de l'autre n'est plus là puisqu'il n'a plus d'intention à notre égard... alors il nous reste bien "squelette" que tu évoques. En définitive, veux-tu écrire sur le squelette ou la fille? Je crois que c'est impossible de vouloir ressusciter l'expérience passée dans sa totalité à moins de finir comme Frenhofer, le peintre du chef d'oeuvre inconnu dans Balzac. Il y a un beau commentaire sur la tristesse/le tragique dans la poésie qui a été écrit il n'y a guère par Francis Étienne et sur ce point de basculement en poésie. Ma formation initiale demeure littérature et philosophie et je n'ai pas de talent pour les poésies, j'ai l'esprit un peu trop sec pour ça. En revanche, c'est difficile d'écrire sur une personne, pour ma part quand j'essaye, je ne suis pas satisfaite du résultat. Alors j'écris sur les habits, ce que j'ai cristallisé. Si le fantôme est le virus, le fantasme tel qu'on l'écrit me semble le vaccin. À bientôt de te lire si tu te promènes par ici. :-)
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