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Un instant
Chapitre 2

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Avec précipitation, j’ai répondu « oui » et j’ai jeté mon sac sur mon épaule. Une fois descendue de la voiture, j’ai regardé autour de moi. Les arbres de cette rue étaient devenus plus grands et plus feuillus. J’ai commencé à traverser la rue, passant devant des boutiques qui n’existaient pas à l’époque. Finalement, je me suis retrouvée dans cette ruelle familière.

Les vignes dépassaient des murs des maisons, et devant les portes, des pots de fleurs exhibaient leurs petites fleurs délicates et colorées. Il était presque midi, et l’odeur du riz flottait dans l’air, emplissant toute la ruelle. Mes pas résonnaient sur les feuilles mouillées qui jonchaient le sol. La pluie venait juste de s’arrêter, mais des nuages noirs continuaient de se déplacer dans le ciel.

Arrivée devant la porte, j’ai retenu mon souffle et appuyé sur la sonnette. Une voix familière, celle de ma mère, a répondu :
— Oui ?
— Maman, c’est moi, je suis arrivée.

Elle a poussé un cri de joie et a appelé mon père :
— Dépêche-toi, va ouvrir, elle est devant la porte !

Un sourire s’est dessiné sur mes lèvres alors que les larmes montaient à mes yeux. J’entendais leurs pas précipités se rapprocher de la porte. Quand elle s’est ouverte, tout s’est passé si vite que je ne sais même pas ce qui est arrivé. Ai-je ri ? Ai-je pleuré ? Ai-je perdu connaissance ? Je ne sais pas. Mais quand je suis revenue à moi, j’étais à l’intérieur de la maison. Ma mère me serrait dans ses bras en répétant :
— Ma fille, tu es enfin revenue !

Mon père, dans la cuisine, préparait du thé. Il a dit :
— Laisse-la se reposer un peu, elle doit être fatiguée.
Mais ma mère, en pleurant, a répondu :
— Non, je ne la lâcherai pas. Je veux la garder dans mes bras.

À cet instant, je me suis sentie redevenir une petite fille, comme autrefois, quand les bras de ma mère étaient le refuge le plus sûr et le sourire de mon père le plus beau cadeau de ma vie.

Mon père est sorti de la cuisine et a demandé :
— Tu ne veux pas nous raconter quelque chose ?

Un sentiment d’enfance m’a envahie à nouveau, me rappelant ces moments où j’attendais impatiemment le retour de mon père du travail, à 16 heures. Quand il arrivait, je lui ouvrais la porte, et il se tenait là, derrière, avec un grand sourire et deux livres emballés dans un sac en plastique. Il me saluait, m’embrassait, puis se dirigeait vers sa chambre pour se changer. Et moi, je le suivais partout, racontant ma journée. Il me demandait :
— Alors, raconte-moi, qu’as-tu appris aujourd’hui ?

Avec enthousiasme, je lui récitais un poème appris à l’école, et il écoutait attentivement tout en rangeant ses nouveaux livres sur les étagères. Ensuite, il se tournait vers moi, souriant, et disait :
— Bravo, ma fille, c’était excellent !

Puis, il me donnait quelques pièces :
— Va t’acheter une glace pendant que je me change.

Ce soir-là, mes parents et moi avons parlé jusqu’à tard, partageant toutes ces choses dites et non dites. Au moment de dormir, ma mère m’a tendu une couverture qui avait toujours été la mienne, accompagnée de mon oreiller préféré, avec sa taie rose ornée de deux roses brodées.
— Dors sur le lit près du radiateur pour ne pas avoir froid, m’a-t-elle dit.

En entrant dans la chambre, j’ai posé mon oreiller sur le lit et me suis allongée. Cet oreiller m’avait tellement manqué ! Fait de plumes, c’était un trésor que je n’avais retrouvé nulle part ailleurs. Et cette couverture, plus chaude qu’aucune autre au monde…

Je fermai les yeux, me laissant envelopper par ce sentiment de bonheur. Soudain, une pensée fulgurante m’a traversé l’esprit : j’ai compris ce que j’avais perdu. Oui, j’avais laissé ma tranquillité derrière moi, et elle ne circulait que dans cette maison, auprès de mes proches.

Les larmes aux yeux, je me suis réveillée. Mais il n’y avait ni oreiller ni couverture. J’étais seule, allongée sur un lit dur, dans cette chambre où j’avais toujours partagé ma solitude.

Publié le 02/01/2025 / 21 lectures
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