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Le seul compte qui semble correspondre est sur LinkedIn ; André qui a toujours refusé de s’inscrire sur les réseaux sociaux, ne veut pas abdiquer. Il opte donc pour les pages blanches en ligne, on ne sait jamais… il y trouve le numéro de téléphone fixe d’Annick. Il l’appelle, lui explique qui il est et pourquoi il veut la rencontrer, ils conviennent d’un rendez-vous le lendemain au café en face l’église. Il est soulagé de ne pas avoir à passer par la famille d’Alice qui ne lui a jamais pardonné d’avoir renoncé à la chercher, d’être parti et d’avoir couper tout contact avec son passé lui aussi.
Les évènements de la veille et les émotions de la journée l’ont fatigué. Il déplie le canapé, met les draps, installe un oreiller qu’il tapote afin de bien l’aplatir. Il met l’alarme de son téléphone afin d’être certain de se réveiller à temps demain matin. Il se déshabille, enfile son pyjama et s’endort rapidement après s’être allongé. Quand le réveil sonne, il se lève aussitôt, il prépare un café avec la machine, le boit d’un seul coup. Il se lave les dents et prend une douche. Après s’être séché, il sort de la salle de bain, va chercher des vêtements propres dans l’armoire de l’entrée et s’habille. Il ouvre les volets et constate qu’il pleut. Il passe son coupe-vent, mets la capuche sur sa tête, descend les escaliers, sort et prend la rue qui descend vers l’église à deux cents mètres. Quand il arrive au café, Annick est déjà là, elle l’attend.
Il la rejoint sous la terrasse couverte pour, malgré la pluie intermittente, profiter de la douceur de ces premiers jours d’automne. Lui qui a arrêté de fumer depuis longtemps, s’excuse et se lève pour aller au bureau de tabac d’à côté acheter un paquet de cigarettes et un briquet. Il revient, elle commande un café crème, lui un expresso et chacun un croissant. Il allume une cigarette en attendant qu’on leur apporte les consommations. De son sac, elle sort sa vapoteuse pour l’accompagner.
- J’ai arrêter de fumer il y a cinq ans, mais j’ai encore besoin de ça, lui dit-elle en souriant d’un air amusé.
L’un et l’autre hésite à entrer dans le vif de la conversation. À l’époque de la disparition d’Alice, ils n’étaient pas vraiment amis, ils se croisaient lors des soirées du samedi soir organisées chez les uns ou les autres.
- Je suis désolé de t’avoir dérangée si tard hier mais j’ai eu du mal à trouver ton numéro de téléphone après que Marie-Claude m’ait dit que tu avais rencontré Alice lors de vacances en Espagne.
Elle raconte alors…
- Je l’ai rencontrée au début des années 2000. Avec mon mari et mes enfants, nous avons décidé de faire le tour de l’Espagne en camping-car. Alors que nous longions les côtes de la Cantabrie, nous nous sommes arrêtés en fin d’après-midi pour boire un verre dans le village d’Isla. Il n’y a là qu’un seul café. Nous nous sommes garés sur une petite place, à l’ombre. Les enfants, qui étaient excités par l’après-midi à la plage, sont sortis bruyamment du véhicule. Nous nous sommes dirigés vers le bar. Nous sommes entrés pour commander avant de nous installer en terrasse. Le temps que ma vue s’habitue à l’ombre, je me suis avancée vers le comptoir et là, j’ai tout de suite reconnu Alice.
- Comment ça, tu l’as tout de suite reconnue, elle avait pourtant dû beaucoup changer après toutes ces années.
- Oui, elle avait changé certes mais elle avait gardé ce sourire provocateur et ce regard insolent que nous lui avons toujours connus. Elle s’occupait seule du bar et nous n’avons pas eu le temps de beaucoup nous parler. Elle m’a juste dit que maintenant elle vivait là, qu’elle était très troublée et contrariée par cette rencontre inopinée, et qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec son passé. Pourtant, elle m’a laissé son numéro de téléphone. Une fois rentrée, je n’ai pas osé la rappeler, trop de temps avait coulé sous les ponts depuis sa disparition et elle avait refait sa vie là-bas, loin de nous tous.
- Oui, je comprends.
Elle ajoute qu’en revenant d’Espagne, elle était allée voir les parents d’Alice pour leur annoncer qu’elle était vivante, quelque part, et qu’elle ne voulait pas revenir vers son ancienne vie. Elle était en vie, le savoir leur suffisait. Ils auraient bien voulu prévenir André, le jeune homme qui aimait Alice au moment de sa disparition mais lui aussi était parti il y a bien longtemps et ils avaient perdu le contact avec lui.
- Est-ce que tu as gardé le numéro de téléphone d’Alice ? Est-ce que tu accepterais de me le donner ? demande-t-il.
Annick hésite, il lui assure qu’il l’appellera mais que si elle ne souhaite pas lui parler, il n’insistera pas. Elle finit par le lui donner car toute cette affaire commence à l’importuner. Ils se saluent et repartent chacun de leur côté.