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Des mosaïques d’or parsèment ma mémoire

D’une poussière d’ombre où rougit un instant

Ce silence d’ivoire aux lèvres détestant

Ces mots qui font tourner toutes les clefs d’armoire.

         

 Je badigeonne en vain des pages de grimoire 

 De mon encre de vin au reflet inconstant

 Pour creuser dans le marbre un regard infestant

 Le vélin de mes mains d’une tache de moire.

 

 Les pigments de la guède alourdissent mes yeux

 D’une larme équarrie au velours si soyeux

 De mes rêves bleuis par des pierres de sable.

 

 Pourtant je vais errant d’une feuille en chiffon

 A la porte du temple où sous un faux retable

 Votre visage vient embrasser un bouffon.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Braises de Glaise @2015


Publié le 22/08/2024 / 9 lectures
Commentaires
Publié le 23/08/2024
Bonjour très cher Francis, j’ai lu il y a peu que des livres étaient empoisonnés et d’autre encore faits en peau humaine… les livres ont par le passé souvent nourris les intrigues et été le support de sombres rituels. Ton poème est mystérieux et donne l’envie de percer les secrets qui en découlent.
Publié le 13/09/2024
Cher Léo, ton commentaire est extraordinaire, car il ouvre la discussion sur le livre avec cette remarque absolument étonnante du poison ou de la chair humaine. Les livres vivent pour eux et ils habitent dans nos maisons comme des invités. Ils sont absolument indépendants pour une seule raison : c'est eux qui contiennent les mots. Comme tu peux l'imaginer, les livres comptent beaucoup pour moi. Je n'ai une grande quantité et il n'est absolument impossible de prêter un livre ou de le donner. J'ai une relation sauvage avec le livre. Ils ont tous une places quelque part dans ma maison. Parfois ils se cachent pendant des mois, parfois il me saute aux yeux comme quelqu'un qui frapperait la porte. Le livre n'est pas un texte, il est un être vivant souvent longtemps, puisque j'ai quelques livres anciens. Il traverse le temps, les modes, et les régimes. Je ne connais pas d'autre objet que l'on brûle par haine, comme on le fait dans les autodafés. Le livre est le support de notre culture, notre passé, de notre futur, de notre religion, de notre philosophie, et de fait de toute notre vie. Il y a des livres qui racontent, il y a des livres qui voyagent, il y a des livres qui étudient, il y a des livres qui rassurent, il y a des livres qui effraient, et il y a des livres qui nous enferment dans la beauté. Le livre est pour moi l'objet essentiel de ma vie. Parfois je passe des heures devant leur titre, leur couleur, leur odeur. Je ne cherche rien d'autre que leur présence. Je vais peut-être mentionner déjà mais en ce moment je dors avec Don Quichotte ! Chaque soir j'en lis quelques pages et en refermant la couverture richement dorée, j'ai la sensation qu'un ami est venu me raconter une histoire que mon sommeil prolongera. Je pourrais parler des heures sur les livres, mais je dois me taire. Merci encore Léo, tu me donnes tellement d'occasions de jouer avec mes pensées. À plus tard. F. Étienne. Sur la page blanchie à la pâte du soir Une craie a écrit le beau mot d'encensoir.
Publié le 25/08/2024
La confession tourmente celui dont le vélin des mains porte la moire de l'encre de vin. Belle entrée dans votre scriptorium... qui sont ces lèvres détestant ces mots qui font tourner les clefs d'armoires? Celle d'un enfant qui ne dit mot? Rien n'est badigeonné en vain pourtant. En matière de confession en tant que lecteur, j'ai l'impression que tout nous est déjà remis: des mosaïques d'or parsèment les poésies comme une marqueterie.
Publié le 13/09/2024
Bonjour Myriam et merci pour votre magnifique commentaire qui me fait réfléchir sur deux choses importantes. La première concerne la lecture du texte à travers son lecteur, et la vôtre me renvoie à des éléments de pensée, d'écriture, de composition qui éclaire ma démarche, même pour moi-même. Et je vous en remercie de tout cœur. La deuxième réflexion est proprement liée au texte. Votre questionnement autour de certaines figures du texte me surprend par la qualité de votre sensibilité à la littérature et en particulier à la poésie. Vous suivez parfaitement le chemin des mots et vous en cueillez des fleurs que vous rassemblez dans un bouquet de pensées. Pour moi c'est un élément étonnant qui enrichit particulièrement ma connaissance de la poésie et la pratique de l'écriture. Merci encore Myriam pour autant d'attention et surtout merci pour me faire part de vos impressions de lecture. Cordialement. F. Étienne
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