L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

Laube est un bout d’écrin où se pose un soupir

Un ravin de silence aux jonquilles de paille

Un mur entre le ciel et l’or de la rocaille

Qui pousse sous ses doigts en train de s’assoupir.

 

Derrière une chandelle une eau prête à croupir

Enlace de sa boue un jardin en broussaille

Que cache à demi-mot l’ombre d’une muraille

Adossée à la nuit qui tarde à s’accroupir.

 

Des mésanges en fleurs picorent sur la lune

Des bulles de lumière échappant d’une dune

Comme un grain de soleil s’envole des forêts.

 

Et c’est dans le sang vif d’une jeune fontaine

Que se reflète alors une samaritaine

Le jour quittant son lit entre les minarets.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 22/10/2024 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 22/10/2024
Ravins, murs et murailles qui viennent à empêcher, l’eau croupie ou au sang vif dans laquelle semble s’écouler la malediction. Sans compter la nuit, les ombres et même la boue qui prennent place contre un grain de soleil ou quelques bulles de lumières. Mais tant que la lumière fait acte de résistances l’espoir est toujours permis.
Publié le 22/10/2024
Merci Léo pour ton commentaire qui encore une fois me touche beaucoup et approche ce texte dans une profondeur que toi seul peux explorer avec justesse. L'accumulation des éléments les plus divers et particulièrement ce qui concernent la boue, cette glaise qui nous répugne tant et d'où sort toutefois la vie. Tous ces éléments qui touchent à la terreur du rêve, l'ombre, la muraille ou la broussaille nous engagent à réfléchir qu'ils sont aussi des éléments de la beauté et parce que précisément ils engendrent la peur, des éléments aussi qui aiguisent notre attention bien entendu. La vie depuis, qu'elle est vue, triomphe toujours de la mort, c'est peut-être là le message plus important que la poésie reprend sans cesse, avec ses symboles, avec sa mélodie, avec ses couleurs, ses transparences mais aussi ses silences. Nous sommes tous engagés sur le chemin de la mort, mais nos vies doivent amener de la lumière, cette partie est la seule qui restera et de qui nous survivront avec l'authenticité et la particularité de notre personnalité unique. Mes poèmes paraissent parfois assez sombres, parfois très pessimistes, parfois presque désespérés, mais ils ne sont qu'une illustration de ce que je vois passer de la vie, qui m'intéresse au plus haut point, comme si je contemplais une fleur qui fane, car nous avons l'impression, l'illusion d'être constant dans le flot du temps qui nous emporte, alors que nous changeons et c'est ce changement qui m'intéresse. Il n'y a pas de tristesse à contempler une fleur qui fane, mais nous devons la regarder comme une évolution du temps qui nous entoure. Or nos émotions, nos sentiments, nos peines et nos joies, elles ne sont pas soumises à l'emprise du temps, et c'est peut-être la raison pour laquelle vivant essentiellement de sentiments, notre illusion de ne pas changer face au monde ,qui nous entoure et dans le monde ,mettent ce sur nos yeux un bandeau de ténèbres, alors que la lumière nous entoure. Merci encore Léo pour ce commentaire très riche qui ouvre en moi une nouvelle analyse de l'écriture. Je te dis merci et à plus tard. Cordialement, Francis. Des froufrous de soleil flottent dans la lumière et viennent se glisser sous un toit de chaumière.
Publié le 23/10/2024
Pourtant l’eau croupie est nécessaire au renouveau. J’ai le sentiment qu’en aimant la vie, nous aimons une réalité qui doit pourrir et sa capacité à pourrir lui donne toute sa valeur. La macération produit la plus fine eau de rose. Enfin, cette glaise incertaine me semble le ventre de la terre qui prépare une naissance. Tout peut naître aussi de cette boue historique dans laquelle nous sommes jetés. Un fait anodin peut devenir un grain de lumière ou un événement qui sortira de cette gangue. Entre l’aube et la nuit qui tarde à s’accroupir, entre le débris et le germe se dresse une frontière tenue. Dans notre ventre de femme ou sur la terre, un avenir se forge à notre insu dont on ne devine pas la forme achevée. Votre réflexion sur la glaise dont nous naissons m’évoque ce quatrain d’Omar Khayyam: XLIX « Ce narcisse qui tremble au bord du ruisseau, ses racines sortent peut-être des lèvres décomposées d'une femme. Que tes pas effleurent légèrement le gazon! Dis-toi qu'il a germé dans les cendres de beaux visages qui avaient l'éclat des tulipes rouges ».
Publié le 24/10/2024
Je suis définitivement fan de votre capacité à mettre en poésie des émotions fugaces sur lesquelles nous ne nous attardons malheureusement pas: l'entrelacement de la lumière et de l'obscurité, de la vie et la mort, de la généreuse plénitude et la dégénérescence . L'un n'existe pas sans l'autre, et leurs frontières sont poreuses, au point d'intervertir très souvent leur essence. Merci pour ce beau voyage.
Connectez-vous pour répondre