L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

 

L’outre de chaque instant se gonfle de tristesse

Quand passe sous le temps la lame du couteau

Qui glisse lentement d’un ourlet de manteau

A la chair d’une horloge au souffle de tigresse.

 

La dentelle d’émail toute en délicatesse

Scintille élégamment comme un bout de fronteau

Déchiré par le vent d’un étrange écriteau

Où se lisent des mots d’une grande justesse.

 

La voix rauque et lassée épouse un roi maudit

Etouffant un sanglot dont le flot enlaidit

La richesse des jours d’une tache de cire.

 

Or qui traverse seul le désert de la nuit

Sait déjà que demain dès maintenant expire

Et cédant au plaisir dévore un dernier fruit.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 04/07/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 06/07/2024
C’est étrange l’impact de ta poésie sur mon imaginaire, je réussis quasi immanquablement à me téléporter en des lieux et des émotions nouvelles à chaque fois. À l’évocation du manteau et de l’horloge je me suis retrouvé dans un vestibule livré au temps et aux quatre-vents, dans le salon les mots et les voix qui pérorent dans un drame à huis-clôt avant que les larmes laissent place au plaisir qui souffle tout ce décorum : le temps d’un poème, tout à vécu et tout s’est envolé… merci pour ces belles illusions.
Publié le 13/07/2024
Cher Léo, encore une magnifique image et encore un magnifique voyage ! Ma poésie te touche si profondément et tu le sais pour moi ça une signification particulière : tu es mon premier lecteur. Comme si toi seul pouvais pénétrer ces mondes vierges, ces galaxies intactes, ces univers surprenants. L'intelligence à la poésie demande beaucoup d'efforts, et entre autres, de savoir lire. Tu lis un poème comme un rêve. « Toute a vécu et tout s'est envolé… mais ce qui est remarquable dans ta lecture c'est que tu pressens à la fois le bonheur qui libère et le décor qui oppresse. Que pourrait attendre un auteur sinon lire ce que tu viens d'écrire ? L'extrême intelligence du lecteur est indispensable au poète qui écrit. Je pense l'avoir déjà dit et si oui alors je me répète, la poésie ne fait pas appel aux émotions. Elle n'est que beauté mentale. Ainsi l'intimité du lecteur s'ouvre au poète. Merci encore Léo pour ce magnifique commentaire. (Suite) l'ombre tendit un grand et saisi la main de la belle. Glissant sur la fougère comme souffle de vent, la robe de la belle enchanta les fourmis. Les suivant à trois pas, le jeune hobereau se disait en marchant : « Quel destin de misère me vaut de voir ma belle au bras de ce grand noir ? » Avait-il déjà tort ? (À suivre)
Publié le 14/07/2024
Une belle amitié d'étoiles que vous avez là où les paroles de l'un éclairent celles de l'autre, poésie charmante dédiée "to the happy few".
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