Soirée à bascule

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  Je ne me souviens plus de rien. Pas que j'ai oublié où j'étais, ce que je faisais, et pourquoi. Cela je le sais. Je sais aussi que les autres ont ri, ont passé un bon moment, étaient souriants. Moi, je ne sais plus. Je ne peux pas dire ce que j'ai ressenti, cela ne me revient pas. 

  Pendant vingt/vingt cinq minutes je me suis amusée, j'ai ri, j'ai écouté, appris. Les une heure trente restantes je l'ignore. 

  C'était vague. Je sais juste que j'étais là sans être là. Je riais parce que tout le monde riait, je n'écoutais plus vraiment. Dans mon esprit le souvenir est lointain, imprécis. J'entendais un mot sur deux. C'était flou. En silence. Sans que personne ne s'en aperçoive je n'étais plus. 

   Un stress ingérable, la fatigue, l'explosion. Le cerveau qui, par réflexe de survie, coupe le fil. Le fil des émotions. Il l'a fait pour protéger mon corps qui subissait la tornade depuis le début de la journée. Le conflit était arrivé à son paroxysme. Seuls le stress et la peur étaient restés, surgissant d'un coup devant le regard des autres. Une peur ancienne, enfouie, m'a sauté au visage, me clouant au sol quelques secondes. J'étais incapable de parler.

   A la fin, sur le chemin du retour, mes yeux se fermaient tout seuls, ma tête était basse. Vaincue, je l'étais. Ma mémoire également. Il m'est définitivement impossible de me rappeler ce que j'ai éprouvé émotionnellement. Je n'en n'ai aucune trace.

   La seule chose dont je me souviens c'est que j'ai souffert en silence. Mais aussi que le soutien, l'amour, m'a atrocement manqué.

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   Je ne suis pas chiante à me raconter ?                                                                                               Ils ne vont pas s'ennuyer ?                                                                                                                 Avec mes émotions fortes je ne vais pas les assommer ?                                                                 Sur moi je ne suis pas en train de trop parler ?                                                                                 Je ne devrais pas changer ?

   Je ne sais plus...

 

Lucie R.

(Texte non libre de droits)  

      


Publié le 04/09/2025 / 15 lectures
Commentaires
Publié le 04/09/2025
Je vois le courage plus que la fuite. Je vois la force plus que la fragilité. Je vois le sourire à travers les larmes. Je vois la sincérité face à la bêtise des autres. Je vois la résilience et la renaissance. Je me reconnais beaucoup dans ton texte. J'espère pouvoir raconter cette nuit d'été aussi bien un jour. Juste merci, ce texte est la meilleure des thérapies.
Publié le 05/09/2025
Ce que tu dis me fait très plaisir, merci !
Publié le 05/09/2025
Un texte touchant ou chaque mot soigneusement sélectionné est empli d’une grande émotion face au drame qui se déroule. Pour toutes les questions j’ai envie de dire que l’on doit faire les choses pour soi et lorsque l’on souffre les choses qui nous permettent de mieux aller, et de pouvoir aussi se reconstruire dans un second temps, phase qui nécessite bien plus de temps, ce qui est bien normal. Se recentrer sur soi pour être à sa propre écoute est souvent salutaire dans les moments les plus pénibles. Bon courage Lucie.
Publié le 05/09/2025
Je fais les choses pour moi, mais aussi pour les autres. Témoigner permet à ceux qui n'y arrivent pas de trouver le courage de se lancer. Briser le silence n'est pas facile sauf quand il apparaît nécessaire. C'est ce qui m'a aidé à composer ce texte. Ce dernier t'apportes peut-être des réponses concernant le texte "Personne". Quant aux questions je me les pose parce que, certes, se dévoiler comme cela montre une grande confiance de l'autrice à ses lecteurs/lectrices, mais il ne faut pas toujours trop en dire sinon les ennuis débarquent. J'essaie à chaque fois de trouver un juste milieu.
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