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Drapé dans un feuillet comme un lingot d’argent

Le cœur emmitouflé d’une frileuse lune

Se penche sur le sable échappé de la dune

Où se couche le corps d’un frère de Saint Jean.

 

Quelques rubis jetés d’un geste négligent

Dessinent sur la mer un soleil de fortune

Dont les rayons de sel engravés sans rancune

Frappent tous les bateaux chargés de firmament.

 

Un bric-à-brac de mots déballés par feintise

Dévoile des secrets dont l’horrible hantise

Convertit les marins au culte du démon.

 

Puis la face plongée au cœur d’une fournaise

L’astre sanglote nu recouvrant de sa braise

Le reste d’un sommeil qui ronge le timon.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Feuillets d'argent @2013


Publié le 04/06/2024 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 04/06/2024
C'est très beau mais intriguant. Est-ce qu'il y a un jeu de mots entre "Rostres d'astres" et "Zoroastre" ou c'est juste mon imagination?
Publié le 11/06/2024
Chère A E Myriam, c'est avec beaucoup de retard et avec toutes mes excuses que je réponds à votre très intéressante remarque sur le titre de ce poème. Et votre imagination ne vous trompe pas car en effet on peut faire un lien entre le titre et Zroastre. Peu connu cette philosophie ou plus précisément cette religion a joué un rôle particulièrement important dans le bassin de la Mésopotamie. Elle s'appuie sur une conception monothéiste de la divinité, à ma connaissance la première. Quelquefois comparée à une manifestation diabolique, en particulier chez les hébreux, cette religion a toutefois laissé beaucoup de traces dans les civilisations anciennes et bien entendu reprise au dix-neuvième siècle par la vague mystique du romantisme, elle s'est manifestée au vingtième siècle jusque chez Nietzsche et Richard Strauss dans le «Also sprach Zarathustra ». Bien entendu merci beaucoup aussi pour votre remarque très locative sur le texte. Cordialement. F. Étienne
Publié le 08/06/2024
Le contraste est fort entre le précieux et l’honni qui borde les cauchemars… je perçois comme une possible rédemption à travers l’astre qui sanglote, mais quand est-il du cœur des hommes ? Ce poème prête à y réfléchir.
Publié le 11/06/2024
Cher Léo, contrairement à mon habitude, c'est avec beaucoup de retard que je réponds à ce commentaire dont je te remercie très sincèrement. Ta perception du texte « en bordure du cauchemar » me surprend beaucoup car elle est très juste. Il est vrai que la rédemption est une question de notre monde et de notre civilisation chrétienne, mais déjà présente dans d'autres religions, elle est un pilier central de l'existence de l'homme. La conscience, innée et inséparable de notre humanité, nous rappelle à tous qu'il existe une morale dont la base est bien l'interdiction du mal. Mais l'homme, créé en toute liberté, enfreint les principes du bien, par tentation. La tentation étant le gouffre dont le vide nous attire tous, comme j'ai dû déjà le mentionner. Cette vision du bien et du mal, n'est pas particulièrement chrétienne ou juive, mais elle est bien inscrite dans toutes les civilisations, et par conséquent chez tous les hommes policés et vivant en société. Montaigne a pourtant exploré l'idée du bon sauvage pour qui il ne reconnaît pas la connaissance du bien du mal avec autant de rigueur que dans notre monde. Ainsi, on est peut-être aussi autorisé à penser que le bien et le mal n'ont qu'une définition sociale. Pour ma part, je ne partage pas vraiment ce point de vue. Voilà donc que « ce poème qui prête à réfléchir » m'entraîne dans une réflexion bien trop philosophique pour illustrer ton magnifique propos. Merci Léo encore une fois de tout cœur. Cordialement, F. Étienne. Sous le lambris bleuté d'un ciel porcelaine Des oiseaux de satin filent des bouts de laine
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