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Passeport en larmes
Chapitre 7 (fin)

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Cartable au bout du bras, il attendait devant le tourniquet des bagages. Les valises et les sacs passaient. Debout au pied du tapis roulant, il cherchait sa valise des yeux. Ça tardait. Tour à tour, les passagers s’emparaient de leur bagages puis se dirigeaient vers la sortie. Peu à peu, le tapis roulant se vidait, et ils n’étaient plus que quelques uns à attendre au pied du tourniquet. Il y eut une dernière fournée de valises retardataires. Autour de lui, on saisissait les poignées des bagages, on chargeait les caddies. Ils attendait. Les dernières personnes sortaient et bientôt le tourniquet s’arrêta. Il était seul devant le tapis roulant immobile. Et pas de valise. Il attendit encore, puis dut se résoudre à sortir. Il se dirigea vers le guichet des correspondances, inquiet, le pas raide et le souffle sec. Il expliqua son affaire – le vol de New Delhi, la correspondance manquée sur le Paris-Genève, la promesse que tout serait automatiquement corrigé et transféré sur le vol de 10h00. Le type en face vérifiait sur son écran, passait un coup de fil, non, rien. Rien n’avait été trouvé. Il fallait aller déclarer le problème au comptoir la-bas, aux objets trouvés. Le type indiquait un comptoir quelques mètres plus loin.

 

Il remplit un formulaire. C’était une valise comment ? Contenait-elle des objets de valeur ? Il laissa son numéro de téléphone. On lui donnerait des nouvelles dès que possible. Il était très rare qu’un bagage se perde avait-on dit pour le rassurer.

 

Il s’éloigna. Et il revit sa valise, posée hier soir à New Delhi sur le tapis roulant. Abandonnée. Il comprit que le mec au guichet avait tout simplement oublié d’attacher l’étiquette au bagage. Tout était bien enregistré. Sur les ordinateurs tout était parfait. Simplement le type avait oublié l’étiquette. Alors la valise était partie, anonyme, sans destination. Et maintenant elle devait tourner en rond dans les soutes de l’aéroport à New Delhi. En partance éternelle pour nulle part. Comme la jeunes fille rousse.

Publié le 17/07/2025 / 17 lectures
Commentaires
Publié le 28/07/2025
La valise va trouver preneur dans ton monde littéraire parallèle peuplé d’idéaux ou de deuils. C’est toujours très émouvant de voir se dissiper ce qui donnait un objectif et une raison d’être à des personnages touchants dans leur quête illusoire. Merci Stanislas pour ce nouveau texte, à plus tard.
Publié le 29/07/2025
Merci pour tes commentaires, Léo. Ce texte est entièrement auto-biographique. Il date de 1995. A bientôt pour de nouvelles aventures :)
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