Objet : affaire Mme Astriate

Allegoria De Lapaille 

12 rue Brisemiche 

37110 LE BOULAY  

À l’attention de M. Fabien Chabosseau 

Juge d'application des peines du TGI d'IPagination 

Monsieur le Juge, 

Par la présente, je souhaiterais vous soumettre la demande exceptionnelle suivante :  pourriez-vous, s’il vous plait, envisager la mensualisation de l’amende que vous ne tarderez pas à m’infliger ? Vous me voyez, en effet, aujourd'hui démunie et dans l’incapacité de m’en acquitter dans son entièreté.  

Pourquoi devancer ladite amende ? Parce que, selon moi, un seul courrier vaut mieux que deux. Vous devez me trouver bien insolente. Je ne cherche, néanmoins, qu’à vous faire gagner un temps précieux. Temps, si j’en crois les journaux, qui vous fait cruellement défaut en cettte période houleuse. 

La raison de ladite amende (j’ai pu constater sur le site du gouvernement qu’elle pouvait s’élever à presque 4000 euros) :  le refus sans motif de dispense de participer au jury populaire extraordinaire concernant l’éventuelle remise de peine de Madame Astriate. 

En effet, si j’acceptais la responsabilité d’autoriser la sortie d’un condamné (sachant qu’il y aurait une possible récidive) ou de la refuser (le renvoyant à la case prison au vu du système carcéral actuel), je ne serais pas en accord avec la personne vers laquelle j'aspire - à force d’efforts - à devenir. 

Vous me direz que cette obligation est à considérer comme un devoir civique. Je vous répondrais que le vote est un devoir civique, et que nous sommes en droit de voter comme de voter blanc ou de ne pas voter. Surtout, - et soyez-en certain ! j’accepte mes torts. Je ne cherche en aucune manière à me dédouaner. 

Mais qui suis-je pour décider de la vie d’un autre ? Si j’avais eu les épaules suffisamment larges, j’aurais engagé des études de droit. Parce qu’alors, j’aurais eu à cœur de participer à un système le plus juste qui soit (à l'esprit toujours notre statut d'hommes imparfaits).  

Pour conclure cet argumentaire  - attention ! à ne surtout pas prendre comme un soudoiement : je débutais les premières pages de votre livre sorti en librairie lorsque j’ai reçu votre courrier.  J’en ai été tellement décontenancée (du courrier), que j’ai dû me résoudre à interrompre ma lecture. Et il m’est difficile d’envisager qu’il en soit autrement tant que cette affaire n’aura pas trouvé d’arrangement.  

Monsieur le Juge, je reconnais que si tous témoignaient de mon manque certain de courage, la structure juridique ne serait plus en état de fonctionner. Mais, s’il vous plait, prenez en considération que je suis face à un cas de conscience, et que ce refus de prendre part à ce jury est avant tout un souci d’honnêteté envers Madame Astriate, envers vous, envers moi-même.  

Je ne souhaite pas m'étendre davantage. Comme je l'indiquais ci-dessus, votre temps est précieux. Ainsi, je vous demande de bien vouloir faire preuve de clémence, en m’octroyant la mensualisation de l'amende. 

Je vous prie d'agréer, cher Monsieur le Juge, l'expression de mes respectueuses et sincères salutations,

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