L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

 

Dès l’aube au bord du lac des ficelles d’émail

Poussent dans les roseaux frôlés par la banquise

Que des anneaux de sable attachent à la bise

Comme le velours noir d’un fabuleux camail.

 

Des ruisseaux de soleil sertis de pur corail

Boursouflent l’arc-en-ciel d’une peau de cerise

Dont le parfum sucré brutalement se brise

Contre un cœur assoiffé par un bruit d’éventail.

 

Au jeu du labyrinthe un homme sous un masque

Lutte contre le ciel au cœur d’une bourrasque

Qui soulève un secret sous les yeux d’un serpent.

 

Une magicienne en habit de gitane

Vient alors se jeter au pied d’un grand platane

Pour d’un coup de fouet renier son serment.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 25/09/2024 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 25/09/2024
"Au jeu du labyrinthe un homme sous un masque", ce vers je l'ai lu et relu et j'ai trouvé fascinant cette idée d'associer le masque au labyrinthe, deux façons de disparaître, deux voies cependant sans issues puisque l'on ne peut pas se fuir éternellement. On perçoit la prophétie maudite, implacable, s'abattre et avoir le dernier mot, et, probablement le dernier souffle... tout semble joué d'avance, oui, c'est fascinant de se sentir à ce point impuissant.
Publié le 26/09/2024
Cher Léo, en premier lieu je m'excuse de répondre aussi tardivement à tous les commentaires que tu as laissés sous mes poèmes et je commence ce soir à y répondre lentement. Le labyrinthe est une figure qui me fascine précisément parce que cette structure qui ne conduit nulle part, illusion complète de l'espoir. En effet dans un labyrinthe ce que l'on cherche, c'est bien la sortie. Le masque par contre est un élément d'une personnalité que l'on emprunte, il est synonyme de mensonge. Oui « la prophétie maudite » hante notre humanité. Quel que soit le chemin que nous emprunterons, nous nous n'aboutirons qu'à la fin, à la mort. Quel que soit le masque que nous porterons, notre « dernier souffle » n'arrachera pas le masque que nous portons toute notre vie. Ainsi, « l'impuissance » apparaît être comme le caractère le plus significatif de notre humanité. Seul, l'espoir, nous permet de franchir ce gouffre de néant. Et cet espoir il ne peut venir que de la divinité, et en partie aussi de la poésie. C'est la raison pour laquelle écrire sauve l'écrivain. Merci encore pour ce magnifique commentaire qui me fait réfléchir à ce qu'un poème comme celui-ci peut ouvrir de portes dans l'âme des lecteurs, et en particulier dans ton cœur. À tout de suite, cordialement, F. Étienne. Des fragments de soleil bougent sur l'eau glacée D'un lac entrelacé d'un bruit de caducée.
Publié le 27/09/2024
L’atmosphère baroque me plaît beaucoup. Les images fugitives et mouvantes. Je plaide pour l’inconstance « blanche » comme une magie blanche avec le masque, le velours, l’éventail, le jeu du labyrinthe… certes, c’est bien de l’illusion et la gitane est une illusionniste ou une magicienne mais si l’on sait qu’il s’agit d’illusion, on ne peut qu’apprécier le voyage… tant pis pour le marc de sorcellerie et peu m’importe la sortie du labyrinthe, je n’y désespère pas, je me prends au jeu: notre sort est imprévisible. A la rigueur, je trouve de la sincérité à jouer avec les masques car nous devons bien en porter. Beaucoup portent un masque sans savoir qu’ils en ont un sur le nez, ils se pensent vrais. Enfin, les bourrasques, les arc en ciel, les roseaux montrent bien que notre nature humaine est inconstante comme la nature des choses. Ce serait mentir et se mentir de prétendre à une constance et ce serait même dangereux. Si l’on se sait inconstant dans un monde mouvant, on peut plier comme le roseau sans rompre ses serments. Bien des chênes honnêtes se brisent: ils sont souvent les premiers surpris de s’entendre renier leur serment qu’ils croient bien enraciné.
Publié le 27/09/2024
Chère Myriam, merci beaucoup pour votre commentaire et pour cette cette longue analyse qui me touche profondément et dont la sincérité me prouve à quel point vous lisez ce poème en profondeur. Oui notre monde est un monde de masques et bien sûr un labyrinthe qui nous contraint à être toujours sur nos gardes et à suivre notre destin avec instinct. L'inconstance a toujours été le propre de l'homme, et si l'un d'entre nous se plait dans la constance, nous le taxons de rigidité ou pire d'hypocrisie, et pourtant il y a parmi nous des êtres dont la constance nous étonne, et dont nous sommes parfois jaloux. Nous cherchons toujours le prétexte que justifiera notre versatilité, mais nous savons bien qu'il s'agit de notre prétexte et non de la réalité. Au fond, le but ultime de la poésie est bien de retranscrire avec des mots choisis la version fractionnée de l'univers, car tout change. Celui que nous étions hier ne sera pas celui que nous serons demain, cette notion proustienne est profondément juste et je la partage. Si tous les jours nous mourront à nous-mêmes, nous nous affranchissant de la versatilité, et ainsi nous nous complaisons dans un perpétuellement mensonge. Proust nous a ouvert les yeux tout au long de ces milliers de pages, avec ses personnages parfois fantoches, et parfois si proches de nous. Merci Myriam pour ce magnifique commentaire auquel je réponds avec beaucoup de plaisir. Cordialement, F. Étienne
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