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Les Meurtrières - Extrait

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Les punks

 

Oublie tes puces un peu que je te dépucelle ;

Nous sommes des chiens galeux

Crocs de cynocéphale : aux frais de tes poubelles,

J’allaite un ventre creux

 

Soutirons l’or des vieux et partons, à la traîne,

Sans laisse au cou, rêvons !

Au retour, les détours seront autant d’aubaines…

Du moins, nous l’espérons

 

On nous a seriné des vérités douteuses :

« Eh, pas ce sac à main !

C’est sa propriété… ». Mais elle était voleuse,

Et menteur ce tocsin

 

Et dès lors ont coulé les sous du RSA

Dans des canettes vides ;

Elles font un crissement que l’on n’écoutera pas

Sur les pavés placides

 

Coûte que coûte, les gens passent sans jamais rien donner ;

À croire qu’ils s’en foutent

Nous, les plaies du pavé, nous cessons de saigner

Et on casse pas la croûte

 

Écoutez la chanson de ce vieux, exilé

Des maisons militaires :

« J’ai déjà bu mon foie, ici, blanchi mon nez,

Aux seuils de leurs hivers ;

 

Mais punks, écoutez-moi : l’État m’a fait létal

Un apatride errant

Dans ce monde, égaré, j’ai même fait du mal

À mes propres enfants… »

 

Alors nous recueillons ses paroles profondes

Et nous les méditons…

Les jappements des chiens nous rappellent au monde :

Il est tard, filons !

 

Ici, ça pue l’essence, pas un verre d’idéal ;

Et l’on se contrefout

De nous, qui de la crise assumons l’inégal

Et brutal contrecoup

 

Que la nuit soit alors notre seule patrie,

Notre drapeau, la lune…

Nos plans de paradis seront si mal servis

Par les bières brunes

 

Las, ils ne feront qu’un crissement de papier…

On dit que la vie grouille…

Je sais que dans ma gorge, elle se meurt cette année :

L’aube aura nos dépouilles


Publié le 12/08/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 12/08/2024
Dès le début on se heurte à une introduction choc qui donne le ton déjà prédictif du titre. C'est noir et ça dissout le peu de lumière qui reste. Des images et des propos forts qui expriment très bien la marginalisation et son processus nourrit par la colère et de l'exclusion subie et parfois choisie d'une société à laquelle on n'adhère plus du tout. J'aime beaucoup "j'allaite un ventre creux" , "les plaies du pavé", "un apatride errant", "les jappements des chiens nous rappellent au monde"... et la toute fin est parfaite à mes yeux.
Publié le 12/08/2024
Whaou, de la part d'un lecteur aussi attentif, c'est touchant ! C'est un vieux texte pourtant, même si je l'ai un peu repris depuis le temps. Je n'ai jamais réussi à m'habituer à voir des gens vivre à la rue ; mais j'ai côtoyé de trop près les marginaux pour en avoir une image à la Jehan Rictus. Bonne soirée, merci pour ce nouveau commentaire, à lundi prochain !
Publié le 14/08/2024
Je n'aurais pas mieux dit que Léo et comme le silence est d'or dans ce cas... alors je me tais. ^^^
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