Les punks
Oublie tes puces un peu que je te dépucelle ;
Nous sommes des chiens galeux
Crocs de cynocéphale : aux frais de tes poubelles,
J’allaite un ventre creux
Soutirons l’or des vieux et partons, à la traîne,
Sans laisse au cou, rêvons !
Au retour, les détours seront autant d’aubaines…
Du moins, nous l’espérons
On nous a seriné des vérités douteuses :
« Eh, pas ce sac à main !
C’est sa propriété… ». Mais elle était voleuse,
Et menteur ce tocsin
Et dès lors ont coulé les sous du RSA
Dans des canettes vides ;
Elles font un crissement que l’on n’écoutera pas
Sur les pavés placides
Coûte que coûte, les gens passent sans jamais rien donner ;
À croire qu’ils s’en foutent
Nous, les plaies du pavé, nous cessons de saigner
Et on casse pas la croûte
Écoutez la chanson de ce vieux, exilé
Des maisons militaires :
« J’ai déjà bu mon foie, ici, blanchi mon nez,
Aux seuils de leurs hivers ;
Mais punks, écoutez-moi : l’État m’a fait létal
Un apatride errant
Dans ce monde, égaré, j’ai même fait du mal
À mes propres enfants… »
Alors nous recueillons ses paroles profondes
Et nous les méditons…
Les jappements des chiens nous rappellent au monde :
Il est tard, filons !
Ici, ça pue l’essence, pas un verre d’idéal ;
Et l’on se contrefout
De nous, qui de la crise assumons l’inégal
Et brutal contrecoup
Que la nuit soit alors notre seule patrie,
Notre drapeau, la lune…
Nos plans de paradis seront si mal servis
Par les bières brunes
Las, ils ne feront qu’un crissement de papier…
On dit que la vie grouille…
Je sais que dans ma gorge, elle se meurt cette année :
L’aube aura nos dépouilles