L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

            Pour me projeter loin, serein, je revendique aussi ma dose, mon injection de temps. Pour décoller, vraiment décoller, il faut gommer la terre et le futur, me visser au présent parfait, affranchi de ma condition d’homme. Alors, évaporé, j’accède parfois au seuil de l’écriture. Si elle ouvre, je l’étreins et elle s’oublie dans mes bras aussi longtemps que le produit dure, qu’il coule dans mes veines et s’écoule sans importance. Tant que sans y penser, je dilapide mon précieux plasma, nous échapperons à la gravité.


Publié le 19/06/2024 / 10 lectures
Commentaires
Publié le 20/06/2024
Je partage avec toi le besoin de la dose malheureusement je ne partage pas les impressions: je dis malheureusement car tout semble moins exaltant ici. Au départ, je me disais que je polissais un caillou mais ce qui correspond le mieux à ce que je ressens c’est davantage ce que font les enfants avec de la pâte à modeler. Pour adulte…
Publié le 20/06/2024
Je suis mon le seul laboratoire me permettant d'essayer de deviner comment l'autre fonctionne. Le roman que j'ai écrit, j'ai eu besoin de l'écrire. Lorsque je te lis, j'ai l'impression qu'il y a une somme, un besoin et aussi - comment dire ? - un personnage joué. Il faut le tuer sans pitié, te concentrer sur ton besoin et rien d'autre. Il y a chez toi une grande sensibilité autour du vieillissement de la femme et son moindre attrait qui en découlerait. Il ne faut pas faire du joli autour de cela, il faut juste développer. Toute la difficulté est la nuance existant entre "développement" et "remplissage" ainsi qu'entre "séduisant" et "joli". Je ne pense pas qu'il soit possible ni utile d'ailleurs de filtrer lors du premier jet, en tout cas pas trop. C'est ensuite, malgré l'excitation et l'envie de montrer ce qui a été écrit, qu'il faut relire encore et encore pour ôter absolument tout ce qui n'est pas essentiel ou qui n'est pas parfaitement dans l'esprit et dans l'idée. J'y travaille. Souvent chez moi, je trouve des redondances par exemple, ou aussi des contradictions ou des mots emprunts, je ne les aurais jamais dits. Alors j'arrache sans pitié. J'ajoute que je ne prétends pas ici expliquer comment écrire un "best-seller", leurs auteurs ne m'intéressent pas plus que ce qu'ils écrivent. Je prétends expliquer ici comment écrire un texte intéressant, intemporel parce qu'il est personnel et sincère comme les histoires que me racontait mon père. Leur critique serait absurde. Ses récits faisaient partie de lui. Aujourd'hui qu'il est mort, ils sont une partie de lui.
Publié le 21/06/2024
"Personnages joués" je le sens comme ça aussi concernant les histoires de "vieilles belles". Il s'agit d'un petit théâtre en carton et de quelques marionnettes à doigts. Les caractères originaux sont suffisamment pénibles pour que j'aie envie de m'amuser un peu à leurs dépends. Si j'écrivais la vérité je crois que je l'imaginerais à hauteur d'enfant mais alors cela ressemblerait à Cria Cuervos (je pense à la scène où les fillettes se déguisent) et alors ce ne serait plus drôle du tout. Je parle de ce que j'écris à mes proches sans vergogne (comme d'autres laissent leur ouvrage de couture traîner) et ça les amuse de voir quelle forme ça prend ou pourrait prendre. Je les laisse imaginer les futurs gamelles d'Hélène: c'est proche des aventures du Pickwick Club chez Dickens ou des aventures de l'inspecteur Lafouine chez les enfants. En te lisant, je crois qu'un texte intemporel, personnel et sincère n'est pas ce que je cherche même en tant que lectrice. J'ai passé l'âge d'avoir besoin de vérité pour vouloir un plaisir simple. L'impression de fraîcheur d'une glace en été, vite lue, vite écrit et vite oublié, superficiel, léger, distrayant et totalement futile est ce que je cherche actuellement. Dans un autre registre je trouve ton manifeste parfaitement clair et tes quatre dernières phrases sonnent parfaitement justes et vraies. Toi au moins tu sais pourquoi tu écris alors que quand j'y réfléchis pour moi c'est plus de la graphorrhée ou de la sale manie.
Publié le 21/06/2024
Tu me rappelles mon amoureuse, grande lectrice elle aussi. Je crois que comme toi, elle se dirige vers le "vite lu, vite écrit et vite oublié, superficiel, léger, distrayant et totalement futile." Je pense être déséquilibré, bien trop tourné vers les autres. C'est terriblement fatigant. Je comprends qu'on puisse vouloir fermer la porte et les fenêtres pour ne plus voir cette nuée de cons qui votent FN, omettent l'utilisation du clignotant et font du shopping le samedi pour se détendre. C'est une bonne idée de s'abriter pour oublier ses envies de meurtre. La lecture légère peut, pour certains, constituer une retraite satisfaisante.
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