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Ce texte participe à l'activité : Ecrire une poésie en alexandrin

Le chant d’Isis.

 

Nil, écoute mon chant, vois mes larmes, mes pleurs,

Et vous, tombeaux des rois, embrassez ma détresse.

Comment de cet effroi dis-moi, toi, la prêtresse

Puis-je effacer l’offense et chasser les douleurs ?

 

A quoi me sert la vie puisque je t’ai perdu.

Osiris, ma moitié, mon infini, mon double,

Peux-tu seulement voir la noirceur qui me trouble ?

Sans toi nul horizon, sans toi nulle vertu.

 

Maât seule connait ce qui me désespère.

Quand je m’offrais à toi l’Egypte s’enivrait

Puis l’Égypte en riant venait me délivrer,

Je t’avais pour mari, pour compagnon, pour frère.

 

Comme il me semble impur cet air que je respire.

Alors qu’il fut chargé des parfums de l’amour

Quand, à l’heure où l’ibis du crépuscule accourt,

Tu venais boire en moi tous les ors de Palmyre.

 

Hélas ! Seth est venu déchirer notre union,

Ouvrir à deux battants les portes de la haine,

Me changer en esclave alors que j’étais reine.

Toi mort et moi perdue, cruelle communion !

 

Emporté par le fleuve Osiris tu t’envoles

Et s’envole avec toi mon amour absolu,

L’hiver triste a chassé notre été révolu.

Alors me sont venues les espérances folles.

 

Près du fleuve sacré j’ai voulu te chercher.

J’ai suivi cent chemins, arpenté mille routes,

Luttant contre les vents, luttant contre mes doutes,

Jusqu’à te découvrir sous des lotus couché.

 

Par la grâce de Rê, un seul battement d’ailes

Suffit à t’éloigner du Royaume des morts.   

Et quand je vis le feu reconquérir ton corps

Je compris que les dieux m’étaient restés fidèles.

 

Nil, écoute mon chant, doux fleuve que j’aimais,

Tu m’as rendu l’amant qui habitait mon âme,

Tu m’as rendu la vie, l’espérance, la flamme,

Je serai ta servante, ô Nil, à tout jamais.


Publié le 17/10/2024 / 26 lectures
Commentaires
Publié le 17/10/2024
Bonsoir à vous et bienvenue. Belle entrée en matière que cette complainte poétique… et érudite.
Publié le 17/10/2024
Bonsoir et bienvenue Philippe. Et bien, quand je pense que j’ai été débordé par deux quatrains et 2 tercets et que je découvre ces 9 quatrains :-) bravo pour cette réalisation, mais aussi pour l’intensité de votre poème qui porte les sentiments au zenith de Râ, tout là-haut. Il y a comme le souligne très judicieusement Myriam, une magnifique complainte qui s’en dégage. À plus tard.
Publié le 18/10/2024
Merci à vous deux, Myriam et Léo, pour vos encouragements et vos gentils mots de bienvenue. Pardonnez-moi si je tâtonne un peu sur ce site que je découvre et pour l'instant je m'y trouve plutôt bien, donc j'espère à très vite
Publié le 18/10/2024
Avec plaisir Philippe et merci de partager votre belle écriture avec nous. Pensez à mettre une photo de profil ou un avatar, remplir la partie description de votre profil et si vous le souhaitez la ville où vous résidez : cela humanise les échanges et surtout débloquera des badges qui permettent de débloquer à leur tour de plus en plus de fonctionnalités, toujours entièrement gratuitement (nous avons remplacé l'argent par l'échange et le partage, ainsi tout le monde s'enrichît).
Publié le 18/10/2024
Cher Philippe Sabardu, en premier lieu je dois vous féliciter pour le souffle poétique que vous avez et pour ce magnifique poème, qui ressemble beaucoup à une ode. Votre travail poétique est remarquable et encore une fois je vous en félicite. Vous avez choisi un ton intimiste en utilisant le « tu » et le « je » ce qui donne au poème une allure antique, c’est un très bon choix. Votre rythme est fort et l’on retrouve en vous cette grandeur des poèmes du dix-septième siècle où la mythologie jouait un rôle très important. Votre vocabulaire est très varié et la souplesse de la composition absolument charmante. Votre composition est techniquement parfaite, l’alexandrin magnifiquement construit toujours avec sa césure et le souffle de votre inspiration est absolument remarquable. Je n’aurais que trois remarques à vous faire. La première concerne le vers « à quoi me sert la vie puisque je t’ai perdu » le mot vie devrais être suivi d’une voyelle sinon il vous faut prononcer vie en deux syllabes, ce qui nous aujourd’hui serait étrange, et ce qui prolongerait votre vers d’une syllabe. Je retrouve le même problème dans le vers « toi mort et moi perdue, cruelle communion » là encore le mot perdu devrait être suivi d’une voyelle, sinon il faut prononcer le E et le vers passe à treize syllabes. Enfin le vers : « alors me sont venues les espérances folles » présente le même problème avec venues. Ce sont là d’ infimes détails techniques mais votre travail de fête touche la perfection. Vous êtes certainement habitué à écrire en alexandrin et votre participation est un délice pour nous lecteurs, car elle ressuscite le classicisme de la poésie française. Vous êtes un grand poète et j’admire beaucoup votre travail. Merci encore de nous avoir régalés avec cette composition absolument parfaite. Continuez, ce sera un grand plaisir pour tous les lecteurs. Je vous rappelle votre récompense le « voyage bleu » que je vous enverrai si vous donnez à Léo votre adresse pour que je puisse vous en faire parvenir avec grand plaisir un exemplaire. Merci encore et bravo. Cordialement, F. Étienne
Publié le 21/10/2024
Un grand merci MTC Francis Etienne pour ce message, pour cette analyse pour le moins encourageante venant d'un grand spécialiste. J'ai bien peur de ne plus pouvoir trouver de couvre-chef à ma taille pour quelques semaines. Et merci également pour la belle leçon sur le E muet qui a recouvré la parole. Je m'interdis toujours l'apposition de deux voyelles pour éviter l'hiatus (ou le hiatus, l'incertitude demeure) mais dura lex sed lex et de plus la lecture à l'oral "la vi-e" étant de nos jours insupportable, soit on reformule (mais c'est compliqué car ça interdit toutes les terminaisons en ue ie, ée) soit on accepte le hiatus. Alors va pour le hiatus certains passent inaperçus d'autres sont incontournables (il y a) et puis il faut bien admettre qu'on le retrouve chez les plus grands ("Pâle comme la flamme attachée à son cierge") merci donc de cette précision dont je tiendrai compte dorénavant. Je n'ai pas trouvé de solution pour renseigner mon adresse perso mais je n'ai peut-être pas encore accès à toutes les fonctionnalités. Et, je me répète, mais merci encore une fois pour vos encouragements et votre accueil.
Publié le 21/10/2024
Cher Philippe, C'est avec sincérité que j'ai exprimé mon admiration pour votre facilité à construire des alexandrins, et je vous assure, de nos jours, il n'y a pas beaucoup d'écrivains qui sachent manier l'alexandrin. Donc bravo et sincèrement de tout mon cœur et je vous remercie pour votre poème dans la perfection et le style m'a enchanté comme je vous l'ai dit. Pour en revenir à une question technique, le e muet suivi d'une consonne est comme le hiatus une faute courante, mais il est facile de la corriger en faisant suivre ce muet d'une voyelle, ce qui réduit les deux syllabes à une syllabe. Je sais bien que pendant la composition on peut relâcher parfois la vigilance ! Et comme vous le dîtes même les plus grands poètes ont eu à faire face a ce point. En ce qui concerne l'envoi du « voyage bleu ». Je vous propose soit d'envoyer un commentaire à Léo, soit directement de me donner votre adresse dans un commentaire mais c'est moins discret. Il n'y a pas de fonction particulière qui permette de transmettre en toute discrétion une adresse. Léo étant le médiateur du site il vous répondra tout de suite. Encore une fois merci pour ce travail remarquable et bien entendu je ne peux que vous encouragez à continuer à écrire avec ce brio et ce classicisme qui m'ont enchanté. Cordialement, F. Étienne
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