Le temps éteint et tue la flamme du visage
De la grande statue au soir du fond des âges,
Elle en a vu mourir des mois et des années,
Nos ancêtres courir et passer nos aînés.
On regarde devant sans regarder derrière :
Mais qui posait vivant pour la statue de pierre ?
Vivez, volez, cueillez les roses de la vie,
Vous n'êtes pas les premiers à vous être servi.
Érodé par la pluie, par le gel et le vent,
Plus rien ne luit en lui comme on passe devant :
Le géant de granit a perdu son allure,
Son image réduite à de simples moulures.
On ne se souvient plus qui était le grand homme,
Ni sa gloire perdue ni comment il se nomme.
Cet ancien souvenir n’est plus très important
Et pour notre avenir et pour nos vains printemps,
On croit vivre toujours de nouvelles étapes
Mais tous ces anciens jours un beau jour vous rattrapent.
Que tu fus glorifié ne me regarde pas :
Ce ne sont pas tes pieds qui guideront mes pas...
Vivez, volez, cueillez les roses de la vie,
Vous n'êtes pas les premiers à vous être servi,
Vivez, volez, cueillez les roses de l'envi,
Vous n'êtes pas les derniers : de la vie naît la vie...