La place du père,

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Ce texte participe à l'activité : Contemplation

-Viens maman,  viens voir l'océan qui a dévoré le père, ton mari, par cette nuit de tempête et d'orage, quand ni les hommes ni les bêtes n'y trouvent de parades et n'ont que leurs peurs à affronter. 

-Tu n'es pas seule, nous sommes là, dit son frère, comme une paire de coquillages, si ressemblants et dissemblables à la fois.

- Je sais, dit la mère. L'océan fut son linceul. Je ne suis pas seule. L'esprit de votre père s'est agrafé dans vos neurones et dans vos sangs, jusqu'aux muscles de vos corps qui n'ont de cesse de le chanter

et mes gènes y participent avec tout l'amour que nous nous sommes porté.

Je ne suis pas seule

quand le père m'a laissé une paire d'en fants, si ressemblants et si dissemblables à la fois. Vous avez ses yeux. Je viens parfois sur cette plage pour y retrouver mes chagrins apaisés, ses mots d'amour qui naviguent sur ces flots tels de petits poissons argentés, et sur la crête des vagues, je le vois et il a vos deux visages jumelés. 

Vous êtes si jeunes encore mais sa mort précoce vous a renforcés.

Cette plage inconnue est devenue la nôtre. Votre père demeure à sa place. Il n'est qu'une énergie qui nous fait vibrer. 

- Il est l'énergie de l'océan, dit l'un des fils.  

- Et celui de la terre, ajoute son frère jumeau. Et sans l'oublier, il te faudra aimer encore.

- Il faut nous laisser le temps des petites et des grandes marées, que les energies de l'océan et de la terre deviennent ce sable si doux à fouler sous nos pieds.  

 


Publié le 10/11/2025 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 10/11/2025
Vous parvenez à transformer la douleur de la perte en une célébration de la vie, de la mémoire et de la transmission. La mer, omniprésente, devient un symbole puissant : à la fois tombeau, miroir et source d’énergie vitale. La voix de la mère, empreinte de douceur et de force, incarne magnifiquement la résilience. Votre écriture est fluide, imagée, et d’une grande musicalité. Elle touche le cœur tout en éveillant la réflexion. Félicitations Valérie pour ce texte émouvant.
Publié le 10/11/2025
Il faut rendre grâce aux écrivains et aux poètes quelque - part. Vu la vie que j'ai mené, quand elle ne m'a pas menée, j'ai plus voyagé dans les livres que dans la vraie vie. Il m'en reste et heureusement, des souvenirs, des atmosphères, des personnages, des paysages, des expériences intérieures, des émotions, etc. Quand à la poésie, c'est à force de lire des poètes sur le web, car hormis mes récitations d'auteurs bien classiques, puis l'étude de quelques poètes au collège et lycée ( Baudelaire, Verlaine, Prévert... ) sans oublier toutefois la poésie qu'on peut trouver dans des romans, je reste assez ignorante du domaine. Après, j'ai toujours eu de l'imagination, mais aussi car j'ai beaucoup lu. Ce n'est pas inné. Riche de toutes ses lectures, on peut essayer d'en construire quelque - chose. Merci. Car sans vous, je n'aurais jamais eu l'idée d'écrire ça. S 'enrichir les uns les autres...
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