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Les 7 péchés capitaux
C’est l’histoire d’un homme dont le second prénom, Valéry, lui vient de l’admiration qu’avaient ses parents pour le très conservateur Valéry Giscard d’Estaing. On sent déjà le poids sur les épaules du pauvre petit, dès sa naissance, en 1974. En revanche, on connaît mal la vie de papa et maman. On sait seulement qu’ils ont immigré de Tunisie en 1969, mais qu’ils ne faisaient pas partie de l’immigration précaire puisqu’ils fréquenteront de très bonnes écoles, Ange, le père, pour devenir médecin généraliste en Seine–Saint-Denis huit ans après avoir posé le pied sur le continent, Esther, la mère, pour se retrouver gérante d’une boutique de vêtements de luxe à Vincennes.
Conservateurs, on l’est assurément dans la famille ; le jeune Cyril sera ainsi tenu de faire des études scientifiques afin de pouvoir marcher plus tard dans les pas glorieux et thérapeutiques de son père. N’ayant cependant pas assez de caractère pour se rebeller ni l’esprit suffisamment vif pour pouvoir répondre aux espoirs familiaux, le jeune Hanouna redoublera sa terminale avant d’obtenir finalement et laborieusement un malheureux DEUG en biologie. Il n’a pas l’envergure, mais il a les dents. Les attentes de la famille ont dopé son appétit. Il n’est pas spécialement intelligent, ni vif, ni courageux, mais il sent qu’il est temps s’il veut ne pas décevoir sa famille. Mais comment se faire remarquer ?
À 15 ans, passionné de télévision, il s’inscrit au « Juste Prix », émission dans laquelle il fera d’ailleurs sa toute première apparition télévisuelle, en tant que figurant toutefois. Huit ans plus tard, il commencera à enchaîner les petits boulots pour la télé à travers les sitcoms médiocres et les émissions people. C’est notamment lui qui, lors de l’Eurovison 2008, annoncera depuis Paris les points attribués par le jury français à l’ensemble des candidats… Cyril Hanouna est et était déjà tellement orgueilleux qu’il était prêt à tout pour qu’on le voie. Peu importe pour dire quoi. Ce n’est pas pour rien qu’il remporte le « Gérard » de l’animateur pour « Touche pas à mon poste ». Ce n’est en effet pas pour rien car à l’époque, Europe 1 lui octroie une rente mensuelle de 50 000 €. Il a attrapé un tel melon qu’en mars 2015 il postule à la présidence de France Télévisions. Plus tard, il dira qu’il s’agissait d’un canular, il n’en reste pas moins qu’il faut ne pas manquer de vanité pour s’estimer à la hauteur de la présidence de la télé d’état française avec un bagage aussi léger pour ne pas dire inexistant.
Il poursuit cependant son ascension dans l’univers de l’exubérance vulgaire et de la réplique odieuse à tel point qu'en 2015, c’est le financier Bolloré qui décide de lui offrir un contrat à deux cent cinquante millions d'euros pour qu’il reste sur D8, une chaîne de son groupe. C’est le prix à payer pour fausser les élections, Bolloré l’a compris. Plus tard, en juin dernier, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) mettra en demeure Europe 1 de « se conformer, à l’avenir » aux dispositions qui lui imposent d’exposer « avec un souci constant de mesure et d’honnêteté les comptes rendus, commentaires et présentations auxquels donnent lieu les élections ». Mais voilà, le mal est fait.
On sait que l’argent achète les orgueilleux et le mal qu’ils peuvent engendrer mais l’histoire ne nous apprend décidément rien et l'argent achète décidément tout.
Publié le 10/07/2024
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