Pour en revenir au gaillard qui, j’en fais le pari, cumule les sept défauts capitaux, il faudrait que je parle maintenant de son compte en banque pour en venir ensuite à la façon dont il gère son pécule. Cela reviendrait à reconnaître que je le surveille, lui et, en particulier son porte-monnaie et ça, ce ne serait pas beau. Pas beau, mais délicieux tout de même, ce que la morale réprouve, l’humain souvent s’en délecte. Et puis, c’est excusable, non, si c’est la tête d’un vrai salopard qu’on se paie ? N’est-ce pas bon enfant de lui faire rejouer la scène de l’arroseur arrosé, surtout quand il a la fatuité de Cyril Hanouna ?
J’ai appris que ce monsieur — saviez-vous qu’il perçoit annuellement cinquante millions d’euros de la main de Monsieur Bolloré ? — possède un yacht de trois millions d’euros dont le statut commercial permet à son propriétaire de se le louer à lui-même. Ce n’est qu’avec l’aide de son avocat fiscaliste que le petit Cyril, déjà à la ramasse au lycée, a pu débusquer ce tripotage financier qui lui permet de déduire de ses revenus l’argent qu’il se paie à lui-même. « C’est parfaitement légal », crie Hanouna à qui voudrait encore l’entendre. C’est tout aussi parfaitement illégitime, lui répondrait-on si le concept de légitimité pouvait allumer la moindre lumiote dans la cervelle embuée du nabab, on ne répondra donc pas. Cerise sur le gâteau de celui qui affirme qu’il « paie énormément d’impôt en France, qu’il en très heureux et qu’il espère en payer encore plus », sa légale arnaque lui permet de ne pas s’acquitter de la TVA sur tout ce qui concerne son rafiot bling-bling.
Valéry ne fait décidément pas dans la demi-mesure. Il n’emploie pas les membres d’équipage de son yacht « Bianchini », nom issu de la contraction des prénoms de ses deux enfants, c’est une société intermédiaire installée sur l’île de Guernesey, paradis fiscal notoire, qui s’en charge afin d’éviter au parrain du PAF de payer les charges sociales. N’est-ce pas savoureux de constater que le bateau qui porte les prénoms de ses enfants n’échappe pas à la logique égoïste de ce rat. Monsieur Hanouna dispose d’un patrimoine estimé à 85 000 000 d’euros, on aurait pu imaginer quelque prodigalité autour de ses biens associés à sa propre famille. On aurait eu tort.
L’avarice chez les pauvres est une maladie, une trace, une morsure, un héritage qu’on peut comprendre difficile à corriger. Chez les nouveaux riches, elle est une honte qui, très logiquement, doit leur valoir le dégoût sans pardon, la désaffection sans pitié, le mépris définitif.