C'est difficile, la cérémonie d'adieu. C'est particulièrement douloureux, bien sûr, pour les proches mais c'est aussi difficile pour les autres.
Personnellement, je ne sais jamais quoi dire à la rangée d'hommes et de femmes devant moi qui attendent un témoignage, un mot.
Je me suis interdit, il y longtemps, de dire "sincères condoléances", mais je n'en veux pas à deux qui voient les choses autrement. Ces mots codifiés qu'ils disent, c'est peut-être leur façon de dire qu'ils ne sont pas là pour se distinguer, pour trouver un truc intéressant ou singulier à dire. "Sincères condoléances", ça touche aussi par son humilité. Et puis, on ne sait pas dans quel état émotionnel sont ceux en face de nous. On peut tenter de l'imaginer mais on ne peut jamais être sûr. Alors, le "Sincères condoléances" c'est aussi un filet de sécurité. En principe, ça ne devrait pas trop remuer celui qui souffre. Ça passe crème "Sincères condoléances" si on peut dire. Le peut-on ?
Pour ma part, je ne dis rien, je garde le silence, mais le baiser que je donne, je le donne avec tout mon cœur en serrant contre moi celle ou celui devant moi. Une étreinte qui prend son temps, qui écrase la fébrilité, qui arrache aussi peut-être un peu le chagrin. C'est une forme de partage du surplus de tension. C'est le break au basket. Temps mort si on peut dire. Mais le peut-on ?
Et si je ne suis pas assez proche, alors je serre la main, je pose ensuite l'autre encore disponible sur la première et je reste comme ça un temps pour prendre le temps de prendre la mesure de la tristesse et de la partager aussi bien que je peux, c'est à dire assez mal. Mais on ne peut donner que ce qu'on a et ça on le peut.
Je vous demande pardon de ne jamais être capable de faire un texte calibré. Vous voyez ce que je veux dire, non ? Un truc long et triste et lourd et funèbre et plombant et long, tellement long. Je ne vois pas l'intérêt. Court non plus d'ailleurs.
Je me souviens que Cathy riait facilement de mes conneries. Celles-ci, je ne crois pas qu'elle les lira. Toutefois, sortir du sillon ici, c'est ma façon de lui rendre hommage car elle aimait rigoler Cathy ! C'était un public de rêve, Cathy. Qu'est-ce qu'on a pu se marrer avec elle. Oui, on a pu mais ça c'est sûr, on ne peut plus.