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Par les tous premiers mots d’un savant babillage

Le flatteur se présente aux yeux de l’étourdi

Comme un homme de peu dont l’esprit engourdi

Reconnaît le génie à son seul tatouage.

 

C’est avec un discours d’un fabuleux rouage

Que charme le coquin à l’esprit dégourdi

Mais c’est bien un silence à l’accent alourdi

Qu’il jette sous ses mots en lieu de renflouage. 

 

Car il cherche l’orgueil et son poison mortel

Préparant l’imbécile à la table d’autel

Où de son sacrifice il sera la victime.

 

Ainsi se joue au jeu du vice et du hasard

Le sort des tout puissants tombant sous le poignard

De fourbes serviteurs et des fauteurs de crime.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Braises de glaise @2015

 


Publié le 15/07/2024 / 12 lectures
Commentaires
Publié le 15/07/2024
Poésie brillante que nous pourrions colliger à l'atelier d'écriture sur les 7 péchés capitaux. Certes, tout flatteur vit au dépens de celui qui l'écoute. Il n'y a pas d'esclave qui ne se revendique "homme de peu d'esprit" sans "maître" estampillé par une marque, un "tatouage", une marque de distinction. Celui qui prend le risque de flatter s'engage à supplanter le vaniteux naïf. Les deux me semblent ambitieux, l'un sur le déclin, l'autre en devenir. In fine, c'est bien une vanité naïve qui produit la chute vers l'orgueil. "Le fourbe serviteur" ne me semble que l'instrument de sa propre volonté de pouvoir. "Le fauteur de crime" a juste inversé les rôles. Les rôles se renversent, l'un "dégourdi", l'autre "engourdi" mais aucune égalité ne se fait jour entre les deux.
Publié le 15/07/2024
Chère Myriam voilà un commentaire qui me touche beaucoup et dont je savoure le détail. L'expression de la vanité peut-être comme vous le dîtes , en effet ,très diverse. On la retrouve bien entendu chez le fourbe qui se cache derrière une image, ou le flatteur qui au contraire se donne en spectacle pour séduire. La racine de l'orgueil n'est autre que l'égoïsme et l'admiration effrénée de soi-même. Beaucoup plus que l'oisiveté l'orgueil est la mère de tous les vices. On voit des gens de grande intelligence, qui aveuglés par l'orgueil, deviennent des bêtes de somme avec des œillères. Il règne en général dans des cercles de pouvoir, qu'ils soient politiques, littéraires, scientifiques ou religieux. Ainsi vous avez parfaitement raison le fauteur de crime inverse les rôles, car il est très facile de manipuler un orgueilleux comme il lui a été aussi très facile de manipuler une proie par la flatterie. Je me rappelle de cette phrase, tirée des caractères de La Bruyère (de la société 60) qui nous dit fort justement : « le dédain et le rengorgement dans la société attire précisément le contraire de ce que l'on cherche, si c'est à se faire estimer. » Ainsi on pourrait dire comme vous le dîtes si bien qu'il n'y a pas de gagnant ni de perdants ! Merci beaucoup Myriam pour avoir laissé un magnifique commentaire sous ce texte merci surtout pour la fidélité à suivre mes poèmes. Cordialement F. Étienne
Publié le 17/07/2024
Un gros coup de cœur car ce n’est pas banal de croiser un poème en tout point semblable à une fable. La Fontaine s’appuyait sur les animaux pour passer ses morales et je trouve qu’il est bien plus difficile d’écrire les fables mettant en scène les humains sans tomber dans le banal. C’est très réussi, bravo Francis Etienne.
Publié le 21/07/2024
Cher Léo, merci d'avoir eu « un gros coup de cœur » pour cette fable. Tu me mesures à La Fontaine avec tant d'enthousiasme ! Que j'en ris dans mon cœur. J'aime beaucoup la fable et j'en lis. C'est un genre qui m'attire beaucoup. La fable est un déguisement de la vérité. Et comme tout ce qui est déguisement m'intéresse, comme tu le sais, la fable me tente. Je relis en ce moment les caractères de La Bruyère, et en particulier sa traduction des caractères de Théophraste. Ce ne sont pas des fables, mais le terrain dans lequel il puise sa matière, est contemporain du terrain dans lequel La Fontaine puisait sa matière d'Esope. Ce que je veux dire plus simplement, c'est qu'il faut apprendre d'un grand fabuliste la méthode de la fable. La Bruyère et La Fontaine nous la montre. Mais il me semble que je deviens confus… alors peut-être il vaudrait mieux que je me taise. Merci Léo pour ce « c'est très réussi, bravo". Cela me fait chaud au cœur. Une banale idée assise sur la braise berce tout l'univers d'un goût divin de fraise.
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