L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

écrire, c'est se promener

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Quand j'écris, j'ai l'impression que je pars en balade parce que j'en ai envie. Si je suis fatigué ou blasé, je n'écrirai pas. Je sais que ce serait médiocre et il faudrait 15 relectures pour que ça devienne potable.

Je préfère patienter, attendre le goût, le besoin. Alors, lorsque je m'éloigne, je me laisse dériver littéralement. J'attrape au vol un mot, une phrase, une idée que je n'imaginais pas recroiser mais qui me parle et je prends une nouvelle route à partir de là.

J'avais écrit ceci :

Ma journée commençait par la préparation du courrier au deuxième étage d'un grand bâtiment très laid, une espèce de cube gigantesque placé sur un coin de rues. Ses façades, recouvertes d'un crépis gris dégueulasse que des vieux châssis en aluminium nickelés n'égayaient pas vraiment, ne stimulaient pas l'envie d'entrer. Mais une fois à l'intérieur, malgré l'esthétique monochrome nicotine délavé, l'ambiance était chaleureuse. Là où nous préparions notre courrier, l'espace, toute proportion gardée, avait un peu la forme de la Suède mais d'une Suède sous une constellation de néons et nous dessous, qui fumions comme des pompiers. J'entrais par le sud, par Malmö, pour rejoindre Christian, facteur côtier stationné, disons du côté d'Helsingborg. Il n'avait rien d'un viking, moi non plus.

Par hasard, je suis retourné dans ce coin et ça donne ceci :

 

 

Tout ce pittoresque se trouvait au deuxième étage d’un gigantesque cube très laid. La façade, recouverte d’un crépi gris dégueulasse que des vieux châssis en aluminium nickelés n’égayaient pas vraiment, ne stimulaient pas l’envie d’entrer. Mais une fois à l’intérieur, malgré le déprimant monochrome nicotine délavé, on baignait agréablement dans le bizarre flamand truculent postal. Entrer travailler dans le bureau de Bruxelles 5, c'était un peu comme vouloir se baigner dans la mer du nord. Au début ça piquait, ça sentait la gaufre mais pas que et le regard pas franc des mouettes faisait hésiter. On croyait qu'on n'y arriverait pas mais, distrait par la désinvolture ultra des personnages et du paysage, on se retrouvait avec de l'eau jusqu'au nombril et on avait oublié qu'elle était à 17°C.

Une fois, trempé jusque la taille, là où nous préparions notre courrier, l’espace, toute proportion gardée, avait un peu la forme de la Suède, mais d’une Suède sous une constellation de néons et nous dessous, qui fumions comme des pompiers. J’entrais par le sud, par Malmö, pour rejoindre Christian assurant la 2B, facteur côtier stationné, disons du côté d’Helsingborg. Il n’avait rien d’un viking, moi non plus.

 


Publié le 23/04/2023
Commentaires
Publié le 24/04/2023
Au risque de te décevoir, j'adore la première version : "Ma journée commençait...". Je la trouve spontanée, fraiche, authentique, même si (et ça tu sais ce que j'en pense) je n'aime pas l'incongruité du mot "dégueulasse" dans ce contexte (mais tu m'en as expliqué la raison). Contrairement à toi, je préfère les premiers jets (après correction et mini remaniements, évidemment), chez les personnes ayant déjà une certaine qualité d'écriture (comme c'est ton cas maintenant), car très majoritairement les propos ont la saveur du vrai. Pour ma part, j'écris très à l'inverse de toi, non pour me promener, mais par nécessité, par urgence, par souffrance. Même dans des écrits apparemment plus légers ou distractifs, je passe toujours des messages que je pense forts, sinon... je suis incapable de mettre quatre mots les uns en accord avec les autres. Comme quoi, chacun peut trouver son compte dans l'écriture ;-)
Publié le 29/04/2023
Bonsoir Patrice. Je rejoins Jean-Luc, la première version me semble plus fluide et authentique (dans le sens de pas travaillée). Ce sont tes fulgurances et ton instinct (parmi bien d’autres qualités que j’ai déjà eu l’occasion de te dire) que je trouvent souvent percutant, ces idées et sentiments forts qui jaillissent sans prévenir et s’invitent à la table de ton écriture : c’est avec eux qu’il faut trinquer et resservir un verre, pas avec le travail besogneux. Je ne dis pas qu’il ne faut pas travailler son écriture, je dis qu’il ne faut pas que le travail gomme le naturel et l’intention première. À plus tard ;-)
Publié le 30/04/2023
Et je suis sensible à vos réactions. Merci ! ;-)
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