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Les mots écrits la nuit sur leurs pattes de mouche

Avancent pas à pas vers un jour en néon

Dont parfois le silence et son accordéon

Portent le fruit des chairs jusqu’au bord de la bouche.

 

Des claquements de dents et des jeux de babouche

Résonnent obscurément au cœur d’un odéon

Dressé comme la peau d’un vieux caméléon

Qui rôde lentement dans un costume louche.

 

Quelques oiseaux frileux tapissent de leurs yeux

L’obscurité d’un banc dont le soupir crayeux

Réveille les enfants de la beauté d’un rêve.

 

Des masses de cristal sous le poids d’un marteau

Tombent en confettis comme un long concerto

Sur le sable mouillé d’une paisible grève.

 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist ©2023

 

 


Publié le 17/04/2024 / 13 lectures
Commentaires
Publié le 18/04/2024
Rien que le titre est une merveille. Il précède une symphonie poétique faite de mots éphémères qui peuplent des songes malmenés qui semblent bien illusoires. A de suite sur ton autre poème qu’il me presse de découvrir.
Publié le 19/04/2024
Merci Léo, encore une fois tu me touches par tes mots limpides ,et pardon pour répondre avec un tout de suite tardif. Merci. Les chapeaux-claque sont les oriflammes de la fête. On les ôte que pour saluer. Puis la nuit pose son cristal de soie bleue sur nos yeux emplissant de regards les buissons et leurs ombres. Le monde des fêtes est un lampion de l'écriture. Merci encore, cordialement, F Etienne On perd parfois des mots qui tombent de nos cœurs Comme nos bras tendus supplient l'ami vainqueur.
Publié le 19/04/2024
Que dire ? Je lis, je relis, le cerveau posé sur le ring, incapable de se battre face à ces coups de mots qui s'entrechoquent. Obsessionnellement attaché à la terre et la Terre, dont je cherche le sens depuis bien des décennies, je recherche les images que m'évoque cette poésie. En vain, dans l'immédiateté, preuve que c'est réussi. "Des masses de cristal sous le poids d’un marteau Tombent en confettis comme un long concerto" vont tourner dans ma tête aujourd'hui :-)) C'est très beau ! Il y a quelques années, j'avais écrit "Le chant des babounes". Peut-être est-ce la seule fois où je me suis un peu approché de cette belle écriture énigmatique, mais il est vrai que j'étais encore sous le choc des cris d'outretemps des singes hurleurs (babounes) qui me fascinaient beaucoup quand j'ai vécu quelques temps en forêt de Guyane. Chaque nuit, leur cris m'emportaient dans des histoires folles, et mes rêves étaient alors merveilleux.
Publié le 19/04/2024
Cher Jean-Luc, Le magnifique commentaire de votre âme, que vous m'offrez, m'est très précieux. Votre reminiscence de la Guyane, si je ne me trompe, me passionne. Par quel processus ces deux vers vous ont-ils bouleversé au pont d'aller y entendre le cri des babounes ? Cela restera un mystère pour vous comme pour moi. Nous touchons là à la sacralité de l'écriture. Merci pour avoir partagé avec moi ce trésor de sincérité et de vérité. Cordialement, F Etienne
Publié le 20/04/2024
Je sais ! Je sais pourquoi le dernier tercet, en particulier les deux premiers vers, m'a autant accroché, et effectivement tourné dans la tête hier et jusqu'à tôt ce matin. Non pour les babounes (reminiscence effective de la fascinante Guyane), mais parce qu'ils sont en écho parfait de quelques lignes d'un roman que je termine, "Les Amants du Maestrazgo", et qui semble avoir quelque chance d'être publié puisque les critiques auxquels il fut soumis (via Edith & Nous) viennent de m'en faire un retour plus qu'encourageant. Il se veut un vibrant hommage "Aux Cévennes, aux Causses, au Maestrazgo, aux gens oubliés, aux vies sacrifiées, aux impécunieux qui se nourrissent des richesses de leur simplicité, de leur courage et de leurs nobles valeurs, aux tailleurs de pierre et bâtisseurs de patrimoine ! ... aux amoureux", tel que je l'exprime en seconde page. Or, justement, c'est à propos de la taille de pierre. Voici exactement ce que j'ai écrit (avec quelques lignes de plus pour comprendre le sens, puisqu'il s'agit de retrouver des amis tailleurs de pierre dans l'immensité des paysages) : "Je m’entends encore les héler, le cœur rempli de joie de les retrouver après mes voyages depuis Florac, après mes absences de plusieurs semaines. Chaque fois je les trouvais, quel que soit l’endroit où ils œuvraient. Je n’avais pas besoin de plus d’une heure, maximum, pour les dénicher dans ces immensités. Je me révélais doué pour ça, pour la simple raison qu’un truc existe, que seuls des gens qui font le même métier qu’eux et moi faisions peuvent connaître : un son bien spécifique. Quand je ne les repérais pas de loin, je me plaçais sur une éminence silencieuse, dans le sens du vent, ou du moins des masses d’air. J’écoutais attentivement pour déceler le cliquetis si particulier de la taille de pierre. Dans cette région ou le silence est roi, c’est facile. Parfois on entend aussi le petit son mat typique des morceaux tombant les uns sur les autres, un bruit entre celui du métal et celui d’un bris de verre. C’est spécifique à cette roche quand elle est dure. Même à un kilomètre de distance, avec de la concentration, je pouvais de cette manière les localiser." J'ai mis un moment à trouver ces mots précis pour ce son précis. Or, "Des masses de cristal sous le poids d’un marteau Tombent en confettis comme un long concerto" ajoutent une infinie poésie à cette description que je fais. Aussi, cher Francis, ce serait un honneur pour moi si vous m'autorisiez à vous citer (dans les règles de l'art) à cette occasion, comme je cite par ailleurs quelques autres poètes, auteurs et chanteurs (Jacques Brel - Isidore Ducasse - Léo Ferré - Victor Hugo - Alain Bashung - Stromae - Queen...). Je ferais ainsi un rapprochement entre vos mots et les miens pour offrir au lecteur plus de musicalité à cette sonorité si particulière, sans doute en citant le tercé entier plutôt que les deux vers. En fait, la première fois que je vous ai lu, c'est grâce à Patryck Froissart (avec qui j'ai déjà eu quelques échanges), via ses chroniques, et au retard d'un avion ! Coincé dans un aéroport pour trois heures d'attente encore, une dame refermait "Vitraux de songes" qu'elle s'apprêtait à glisser dans son sac. Ayant eu éloge de l'ouvrage, elle me l'a gentiment prêté à ma demande, m'autorisant même à le garder une quatrième heure de plus durant le vol :-)) Par contre, je ne me rappelle pas si "Chapeau-claque" est l'un des sonnets de "Vitraux des songes". Vous "retrouver" sur Le Peuple des mots est donc une chance, et un plaisir. Bien cordialement, Juan (mon alias)
Publié le 20/04/2024
Cher Jean-Luc, ayez toute ma gratitude pour ce commentaire si intime, sincère et confiant, qui m'a beaucoup touché. Vous me ravissez . Je vous félicite pour votre succès et dès que votre ouvrage paraîtra, je vous prie de m'en avertir. L'extrait d'une page que vous m'envoyez montre une âme pure, un cœur valeureux et une compassion pour les autres, dans leurs joies ou dans leurs souffrances. Votre parole porte le sceau de la clarté. Votre amour pour le marbre touche à la peau de l'extase. L'écriture est violente. Sa dureté impénétrable. Son infidélité blessante. Sa sournoiserie constante. Ses trahisons myriades, et pourtant elle est la seule à toucher d'un doigts de gaze à la parole originale, nous en nourrissant de quelques gouttes seulement. Ecrire est un acte de faim. Les poètes sont des prêtres sans soutane. Pour ce qui regarde votre projet de citer dans votre texte ce tercet, bien joli, il est vrai, vous avez mon entière autorisation. C'est bien sûr moi qui dois vous remercier pour ce privilège. S'il vous plait de publier quelques textes que se soient, je vous en conjure, faites-le en totale liberté. Votre aventure dans l'aéoport m'a enchanté. La hasard croise parfois les fils de nos vie, et comme ces pèlerins pour Saint-jacques nous nous saluons la main posée sur la coquille sur le coeur. Ainsi vais-je prendre congé de vous, en vous rappelant mon amitié pour vous, Cordialement, F.Etienne
Publié le 28/04/2024
Si vous saviez comme vous me faites plaisir ! Le corps impose parfois des silences quand il refuse d'écouter ce qu'esprit veut. Mais puisqu'il a son existence (qui m'indiffère trop souvent !) j'ai bien dû me résoudre à écouter son mal, raison de ce retour bien tardif. Je rassure, les deux se sont réconciliés et je vais mieux :-)) Alors je sombre à nouveau dans les délices souvent douloureux de mes écritures, pour qu'aboutissent "Les Amants du Maestrazgo". et je suis heureux d'y glisser les "confettis"... "comme un long concerto". Bien sûr, cher Francis que je penserai à vous avertir si, d'aventure de secrets d'édition, mon roman trouve sa lumière. Quand ? Plus que moi sans doute, vous savez les hasards qui entourent la réponse ! MERCI
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