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Sous la poudre des mots se glisse un angelot

Dont les mains de saphir creusent l’incertitude

De recopier le temps par peur de l’habitude

Pour que chante la voix d’un lointain camelot.

 

Traînant dans sa mémoire un pas et son grelot

Le soldat sanctifie avec mansuétude

Tous les morts de sa vie où par désuétude

Chaque jour se replie au fond de son ballot.

 

Les champs crevés de feu puis les cris de sirène

Remplissent ses regards des fièvres d’une arène

Que le soleil déchire au bout de son couteau.

 

La guerre sème un vent sur les tombes de terre

Que parfois un enfant jouant de son râteau

Plisse comme un rideau qui cache le tonnerre.

 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Braises de glaise @2015


Publié le 11/09/2024 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 11/09/2024
L'incertitude est le lot de chaque humain et ton poème fait planer toute cette fragilité qui peut non seulement tout remettre en question, mais aussi n'importe qui, indépendamment de son statut. Il y a l'incertitude liée à la destinée, et celle qui est le fruit des manquements de l'Homme comme peuvent l'être les guerres, qui condamnent à mort. Ton poème est criant d'une vérité accablante.
Publié le 12/09/2024
Cher Léo c'est encore un magnifique commentaire que tu m'offres ! Oui l'incertitude est un élément humain qui au fond dirige toute notre vie de la naissance à la mort. Rien n'est certain et que serait une vie où la certitude nous serait connue ? La souffrance de l'incertitude est directement liée à la foi. Elle est par définition un lien avec Dieu. On le voit à maintes reprises dans les Évangiles, dans dans lesquels le Christ reproche leur manque de foi à ses disciples. Que ce soit dans la barque au milieu de la tempête ou dans la question de savoir qui serait assis à la droite du Christ, l'expression de l'incertitude est un appel à la foi. Alors bien sûr elle pèse sur notre pensée elle pèse sur nos décisions elle pèse aussi sur la question de notre place dans le monde j'ai écrit quelque part dans le voyage bleu : « si tu doutes de ton doute tu peux être certain de ta certitude ». Et qu'est-ce que douter de son doute sinon refuser qu'il puisse y avoir plusieurs issues possibles à une situation ? Ainsi l'incertitude est l'aiguillon de notre vie qui nous oblige à regarder ailleurs et à dépasser notre condition humaine pour offrir notre vie à son créateur, une vie dont le mystère encore aujourd'hui nous échappe. Merci beaucoup Léo pour me donner l'occasion d'approfondir ce texte avec toi. Cordialement, F. Étienne. Une orange de sucre enrobé de silence plonge sa joue en feu dans un puits d'opulence.
Publié le 12/09/2024
On dirait la vision hallucinée de voyage au bout de nuit «  des champs crevés de feu » mais ça pourrait être sans « sirène »… l’image m’évoque les « engelures aux yeux » dont on parlait pour les malheureux qui restaient figés sur le champ de bataille. La « poudre de mots » à la surface des monuments aux morts s’efface mais elle est destinée aux hommes. Qu’elles creusent bien les mains de l’angelot car en creusant le doute elles gravent probablement le salut.
Publié le 13/09/2024
Cher Myriam, encore une fois je vous remercie pour un commentaire si pertinent et tellement proche du texte. Oui il y a une sorte de voyage au bout de la nuit dans ces lignes et votre image « avec des engelures aux yeux » est extrêmement touchante et très certainement éclairante pour un lecteur. Votre sensibilité à la lecture de mes textes me touche toujours beaucoup je vous en remercie encore. Vous savez extraire un essentiel et vous en savez faire profiter tous les lecteurs. Je me suis souvent penché sur le monde de la guerre, de la bataille, de la mort et et avec l'amertume qu'engendre cet univers, je me suis toujours proposé d'en traduire la terrible et effrayante réalité en poésie. Merci encore pour votre commentaire et à très bientôt.
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