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Bonsoir ma Soeur

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Bonsoir ma Soeur 

 

 

 

 

 

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Qu’est-ce qui poussait cet homme d’âge moyen à constamment remuer le passé ?

 

 

Pourquoi s’était-il dirigé, ce soir-là, vers l’école des Sœurs blanches de sa défunte mère ?

 

 

Qui, aujourd’hui, s’intéresse encore aux manuscrits ?

 

 

Quel auditoire espérait-il ?

 

 

Pourquoi vit-il si mal une société nouvelle, des perceptions autres, des identités malmenées en quête de reconnaissance ?

 

 

Les espaces clos constituent-ils à ses yeux et inconsciemment une sorte de cavité utérine ? De giron protecteur ? Ou était-ce un besoin irrépressible d’odeurs d’antan, d’univers livresque, de silence religieux propice à la recherche ?

 

 

 

 

Il emprunta l’allée centrale qui était assez longue et bordée de part et d’autre d’arbres gigantesques. Il ne s’y connaissait pas en arbres, mais à la vue des racines saillantes, il sut qu’ils étaient au moins centenaires. Arrivé au perron, il se trouva très vite dans une sorte de véranda carrée, plutôt spacieuse. À la droite de la porte d’entrée, un banc tout en longueur, rudimentaire, tout droit sorti des années 50. Des enfants s’y attardaient. Or, les enfants ne s’attardent guère dans les écoles et, à la sonnerie, ils fusent.

 

 

Ce n’était pas une école, mais une bibliothèque. Les personnes sur place étaient des Sœurs et des bénévoles. Il ne savait pas si les enfants, les parents ou les bénévoles portaient le même regard que lui sur cet endroit. Certainement pas, pensa-t-il. Il s’y dirigea avec une charge émotionnelle, avec des souvenirs entendus qui n’étaient même pas les siens, avec du désir touffu et pas toujours saisi de lui-même. 

 

 

Il entra dans la bibliothèque. Le mobilier est le même, se dit-il. Du bois, de l’acajou, peut-être. Des étagères et des livres, des étiquettes, un petit bureau sans prétention et le sempiternel évier dans un coin de la salle, des tables et des chaises assemblées rectangulairement à destination des élèves. 

 

 

L’évier trônait dans un petit espace entre deux blocs d’étagères derrière le bureau de la Sœur. Ce fut lui qui s’inscrit le plus dans son esprit. Pourquoi ? Il n’en savait rien encore. Il imagina sa génitrice en blouse col Claudine s’y affairant en silence et en sourire, comme si elle avait peur qu’on lui reprochât quelque chose. Elle avait toujours eu ce sourire timide et cette mine bienveillante et quelque peu coupable. De quoi au juste ? De rien du tout. C’était sa nature timide, timorée, anxieuse et docile.

 

 

Le lieu sortait d’un passé lointain, il avait quelque chose de vieillot, de studieux et de chrétien, mais aucune odeur n’en émanait. Cette odeur rare qu’il avait au nez, l’odeur des livres et du papier taché d’humidité, l’odeur de l’encre et celle de la soupe d’épinards qui venait des cuisines. C’était ainsi qu’il voyait l’école de sa mère. Il n’y alla jamais, mais il savait qu’elle était ainsi. Il en était même certain.

 

 

Évidemment, elle n’y était pas.

 

 

 

 

 

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Publié le 24/11/2024 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 24/11/2024
Dès l’entame on est assaillis de questions qui nous échappe et dont je ne sais que faire en l’état. On sent de nouveau un écrit très introspectif qui semble caractériser votre style. Avec, de nouveau, la place de l’homme et de la religion qui semblent de nouveau tenir la place centrale de votre narration. A suivre.
Publié le 24/11/2024
Bonsoir Léo et merci de vos commentaires. Ce qui me saisit personnellement c'est le manque lancinant chez ce personnage de la figure maternelle. Il va sur les lieux de la Mama, des ersatz de lieux en réalité, pour espérer y trouver, quelque chose comme des points de fuite. Vous le connaitrez mieux. Il est areligieux, il n'a de déesse que la mer, mais il s'aventure quand même dans ces espaces fermés pour elle, pour la retrouver sur une étagère, ou derrière l'évier à rincer les pinceaux ... Je le suis comme vous. Merci Léo. Amitiés littéraires. Sam
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