Le voyage s'est poursuivi et puis s'est terminé sans qu'il y ait quoi que ce soit à ajouter. En début de soirée, le car nous a tous déposés sur la grand-place nous laissant, Martine et moi, nous séparer sans vraiment nous embrasser, dans une espèce de tiédeur qui nous était devenue coutumière. En face, les parents heureux récupéraient leur ado. Ça parlait, ça rigolait, ça se prenait dans les bras. Si mes parents avaient été là, c'est sûr, leur présence m'aurait contrarié mais la question ne s'est pas posée. J'étais seul pour inscrire le point final au bas du voyage des rhétos mais surtout pour prendre en pleine gueule l'autre, celui qui clôturait une période radieuse de ma vie sans que je n'en sois conscient. Mon âme, si. Une grande tristesse s'est mise à sourdre derrière mes yeux, de celles qui ne font pas jaillir les larmes, jamais, de celles qui mettent l'orbite sous pression, longtemps, sans jamais exploser.