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"Comment on devient écrivain" d'Antoine Albalat - 1925
Chapitre 13 : Le journalisme et les conférences

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Le métier de journaliste. — Les grands journalistes. — Le journalisme et le style. — La manie des conférences. — Alexandre Dumas conférencier. — Le style et les conférences.

 

Un ensemble de conseils sur le métier de journaliste demanderait un volume. Jamais sujet ne fut plus d’actualité. Le journalisme a tout envahi. C’est plus qu’une carrière : c’est une immense réserve d’hommes, une salle d’attente où s’abritent, se préparent et s’épuisent les trois quarts des jeunes écrivains contemporains. Non seulement les débutants cherchent à gagner leur vie dans le journalisme ; mais des gens très arrivés, poètes, romanciers, auteurs dramatiques ou simples fonctionnaires, sont enchantés de remplir une rubrique dans un journal et d’aborder une carrière qui n’exige aucune compétence et où « il y a de la place pour tout le monde ». Un journal comprend une infinité de besognes, articles politiques, articles littéraires, grand et petit reportage, interviews, chroniques, échos, informations, dépêches, tribunaux, correspondances, théâtres. Celui qui a la vocation d’écrire ne demande qu’à entrer dans un journal pour assurer son indépendance et attendre l’avenir.

Le talent d’un homme faisait autrefois la réputation d’un journal. Du temps de Timothée Trimm, on achetait le journal pour lire un article. Il y avait de grands journalistes, comme Louis Veuillot, Carrel, Girardin, Hervé, John Lemoinne, qui furent la gloire de leur profession et quelquefois les maîtres de la politique. Un volume entier n’aurait pas eu plus de retentissement que le fameux article de Chateaubriand dans le Mercure : « En vain Néron prospère, Tacite est né… » L’avènement des feuilles d’information, la partie matérielle, publicité, dépêches, nouvelles, ont rejeté au second plan l’importance de l’élément littéraire, et peu à peu supprimé le rôle du talent personnel dans la presse. Le public a perdu l’habitude de penser et se contente d’être mis au courant de ce qui se passe. Les dispositions intellectuelles les plus géniales ne résistent pas aux déplorables conséquences de l’improvisation quotidienne. Les meilleurs dons d’un écrivain sont à peu près inutilisés dans un journal. On fait simplement partie d’un rouage qui fonctionne. Comme personne, pas même Émile de Girardin, n’est capable d’avoir une idée par jour, on use inutilement ses forces à remonter l’éternel rocher de Sisyphe, qui vous retombe sur les épaules.

Flaubert, dans sa Correspondance, parle des dures besognes auxquelles le journalisme condamne aujourd’hui un poète qui ne veut pas mourir de faim. « Qu’est-ce qu’ils vont encore nous faire faire ? » disait Gautier en arrivant à son journal.

Georges Duval conte, à propos des besognes journalistiques, une amusante anecdote :

« De retour à Paris, je trouvai un mot d’Émile de Girardin me priant de passer à la Liberté, rue Montmartre. Il me demande s’il me conviendrait d’entrer dans sa rédaction. J’accepte avec enthousiasme ; il me fait asseoir et me dit :

«  — Écrivez de suite un article sur la marine du Brésil. Deux colonnes. Vite. Nous sommes en retard.

« Je n’oublierai jamais ma confusion. Je ne possédais sur la marine du Brésil aucun renseignement. Girardin m’aurait proposé d’improviser un discours sur les dépôts pélagiques de la Méditerranée, mon embarras n’eût pas été plus grand. Je lui avoue mon ignorance en la matière ; il rajuste son binocle, fronce les sourcils, resserre son nœud de cravate et, de sa petite voix grêle que j’entends encore :

«  — Si vous voulez réussir dans le métier, il faut vous habituer à traiter tous les sujets, même ceux que vous ne connaissez pas. Le lecteur les connaissant encore moins, le journaliste a toujours sur lui la supériorité d’un professeur, fût-il mauvais, sur des élèves qui sont des cancres.

« J’avais, tout jeune, passé mes examens pour l’École navale, avant de préparer Polytechnique ; je réunis mes souvenirs et entrai bravement dans le vif de mon sujet, agrémenté d’expressions techniques qui me valurent les compliments de Girardin. L’article ne souleva pas une protestation ; pas une rectification n’en détruisit l’heureux effet et, pour que la honte fût complète, trois mois après, je recevais l’ordre du Christ du Brésil ! Girardin m’en félicita[116]. »

[116] G. Duval, Mémoires d’un Parisien, p. 130.

Quelquefois, c’est le contraire qui arrive : on oblige un homme intelligent à écrire des articles stupides.

« Si beaucoup de jeunes gens se croient destinés à briller dans la carrière, c’est qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’est le journalisme. Un jeune licencié ès lettres, candidat à l’agrégation, fut admis un jour dans un journal. Il assista au premier « rapport ». Il lui échut une enquête à faire sur un cambriolage dans une bijouterie. Le lendemain, il eut à suivre un drame passionnel. Le surlendemain…

« Le surlendemain, il vint trouver son rédacteur en chef et lui expliqua naïvement :

— C’est que… je vais vous dire : mon affaire, à moi, c’est plutôt la politique.

« Il s’était figuré, de bonne foi, qu’on l’avait engagé pour écrire « des articles » et donner son opinion sur la situation européenne. Notez qu’il y serait peut-être parvenu : il suffisait d’une interview ou d’un reportage politique réussi pour le mettre tout de suite sur un autre plan. Mais il n’avait pas la patience d’attendre. Il se sentait humilié de travailler dans le « fait-divers ». Il ne comprenait pas le métier. Il n’avait donc, et c’était justice, aucune chance d’y réussir[117]. »

[117] André Billy et Jean Piot, le Monde des journaux.

Émile Zola considérait le journalisme comme un excellent exercice d’assouplissement. Il est possible que le journalisme enseigne à écrire vite ; je crois qu’il enseigne surtout à écrire mal.

L’article de journal est, par sa nature, voué à l’oubli. Henri Fouquier gagna une fortune à publier plusieurs articles par jour, pendant des années. Qui le lit aujourd’hui ? Et qui se souvient de Timothée Trimm ?

Voyez Rivarol. Celui-là fut un maître et méritait de survivre. Esprit léger et profond, espèce de Joseph de Maistre du journalisme, comme dit à peu près Sainte-Beuve, causeur étincelant, auteur d’une sérieuse étude sur la langue française, Rivarol n’a brillé que par la conversation et l’esprit journalistique. Presque rien de ce qu’il a écrit n’intéresse aujourd’hui le public. Son Almanach des grands hommes n’est plus qu’une lecture d’érudition.

On est effrayé quand on songe à l’énorme production que peut fournir une carrière de journaliste. Louis Veuillot a laissé plus de vingt volumes de Mélanges. M. de Sacy a écrit aux Débats, pendant trente ans, à peu près la valeur de trente volumes in-folio, à deux colonnes. « Dans cette vie laborieuse et dévorante qui use les plus forts, dit Labiche, M. de Sacy a trouvé le temps de dépenser, en mille sujets divers, et comme un prodigue, des trésors de talent qui, concentrés en une œuvre unique, eussent été peut-être un monument parmi les chefs-d’œuvre de notre littérature… Au nom des Lettres, regrettons, ce n’est pas assez, gémissons de voir tant de grands et beaux esprits ne pas faire le livre qu’ils nous doivent, éparpiller, émietter leur talent, leur verve, leur bon sens, leurs passions même, dans des œuvres que le soleil d’un jour doit seul éclairer, et qui vont aussitôt s’ensevelir dans ce que M. de Sacy appelait tristement « les catacombes du journalisme »[118].

[118] Labiche, Discours de réception à l’Académie.

Voilà les inconvénients du journalisme ; voilà les dangers contre lesquels il faudra vous défendre.

Mais si vous avez réellement la vocation ; si vous aimez le journalisme pour lui-même ; si vous voulez à tout prix suivre cette carrière, alors la question change. Il s’agit de tirer parti d’une inclination impérieuse et de vous créer une notoriété dans un monde composé de personnes profondément indifférentes aux questions d’art et de perfection. Or, cette notoriété, vous ne l’obtiendrez que par le style, l’expression, la forme, l’originalité, l’esprit, autant de choses, comme nous le disions, qui n’ont pas, en général, une grande valeur d’utilité dans un journal d’informations.

Il est difficile de bien écrire, quand on est forcé d’écrire tous les jours, à la hâte, presque sans retouches. A première vue, la plupart des articles de journaux semblent parfaitement bien écrits. Le lendemain, ils ont perdu leur saveur ; un an après, ils sont illisibles. Aucun article d’actualité ne survit à l’actualité. L’intérêt cesse avec l’intérêt du moment. Je ne connais que Veuillot qui supporte l’épreuve d’une seconde lecture.

Il faut donc, de toute nécessité, si vous choisissez la carrière journalistique, soigner votre improvisation, écrire lentement, ne rien laisser au hasard, se maîtriser, se condenser, ne pas craindre de refaire ses phrases et surtout (ceci est essentiel pour bien se juger) ne jamais livrer un article avec des ratures et des corrections, mais le recopier soigneusement, afin de pouvoir le relire sur page propre ; sans cela vous serez étonné, ayant cru bien écrire, de n’avoir produit qu’un style plein de négligences, un style à escaliers et à régimes indirects, contourné, bistourné, qui choquera ceux qui ont encore quelque souci de la diction et de la grammaire.

Le grand vice de l’article de journal est sa rapidité. On le fait toujours trop long, parce qu’on n’a pas le temps de le faire plus court. Que de choses pourraient être dites en moins de mots ! Un article ne porte que s’il fait balle, s’il va droit au but, si c’est un tout bien construit. M. Gauvain publie dans les Débats des modèles de ce genre.

Parmi les conditions essentielles à la rédaction d’un bon style de journal, le respect de la langue s’impose par-dessus tout. L’influence des journaux est désastreuse pour la langue française. Au nom des pures traditions classiques, par patriotisme autant que par goût, on doit réagir contre ce mouvement de décadence et de corruption qui déshonore l’art d’écrire. L’américanisme, les sports, l’automobile, l’aviation, la politique ont fait de la prose de journal une espèce de jargon, argot de courses et d’industries, anglicismes ridicules, néologismes barbares, imbécillités verbales, dont un collectionneur d’aberrations formerait un recueil scandaleusement drolatique. Jamais la langue française ne subit de tels ravages.

Ces habitudes de style nous ont fait oublier les spirituels articles des bons journalistes d’autrefois, car il y en a eu d’excellents et qui ont enchanté nos pères. Se rappelle-t-on le succès de Jules Lecomte dans le Monde illustré ? Qui relit Émile de Girardin ou Albert Wolff ? On s’est moqué des causeries anecdotiques que Jules Claretie alimentait par un intelligent système de fiches. Aurélien Scholl est mort tout entier. Qui lit Henri Fouquier et Armand Silvestre ? Rochefort lui-même est déjà bien loin de nous. Le journalisme ne laisse après lui que quelques rares noms, qui surnagent, comme les naufragés de Virgile, dans un océan d’oubli.

Encore une fois (ce sera la conclusion de ces courtes lignes), les écrivains de journaux doivent bien se persuader qu’on ne peut se faire un nom que par le talent, le souci du style, la facture, la forme. C’est toujours par la littérature qu’on arrive, même dans le journalisme, qu’on écrive ou qu’on parle, qu’on fasse des articles, des sermons ou des conférences.

Rarement improvisées, presque toujours écrites, les conférences sont un genre de littérature comme un autre et qui relève, par conséquent, lui aussi, de l’enseignement du style et de l’art d’écrire.

La manie des conférences nous vient d’Angleterre. Le sermon et le speech laïque furent toujours à la mode dans ce pays de discussion en plein air. La conversation publique y fut d’abord religieuse, et prit très vite une tournure politique qui élargit son champ d’action et son auditoire. Firmin Maillard nous a laissé là-dessus d’intéressants renseignements[119]. Dickens parcourut l’Amérique en lisant ses œuvres, comme plus tard Jean Aicard récitant chez nous sa Chanson de l’enfant et ses Poèmes de Provence. La mode des conférences commença sous le second Empire, avec Weiss, Philarète Chasles, Louis Ulbach, Élisée Reclus, Pelletan, Deschanel, Hébrard, Prévost-Paradol, Vallès, Méry, Weill, Baudelaire… Legouvé et Sarcey furent de célèbres conférenciers. Sarcey s’était fait une popularité avec sa brusquerie bon enfant, qui allait jusqu’à s’interrompre pour se plaindre d’un courant d’air. Mais le type du conférencier pour dames, celui que nul ne surpassera, c’est Caro. Qui n’a pas vu les pâmoisons qui accueillaient le cours de M. Caro, ignorera toujours la gloire que peut donner un public féminin. M. Caro enseignait la morale, la philosophie, la métaphysique. C’était du délire. M. Bergson lui-même n’a pas connu de pareils transports.

[119] Cité des intellectuels, p. 137.

Tout le monde n’est pas destiné à devenir l’idole des dames. Il y a des conférenciers sérieux qui cherchent le succès sans l’atteindre et il y a des conférenciers folâtres qui sont cependant très écoutés. On sait l’histoire de ce plaisantin, qui, commençant une conférence sur la littérature lapone, arrive sur l’estrade, une gorgée d’eau et prononce cette phrase : « Mesdames et Messieurs, il n’y a pas de littérature lapone. »

Un jour, un de nos amis essaya de démontrer devant un public mondain que Cyrano de Bergerac n’était pas un chef-d’œuvre. Il choisit et lut les vers les plus ridicules. Tous furent applaudis, et le succès de la conférence fut pour Rostand.

Depuis 1890, avec Faguet, Brunetière et Jules Lemaître, le fléau des conférences s’est scandaleusement propagé. La conférence est devenue aujourd’hui une profession internationale. Le conférencier boucle sa valise, touche des cachets, fait partie d’une troupe et, tout rayonnant de projections cinématographiques, parcourt la France et l’étranger, Hollande, Belgique, République Argentine ou Côte d’azur. Il existe des sociétés de conférences musicales, philosophiques, historiques, archéologiques, littéraires, pour dames, pour jeunes filles, pour enfants, pour rien du tout, pour le plaisir de débiter des anecdotes qui traînent dans tous les livres. Modes, chapeaux, toilettes, cuisine, érudition, grammaire, tous les sujets sont bons. Le temps d’ouvrir un volume et de prendre des notes, et on court se faire applaudir.

La conférence a un avantage : elle supprime l’effort. C’est à peine si l’on s’aperçoit qu’on vous enseigne quelque chose. Ce n’est pas apprendre, ce n’est pas s’instruire : c’est aller au théâtre ou dans le monde. On y retrouve l’atmosphère d’un salon où l’on cause. On ne prendrait pas la peine de lire une conférence dans une revue ; on va l’écouter parce que c’est la mode, parce qu’on y rencontre Mme X… ou Mme Z… et qu’on peut en parler chez ses amies : « Ah ! ma chère, vous y étiez ? C’était exquis ! »

La conférence est à la portée de tout le monde. On n’a même pas besoin d’être orateur. Il suffit de savoir lire. Jules Lemaître lisait admirablement et avait toujours l’air d’improviser. Il faut que la lecture donne cette illusion ; sans cela les auditeurs restent froids. On l’a bien vu pour Alexandre Dumas père. Ce fut une joie dans Paris, quand on apprit que le célèbre écrivain, l’intarissable causeur, allait probablement raconter de vive voix les pittoresques souvenirs de sa vie ! Au lieu de cela, qu’on se figure la déception de l’auditoire, lorsqu’on entendit l’auteur de Monte-Cristo parler tranquillement de Jules César, Virgile, Cicéron, Delacroix, etc. Ces amplifications furent froidement accueillies. « Dumas file sur la province, dit Firmin Maillard, le froid le suit à Valenciennes, à Lille où les ouvriers typographes l’ont prié de faire une conférence à leur bénéfice et auxquels il répond : « Mes enfants, vous êtes les mains avec lesquelles je mange depuis quarante ans ; il est bien naturel que la tête vienne au secours des mains. » Malgré cela, le froid persiste, Dumas gagne l’étranger ; Venise et Vienne ont pour lui le même climat, il ne retrouve un peu de chaleur qu’en Hongrie, où il a l’heureuse idée d’apparaître costumé en Hongrois. Cette attention lui concilie tous les cœurs. Pourquoi cet insuccès, lorsque tant d’autres… Tout simplement parce qu’au contraire de ce qu’on attendait de lui, il ne parle point, il lit, à la papa, sans lever les yeux, le nez dans ses papiers, trébuchant à travers les lignes et ne sortant des endroits difficiles qu’après un silence mortel pour celui qui lit et pour celui qui l’écoute…[120]. »

[120] Firmin Maillard, La Cité des intellectuels, p. 141.

« Les conférences, disait Mme Ancelot en 1860, c’est le monologue installé sur les ruines de la conversation. » Les radoteurs ont remplacé la conversation, en racontant ce que tout le monde sait. « Je ne connais pas ce sujet. Je vais écrire un livre là-dessus », disait un plaisant auteur.

On est stupéfait de songer qu’il y a des jeunes filles qui entendent quelquefois deux conférences par jour ! Dans quelle confusion doivent se débattre ces pauvres cervelles féminines qui croient pouvoir retenir quelque chose ! Si encore on prenait des notes ! Mais qui a le courage de prendre des notes ? Et puis, noter quoi ? L’histoire de France, l’histoire de la littérature ? A quoi bon ? On trouve tout cela dans les livres.

« Il ne faut pas s’imaginer, dit Marcel Prévost, que les conférences vont remplacer l’étude chez les auditeurs. Il ne faut pas même s’imaginer qu’elles peuvent remplacer des cours. Elles sont, sans plus, un studieux plaisir : ce qui est bien quelque chose. Même les parcelles de savoir qu’elles sèment dans telles têtes de linottes empanachées ne sont pas entièrement perdues ; snobisme pour snobisme, j’aime mieux celui d’Armande que le snobisme du bridge ou du tango. Vive la mode du savoir, de l’intelligence, de la culture, ne fût-ce qu’une mode pour quelques-uns et quelques-unes ! Le côté dangereux de la mode conférencière, c’est que, sous ce nom de conférences, on puisse abriter des denrées si diverses — quelques-unes nuisibles. Le choix des sujets n’exclut pas les pires niaiseries : on a conférencié sur la matchiche. Le choix des conférenciers est souvent quelconque, guidé surtout par le désir d’allécher le public en l’étonnant. Beaucoup de conférences sont préparées à la hâte, débitées au petit bonheur par des façons de bègues[121]. »

[121] l’Art d’apprendre, p. 117.

Tout cela n’est que trop vrai ; et que de choses il y aurait encore à dire !

Mais à quoi bon récriminer ? Prenons la conférence pour ce qu’elle est. Bonne ou mauvaise, c’est une œuvre littéraire. Tâchons donc de la bien écrire. Étudiez votre sujet ; efforcez-vous d’être original ; soignez le fond et la forme, et ne vous contentez pas de répéter ce que vos auditeurs peuvent lire dans n’importe quel ouvrage. Il est scandaleux de voir des conférenciers résumer tranquillement l’histoire grecque ou romaine, ou de simples manuels de littérature française.

Les conférences sont ordinairement fort mal écrites. Elles font illusion sur le moment ; en réalité, elles ne supportent pas la lecture.

On doit écrire une conférence comme on écrit un livre, et appliquer à ce genre de discours ce que nous disions des Sermons : « Ce sont les bons écrivains qui font les bons orateurs[122]. »

[122] En blâmant les conférences, je fais une exception, bien entendu, pour les leçons d’enseignement professionnel, conférences agricoles ou autres, qui peuvent être si utiles aux cultivateurs ou aux ouvriers.

 

Publié le 13/09/2024 / 17 lectures
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