La passion selon Francis Etienne Sicard Lunquist valait bien un ouvrage qui nécessita 6 ans d’écriture entre Berlin et Londres. « Le voyage bleu », magnifique et intense ouvrage de poésie en prose, est pareil à un songe qui invite à l’audace et à l’écoute des plus honnêtes sentiments. Un voyage onirique et initiatique qui accompagne le narrateur dans une introspection comme il m’a rarement été donné de le lire.
Un voyage intérieur avec pour point de départ l’enjeu de la rétrocession d’une ile grecque (l’auteur s’inspira de celle de Délos qui n’est autre que celle qui vit naitre Apollon, dieu entre autres de la poésie) à une reine blanche dont le courroux n’a d’égal que son impitoyable cruauté, qui n’aura comme objectif que la soumission totale de ceux qui ne se soumettent pas.
Un affrontement qui nécessitera du narrateur qu’il fasse sien, les mots, la parole, le langage pour (re) naitre et se forger sa propre identité. Une quête de sens incarnée par des personnages marquants qui se succèderont et questionneront, pour faire de cette parole un outil de réflexion. Répondre sans fard, comme à un miroir renvoyant au plus profond de son âme et de son cœur.
« Il arrive qu’à des moments nos vies se vident comme des baignoires percées ». Refaire le plein de ce qui s’est tari. L’occasion de faire le point sur la part de ce qu’on laisse et la part de ce que les choses ou les êtres gardent de nous. On y lit la nostalgie d’être, mais aussi la fougue des désirs et plaisirs charnels, tout là-haut, sur la crête des sens. On y lit aussi la cruauté des habitudes qui se muent en obsessions sacrificatoires. On y lit l’humain dans toute sa fragilité.
Tout le long de ce voyage, l’importance des mots pour que « toutes les civilisations ne se rejoignent pas à un point précis de la peur : le silence. ». Les mots pour recouvrir les déserts de solitude ; y compris d’avoir « le courage de donner un nom à une impasse ». Les mots pour sauver la mémoire et contrer le temps. Quitte à « posséder un savoir condamné à rester l’unique sens de la vie ».
Les mots comme un antidote, exhortant à prendre le temps de renouer avec soi, de s’écrire, sans calcul, comme l’illustre ce magnifique passage :
« Je comprends que votre recherche soit un voyage au fond de la vie, mais je vous le demande, faites-en d’abord un livre dans lequel vous trouverez le succès de votre noblesse. On vous reprochera d’avoir perdu du temps, mais vous le savez désormais, vous avez touché les étoiles d’or de la passion qui vous ronge et vous fait vivre.
On vous reprendra en vous disant que vos pages sont sans suite et comme supportées par aucun canevas, mais attendez le temps des maîtres qui eux, trouveront le sens précis de vos mots et qui se laisseront porter par les lourdes structures de votre écriture, vers la lumière qui vous habite.
Si vous me faites un peu confiance, je ne vous donnerai qu’un seul conseil, taisez-vous, ne parlez plus, mais écrivez. Écrivez, mais ne donnez à personne une seule de vos pages sans être certain que vous êtes un des fils de la lumière. N’attendez pas la récompense car elle est un mauvais salaire et vous êtes un prince qui ne parle pas de paie. Je vous encourage à le rechercher en vous, mais non plus en dehors de vous. »
Ce voyage bleu est une quête de soi à l’aune d’une révolution en ordre de marche : « Le courage d’écrire est un acte de rébellion ». Un combat mené sur le fil du rationnel et de l’irrationnel, un équilibre périlleux qui guette l’aliénation. La dualité, un thème cher au poète. Un fil ténu avec d’un côté les souvenirs précaires d’un monde révolu et de l’autre un monde à réécrire et à réinventer en s’affranchissant des souffrances.
Nous retrouvons dans ce voyage bleu toute la dualité qui est un thème qui revient souvent dans la poésie de Francis Etienne Sicard Lundquist, de même qu’une ville qui a inspiré bon nombre de ses poèmes, mais je ne vous en dirais pas plus.
Ce voyage bleu est une ode intense à l’écoute de soi pour faire jaillir et célébrer ses passions. Un halo de vie, alimentée de la transfusion des âmes : « Nous, c’est le long voyage à travers toi et moi »
« Je ne veux pas que cette ile soit la fin de mon voyage, car elle est en fait le but. »
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