La pauvreté, c’est triste. Il peut y avoir le manque d’argent, mais je ne parle pas de ça, je parle des jours vides où rien de neuf ne se passe. Ces jours-là, on s’appauvrit et on devient cons, on s’enterre dans sa beaufitude, on se confine dans sa petite tête creuse de certitudes. À ne rien découvrir, on s’enfonce encore un peu plus dans ce qu’on sait ou plutôt dans ce qu’on croyait savoir. Il y a parfois de petits miracles pour les chanceux sensibles à la musique. Des flashes les ramènent à la vie, les sortent de leur coma cérébral en leur faisant découvrir d’autres qui, à travers leurs sons, apportent de nouvelles réponses, de nouvelles questions, de nouveaux rêves. Mais la musique ne suffira pas car je suis affamé. C’est ce qui me fait me lever le matin, ce grand vide, cette large dépression, qui me creuse le ventre et m’empêche de penser sérieusement à quoi que ce soit d’autre que me nourrir. Il faut partir, mais pas trop longtemps parce que sans ma blonde, je suis foutu. Partir quand même, à petites doses, pour qu’elle m’aime encore. Si je ne me noie pas dans la bêtise ambiante, si je parviens à me maintenir à la surface, elle m’aimera peut-être toujours. Et avec elle, moi.