Noël tout proche. Décos sorties. Sapin guirlandes et boules.
Je lis à haute voix :
“Un jour, le meilleur de tous les bons jours de l’année, la veille de Noël, le vieux Scrooge était assis, fort occupé, dans son comptoir. Il faisait un froid vif et perçant, le temps était brumeux [...] À voir les nuages sombres s’abaisser de plus en plus et répandre sur tous les objets une obscurité profonde, on aurait pu croire ...”
À ma lecture, ma grand-mère s’est assoupie.
J’entends du bruit. Des voix. Des pas - presque. Désincarnés. Ou peut-être une femme.
Elle soupire. Je me lève. Je suis au grenier. J’en ai ouvert la trappe. Elle a grincé. Je me suis hissée. Je traîne déjà mes chaînes.
Éclat de lumière. Vision. D’un vêtement blanc immaculé. D’un couvre-chef. D’un mouchoir. Androgyne et sans âge.
Suis transportée. Par “ça”. Sans être effrayée. Hors du grenier.
Je survole le temps lumineux. Les champs dans l’obscurité. Au cœur de mon passé. Pupitre d’écolier. Retour de classe. Grand-mère.
Puis les crapés les gaufrettes. Le lait tout chaud dans la cuve. Les œufs sous le cul des poules.
J’éteins l’esprit de mon mouchoir. La vision est brisée. S’écroule sur le sol.
Ma grand-mère est morte.
à ma grand-mère partie ce 22 décembre