L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

Avez-vous vu la nuit sous son crêpe de veuve

Longer les quais éteints et fouiller le canal

De ses doigts accrochés aux larmes d’un fanal

Sans que le moindre bruit de son ombre s’émeuve ?

 

Connaissez-vous la peur de tomber dans ce fleuve

Dont le flot se confond au brouillard hivernal

Le temps de découvrir l’horreur d’un tribunal

Qui juge sans regret et sans aucune preuve ?

 

Donneriez-vous du pain aux bouches de l’enfer

Si vous saviez aussi que la douleur du fer

Percent le cœur des gens qui cherchent la lumière ?

 

Pourtant des reflets d’or inondent vos regards

Lorsque s’ouvre le temple où sous la meurtrière

S’écroule un corps criblé de lames de poignards.   

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre@2014


Publié le 30/10/2024 / 13 lectures
Commentaires
Publié le 31/10/2024
La nuit fascine et inquiète bien souvent et sa pénombre coupable de tendre des pièges (fleuves et brouillard) et lieu de toutes les conspirations menant jusqu’au « corps criblés de lames de poignards ». J’ai pensé à Benise que tu affectionne particulièrement, avec ses canaux, ses mystères, les intrigues… et les masques. Merci du partage Francis Etienne, à plus tard.
Publié le 31/10/2024
Cher Léo merci encore pour ce commentaire qui montre encore une fois, avec quelle attention tu lis les textes que j'écris. Bien entendu tu as très vite fait le lien avec Venise, qui est par excellence une ville de la nuit.Ses palais chassent l'ombre à leur cascade de lumière, ses canaux renvoient la voûte du ciel comme un miroir, mais ses ponts, ses passerelles, ses ruelles, ses passages cachent le mystère du meurtre, la cruauté de la vengeance, la punition du traître. La nuit est un masque comme tu le dis si bien et sous le masque la parole se transforme et avec elle le monde politique de l'écriture. C'est aussi pour cela que j'aime la nuit. Et j'aime particulièrement ces deux points de la nuit que sont le crépuscule et l'aube, qui marquent les frontières, comme si cet espace entre l'ombre et la lumière devenait un miroir au travers duquel nous devions passer. Je n'oublie jamais que Dieu créa d'abord la nuit avant de créer le jour dans l'ordre du temps. Cette vision biblique, on la retrouve dans l'écrasement du temps la nuit. Celui qui a travaillé la nuit connaît très bien cet écrasement du temps. Il semble que les heures n'ont pas les mêmes longueurs, que les secondes ont une profondeur différente que même la lumière, fût-elle artificielle, devient magiquement source de rêve, de peur, ou de vision. Ainsi la nuit à une place toute particulière dans la poésie. L'opéra, lui aussi, lui accorde une importance première. Bien des drames se préparent la nuit, bien des crimes se perpétuent la nuit, bien des romances se nouent la nuit. Ainsi la nuit est l'écran parfait de l'écriture poétique. Merci encore Léo pour m'avoir encore donné l'occasion d'approfondir quelques lignes de ce poème. Merci encore mille fois et a tout de suite. Cordialement, Francis Étienne. Des lampions de sommeil coulent des larmes lentes Sur la peau de vermeil de vierges indolentes
Publié le 31/10/2024
Bonjour Francis Etienne, je fais, à travers ce texte, votre rencontre, et il montre une nuit vis-à-vis de laquelle nous sommes attirés, comme par le diable, et repoussés par sa monstruosité qui souligne son aspect inquiétant. Cette nuit semble nous manipuler, on ne peut faire autrement que la suivre, et elle est sans pitié comme nous pouvons l'être d'ailleurs. Ne serait-elle pas un reflet du côté sombre de l'être humain ? En tout cas le texte est très intéressant, merci de l'avoir partagé !
Publié le 31/10/2024
Cher Lucile, merci pour votre magnifique commentaire que je partage en tout point; la nuit en effet montre un monde particulier et je dois vous avouer que j'ai vécu une grande partie de ma vie dans la nuit pour voir travaille la nuit et pour aimer la nuit. Son voile de mystère qui titille nos peurs, son lot de surprises inattendues et surtout la si particulière dimension du temps m'ont toujours inspiré. Peut-être aussi l'approche du côté sombre de l'homme, qui comme vous le dîtes fascine. Merci encore pour ce commentaire et surtout merci pour avoir pris le temps de découvrir un de mes nombreux sonnets. Cordialement Francis Étienne
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