A l’ouvrage du temps les outres de la nuit

Versent sur les palais des ruisseaux de poussière

Qui lèchent les miroirs de leur langue princière

Sans pour autant saisir le brouillard qui s’enfuit.

 

Un parfum inconstant que le désir poursuit

Tache l’or des lambris et la peau de sorcière

D’une ombre dérobant dans une gibecière

La clef d’un continent que le vent a détruit.

 

Quelques débris de mots et des bouches de nacre

Flottent dans de l’encens au prix d’un simulacre

Plongeant le ciel d’été dans un brasier ardent.

 

Les feuilles du soleil dont la couleur se fane

Soudain bavent du sang qu’une obscure gitane

Souille de son regard percé d’un cri strident.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014


Publié le 15/04/2025 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 16/04/2025
J’ai pensé à la lecture de ton magnifique poème au tableau du très créatif Dalí « Persistance de la mémoire » qui s’achève sur le fameux « cri » de Munch. Ta poésie est une galerie d'émotions, de références et de couleurs dans ce cas précis, combien même elles se fanent. Merci Francis Etienne.
Publié le 16/04/2025
Merci surtout à toi Léo pour avoir pensé à rapprocher ce poème de deux grandes œuvres que j'admire beaucoup particulièrement le cri que j'ai eu l'occasion de contempler à New York au Moma tout comme persistance de la mémoire. Ce sont deux œuvres qui sont en dehors du champ de ma sensibilité pour la peinture, mais qui vues en réalité m'ont particulièrement touché. Je ne les avais vues qu'à travers des reproductions mais je dois dire que bien que très intéressé par cette expression de deux peintres majeurs je n'avais pas toujours appréciés la qualité des hommes qui en étaient les auteurs. Cela veut dire qu'il faut être en contact direct avec un tableau pour en apprécier toutes les vibrations émotionnelles. Il est vrai que dans les galeries d'art et les musées je me promène plutôt dans les allées qui présentent des toiles du 17 au 18e siècle avec quelquefois des incursions dans le 19e siècle mais plutôt le 19 siècle allemand. C'est toujours cette hantise du classicisme qui me fait traverser l'art avec des œillères parfois mais je pense que personne ne contemple les chefs d'œuvre également. Nous avons tous nos propres attirances vers un style ou une époque particulière et nous ignorons bien à tort les autres mondes de l'art. Cette tendance s'applique aussi à la littérature. Nous ne lisons que ce qui nous semble être familier tout en nous étonnant mais si parfois un ami nous ouvre le chemin d'un autre monde nous constatons que nous sommes passés à côté de quelques belles œuvres et peut être d'un grand auteur. Pour en revenir à ton propos et ton commentaire au sujet des couleurs, je suis là encore très étonné et surpris que tu puisses naturellement percevoir ce qui n'est pas directement exprimé par le texte mai l'est par la poésie. Merci de ce trait de commentaire tellement riche pour moi. Merci encore de tout mon cœur pour ta si fidèle lecture et ta si précieuse amitié A plus tard, Léo. Cordialement, Francis Etienne. Une lune en soie ocre ondule sous le vent et verse un lingot d'or sur le toit d'un couvent.
Connectez-vous pour répondre