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Une aventure de célibataire

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UNE AVENTURE DE CELIBATAIRE

Je ne suis plus puceau mais je ne suis pas en couple et je ne peux me prévaloir actuellement d’une copine ou d’un copain.

Mes histoires amoureuses foires, elles ne durent que le temps de la découverte et aucune ne s’est installée dans le temps plus de quelques mois. Je suis ambivalent entre libre célibataire disponible et célibataire frustré et mauvais compagnon.

Pourtant, j’ai un certain succès auprès des femmes souvent plus âgées que moi et durant des périodes successives fort variables, je me suis engagé et puis … je n’ai pas toujours été à l’initiative de la fin de l’histoire.

Il m’est arrivé quelque chose de particulier dernièrement lors de mon anniversaire fêté à mon domicile. Je suis entouré de groupes d’amis qui eux-mêmes sont venus accompagnés par d’autres inconnus de moi. Il faut dire que là cette année, l’appartement était très petit pour le nombre, nous avons fini la nuit en boîte. J’ai eu droit aux blagues habituelles sur le fait que j’avais à ma disposition de jeunes et moins jeunes en chasse de partenaires, que c’était vraiment l’occasion d’en profiter, qu’il suffisait de cueillir les disponibles, que la fête se terminerai avec une femme dans mon lit …

Avec le nombre d’invités, les bouteilles étaient nombreuses et l’alcool à gogo pour tous les goûts. D’ailleurs, j’en ai profité et j’étais déjà bien pompette avant le déplacement vers la boîte de nuit, réservant une pause de fraîcheur et de reprise de l’équilibre.

J’aime cette ambiance où les corps se frôlent, se frottent, s’enlacent, les mains qui ne nouent, les cheveux emmêlés, les lèvres qui se cherchent … plongé dans la transe musicale.

J’ai tourné avec Noémie, nous avons dansé en trio avec Laure et Carine, j’avais une touche avec Maryse ; mes mains étaient baladeuses. Je me suis esquivé aux toilettes au travers d’un couloir sombre. Soudainement, e me suis retrouvé entouré par des mains fermes de personnes resserrées autour de moi, un liquide froid et au goût chimique m’a été introduit dans la bouche et un collant enfilé sur la tête à travers lequel je ne voyais rien de précis. Une voix inconnue et masculine m’a susurré à  l’oreille : « maintenant, tu ne t’appartiens plus, tu m’appartiens. Je t’ordonne de déployer tout ton attirail de séduction pour séduire la personne que je t’enverrai. Tu la rendras folle de toi et dans un mois, tu t’en débarrasses. Attention, tu es surveillé et si tu ne respectes pas la consigne, tu morfleras grave ». Ils se sont dispersés avant de réaliser ce qui m’arrivait, j’ai tiré le collant et titubant j’ai poursuivi pour vider ma vessie bien pleine. Et je suis reparti dans la mêlée agitée en me répétant en boucle les phrases de consignes et de menaces.

Avant de retrouver des partenaires, j’ai dansé seul un moment avant de rejoindre mes amis.

J’étais avec Maryse quand une silhouette inconnue décolleté et robe courte s’est plantée devant moi, m’a mis une main derrière ma nuque et dit à l’oreille : « c’est moi ». Je n’ai pas bien réalisé, elle devait se tromper, elle a réussi à éjecter Maryse et s’est coulée contre moi. J’ai pas réagi. Je me sentais bien contre elle, à peine plus petite que moi, son visage dans mon cou.

Les souvenirs de la suite de la nuit sont assez confus, un trou de mémoire et un sentiment d’excitation. Au matin, elle était encore endormie près de moi, les cheveux éparpillés sur l’oreiller, le drap laissait découverte son épaule, elle me tournait le dos ; nous avions fait l’amour.

Un petit matin presque familier, la tête encore défoncée, le corps épuisé, presqu’une sensation de joie pure et de calme.

Elle, Mounia, s’est installée dans mon quotidien, elle bossait dans une agence de voyage avec des horaires de bureau et moi, programmateur informatique, j’avais les mêmes horaires. Le reste du temps, nous passions beaucoup de temps à nous embrasser à pleine bouche et sur tous le corps, nous câliner, faire l’amour. Pas d’efforts, c’est comme si on se connaissait par cœur depuis longtemps, tout était léger, sans frustration. Réciproque séduction. Nous étions en tension l’un envers l’autre à la recherche du plaisir, des rires, de sensualité, de surprises, de cadeaux attentionnés et de curiosité. Je me sentais séduisant et en confiance.

Furtivement, me revenaient les paroles de menaces proférées au cours du guette apens dans le couloir de la boite de nuit. Cette relation semblait couler de source, je sentais bien que j’étais attentif à tous ses désirs sans me coucher devant elle, je réalisais que c’était une lionne tendre et sauvage que j’apprivoisais.

Les questions du quotidien matériel ne prenaient pas de place, peu de sujet de discussion à propos de l’argent ou des tâches ménagères. Les moments de frictions ou d’agressivité se coloraient d’érotisme. Je me disais que je tenais une relation qui ne pouvait trouver de terme.

Pourtant, au bout de quinze jours, des changements insensibles sont apparus, la tension érotique et sensuelle devenait moins naturelle et constante. J’étais ambivalent, d’un côté avec du vague à l’âme de la distance qui semblait s’introduire et de l’autre avec ces paroles de menace m’ayant enjoint que cette situation ne devait pas durer plus d’un mois sous peine de représailles puissantes et inconnues. Menaces indicibles ou défi posé par des amis ?

Me couler dans cette abondance de douceurs ou douter de sa complicité, ou bien soupçonner qu’elle était l’objet innocent d’un plan machiavélique que je devais appliquer ? J’étais troublé, par moment paniqué.

Et Mounia, que se passait-il pour elle ? Je percevais combien elle pouvait être comme une chatte ondulante et exquise.

Cette échéance du mois, je ne savais pas bien quoi en penser, quoi en mettre en acte.

Progressivement, la situation s’est établie, malgré mes inclinations pour elle, il m’appartenait de prendre les moyens afin qu’elle dégage de chez moi d’ici quinze jours. Après ce tourbillon amoureux, je devais me préparer, me résigner et établir cette nouvelle étape où Mounia allait quittée mon domicile et ma vie.

Il m’était nécessaire de tempérer mes ardeurs, de ne plus me laisser aller aux plaisirs que me proposait Mounia. Elle me suscitait de la pitié et je me dégoûtais d’être le salaud de service. Comment casser cette relation si tendre et sensuelle. Cela me demandait des efforts au prix d’une libération des menaces. Je devais m’armer d’attention sans savoir si ces menaces étaient réelles ? Je restais séduit et je m‘imposais de ne plus l’être par protection égoïste.

Parfois malgré elle, Mounia me donnait l’occasion de manifester mon désaccord, mon indifférence ou mon désintérêt face à ses propositions ou son comportement. Parfois plus facile, parfois, je me faisais violence.

L’échéance se rapprochait et l’ambivalence avait été effacée par l’ambiguïté dans mon fort intérieur. Je me manifestais méchant gratuitement, injustement et pourtant soutenu par cette contrainte sur la tête. Mounia se montrait déstabilisée, interrogative et surmontait les moments de plus en plus toxiques. Je mettais moins d’abandon dans nos étreintes à mon corps défendant.

Mounia un soir a demandé : « qu’est ce qu’il se passe entre nous ? », « rien » ai-je répondu platement.

Je prenais seul mon café, je faisais preuve d’inventivité pour marquer mon désintérêt, ma bofitude. Je guettais les résultats sur le visage de Mounia marqué par le dépit, l’incompréhension. Détruire me faisait mal au ventre et je comptais les succès de dépassement marquant une prise de distance supplémentaire. Mounia ne me donnait guère de raisons ou d’occasions de la détester, c’était à moi d’initier des moments de tension, d’accrochages.

Un matin, après l’avoir tourné dans la tête, je lui ai dit : « tu sais, c’est fini entre nous, tu l’as bien compris » et je suis parti de suite au travail.

Je suis rentré plus tôt du boulot et j’ai rassemblé toutes les affaires de Mounia, les sacs mis devant la porte et je suis reparti pour une soirée. Il était convenu que Georges m’hébergeait deux nuits. En fin de journée, j’ai mis mon téléphone en mode avion et j’ai saisi toute distraction pour me changer les idées.

Et si c’était une blague ? Mon plan cruel perdait tout son sens. Mounia, je l’avais dans la peau, dans les tripes et ailleurs encore. Je me demandais quelle possible vengeance pouvait me réserver Mounia ? Je lui avais fourni des raisons et je me sentais salaud par peur de représailles des menaces proférées cette nuit-là dans le couloir de la boîte de nuit.

Mounia a disparu de ma vie, j’ai effacé sans les lire, mais le ventre noué, tous ses SMS, mails et messages sur le répondeur.

Je suis revenu chez moi avec la peur de la croiser, pourtant je n’ai plus entendu parlé d’elle. Les souvenirs et mon comportement me revenait à l’esprit. Je ne suis plus allé dans la fameuse boîte de nuit. Ma vie de célibataire dure jusqu’à ce jour où j’écris ces lignes.

Fin 2022


Publié le 02/02/2022 / 1 lecture
Commentaires
Publié le 04/02/2022
Bonjour, bienvenu et merci de votre participation Dominique. Afin que votre texte soit commenté par Véronique il faut que vous alliez le déposé sur la page de l'atelier, vous y verrez un bouton pour participer. Les consignes sont respectées et la narration est fluide. Vous aimez raconter les histoires et cela s'est senti à la lecture. Cela augure de bonnes lectures à venir. Quelques coquilles subsistent, probablement liées à la vitesse d'exécution du texte, publié en à peine 48H00. J'ai hâte de découvrir d'autres textes de vous. Encore merci, à plus tard.
Publié le 05/02/2022
Il faut cependant être connecté à son compte pour déposer un texte sur la page de l’atelier. Bon week-end.
Publié le 04/02/2022
Pour un sujet pas simple, en dehors des cadres ;) J'aime particulièrement "Un petit matin presque familier, la tête encore défoncée, le corps épuisé, presqu’une sensation de joie pure et de calme." Merci Dominique pour ce partage :)
Publié le 06/02/2022
C'est comme cela, Dominique, que j'ai reçu votre texte. Le droit, le privilège, l'honneur d'avoir accès à votre monologue intérieur. Vous vous racontez très bien et il serait difficile de faire la part entre la réalité et la fiction (oui, je sais, c'est un atelier d'écriture, donc censé être une fiction). Déchirement entre deux menaces : celle, réelle, reçue aux toilettes et celle, tout aussi vraisemblable quoique moins explicite, de Mounia. Et si sa douleur extrême lui faisait commettre des folies ? Entre deux tiraillements, quelle voie "choisir" ? Le départ, brutal, insensé, inhumain, vécu comme l'aboutissement d'une lâcheté qui a traîné quinze jours. À moins qu'il ne s'agisse d'un renversement des habitudes ("je n'ai pas toujours été à l'initiative de la fin de l'histoire"). Dans le cadre d'une relation dominant dominé, cette phrase sonne comme un phare salvateur : "J’étais attentif à tous ses désirs sans me coucher devant elle." Jusqu'où en effet peut-on laisser entrer le bien-être de l'autre dans sa propre vie sans mettre cette dernière en danger ? Le journal intime se referme avec amertume : je suis toujours célibataire. Chapeau pour cette participation, ça me rend toute chose... Au plaisir de lire d'autres textes.
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