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Turgeau et voisinage…
Petites et grandes histoires autour d’un ancien quartier de Port-au-Prince, capitale d’Haïti...

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Il a plu hier soir dans le quartier...
C'est à dire en quantité suffisante pour «décorer» trottoirs et chaussée. J'observais et écoutais les commentaires de riverains, surpris par la propreté de la ravine. Ce matin les ouvriers du voisinage peuvent continuer le crépissage sans migraine, malgré l'abondante pluie d'hier.
En peu de mots, l'épaisse pluie n'a pas causé de maux...
Comme ce fut le cas le mois dernier; l’averse survenue dans la nuit du 11 septembre emporta un mur érigé en janvier 2013. Du dimanche 22 au vendredi 27 septembre 2024, il y eut plus d'une centaine de voyages de camions. Trois camions remplis par l'excavatrice, plusieurs fois par jour, pendant 5 jours.

Il a fallu une coordination exceptionnelle entre plusieurs entités, autour du leadership remarquable de l'ingénieur Philip Métayer. Lorsque DJ Fanfan me le présenta l'année dernière, je pensais qu'il s'agissait uniquement d'un spécialiste du son. Ce vendredi 4 octobre lorsqu'il m'a souligné que son bureau se trouve dans la voiture, j'ai saisi le pourquoi de ses visites de chantier après 7hpm; y compris le dimanche.
Compliments majuscules aux Équipes de l'ingénieur Philip Métayer.
25 octobre 2024

Lorsqu’ en août 2018, Rosa Elena, une amie de Moca (République Dominicaine), m’a demandé un reportage photographique de mon quartier, j’étais loin d’imaginer qu’il s’agissait des premiers pas vers un travail de mémoire. Nous n’avions pas encore l’impact des migrations du programme de libération conditionnelle du président Biden (séjour temporaire aux États-Unis); cependant, beaucoup de profils qui ont marqué la vie de notre quartier commençaient à s’absenter...

A la capitale, l’horloge de l’hôtel de ville s’arrêta en décembre 1985. Celle du Sacré-Coeur commença à ralentir en mars 1986, pour s’arrêter définitivement au mois de septembre de la même année. Ma génération croyait qu'à un moment de sa fantastique existence, le Père Noël eut pour domicile le presbytère du curé Joseph Lafontant, à la rue José Martí. Dans ce quartier d'hier, Canapé Vert, Pacot, Bois Verna, Lalue s'unissaient dans une promenade unique pour assister à la messe de minuit de Monseigneur Lafontant. Les notes de Shalimar, Guerlain, Rochas enjolivaient l'atmosphère et le message. Nous disions que des grands-mères bienveillantes laissèrent en héritage à leur petites filles quelques flacons de «Nuit de Noël» (Caron) et de «L'Heure Bleue» (Guerlain). C'était la mémorable époque de l'homélie parfumée.
L’ère
démocratique, bien avant le séisme de 2010, nous initiait aux horloges en panne et aux drapeaux en mauvais état. Nous ne savions pas, qu’à partir de 1986, qu’entre Saint-Louis Roi de France et Sacré-Coeur la nouvelle histoire d’un autre pays s’écrirait en majuscules… A sa fondation (juin 1920), la paroisse du Sacré-Coeur comptait 22.000 fidèles (GF Maisonneuve). Saint Louis était une chapelle. Les familles qui contribuèrent à concrétiser le premier agrandissement de la chapelle de Saint-Louis roi de France à Port-au-Prince (bâtiment de 1879): de Lespinasse, Wiener, Phipps, Baussan, Boucard, Rouzier, Mc Donald. Vers les années 40, Madame Mac Donald, habitant à la ruelle Berne et dont le mari représentait en Haïti la compagnie maritime Panama Lines, fit venir de Panama City, une belle statue de la Vierge pour la chapelle. Jusqu’au séisme du 12 janvier 2010, elle y était encore. Les funérailles de mon père eurent au Sacré-Coeur le 20 mai 1987 et celles de ma mère à Saint-Louis, le 4 novembre 2000.

Si les exécutions sommaires mondialement connues (Izméry, Malary en 1993; Jean-Marie Vincent,1994) eurent une dimension politisée, dès novembre 1987 Turgeau s'installe en majuscule à l'agenda criminel. Le jeune Frantz Anglade, résident de Bois-Patate, est abattu à l'entrée de Débussy. Entre-temps, une dizaine de petits entrepreneurs, relativement anonymes, ont péri criblés de projectiles, à Turgeau. Turgeau en 2020, nous constituons déjà une autre capitale dans la capitale officielle. Avec une population urbaine de 474.702 habitants et la rurale de 3.542, Turgeau frôlait le demi-million selon les estimations de l’IHSI en 2009. L’après 12 janvier 2010 et les autres séismes de nature purement politiques y ont déposé au moins un demi-million d’âmes supplémentaires. Aucune étude sérieuse sur la jeunesse désemparée, qui certainement attend aussi ses sauveurs (ou ses fournisseurs de cartouches…). Port-au-Prince en 2024, pourrait facilement se définir autour de 4 repères paroissiaux : Sacré-Coeur de Turgeau, Croix Deprez ; Saint-Antoine et Sainte-Marie. Au-delà, on se dirige vers le flou, l'inconnu...

Note: 26 mars 1920: Loi érigeant le quartier de Turgeau et ses environs en paroisse (Dartiguenave/Bellegarde).

Le dimanche 31 janvier 1971, Turgeau participait au référendum consacrant la succession de François à Jean-Claude Duvalier. Les opérations symboliques de remplissage des boîtes de carton eurent lieu dans l’une des maisons Trois Bébés, actuellement occupée par le MSPP. Il y eut aussi un bureau de vote à l’ancienne École Hôtelière (actuellement succursale BNC/BRH). Nous n’avons jamais su pourquoi l’axe principale de Turgeau fut baptisé avenue Jean-Claude Duvalier, vers le milieu des années 70. Pendant 14 ans, le président à vie saluait d’un signe de la main ou de la tête en passant dans le quartier. En 1971, je suis en douzième chez Anglade quand le philosophe Raoul Cédras s’apprête à entrer à l’Académie Militaire d’Haïti, qui recevait une nouvelle promotion après dix ans de fermeture. A l’époque, l’actualité se résumait à l’agenda présidentiel. Nous disions à voix basse « Son Excellence change de caleçon, férié». Le jeudi 22 avril 1971, l’avenue des Marguerites est déserte, lorsque mon père m’accompagne à l’école. Il cause avec le directeur, pendant quelques bonnes minutes. La cour de l’établissement est vide. La veille, au soir, on annonça à la radio le décès du père de la révolution. Rien n’avait encore été dit le lendemain matin, quant au chômage.

Explosion à Trois Bébés, le 14 avril 1979...

Aux alentours de 11h45, le colonel (r) Frank Romain parqua sa Mercedes couleur grise, entre la Pharmacie de Turgeau et Jet Garage; puis marcha tranquillement, vers Armand Holly. Nous comprîmes alors que l’évènement qui attirait tant de personnalités se déroulait chez le lieutenant général (r) Claude Raymond; ancien chef d’état-major des F.A.D’H., ancien ambassadeur en Espagne, et futur ministre de l’intérieur et de la défense nationale, en novembre 1979.

Soudainement, vers 1h15–1h20 pm une détonation considérable secoua le quartier, dans le secteur du Collège Canado-Haitien et la pompe à essence de Serge Gaillard. En quelques minutes, nous vîmes débarquer à pied, au pas de course, et en pick-up, camions; probablement en provenance du Champ de Mars: la Garde Présidentielle, les casernes Dessalines, la police de P-au-P, les léopards; en vérité je crus apercevoir aussi quelques uniformes de la Marine Haïtienne. Son Excellence le président à vie, Jean-Claude Duvalier, se trouvait sur les lieux…

Un camion de l’Électricité d’Haïti apparut après le «gros bruit». La Téléco (actuelle Natcom) aussi envoya une équipe. La cause du «bruit»: un transformateur, limitrophe au Canado, avait causé l’inquiétant vacarme acoustique. La panne résolue, en moins de 30 minutes, l’évacuation d’environ 200 militaires, des diverses unités citées, se fit sans incident, ni égratignure. La fête du général, avec ses illustres invités, se termina vers 8h du soir.

En prenant mes premières notes sur Turgeau, à partir de 2010, j’ai pensé à Villefranche (construit fin 50, début 60) et Malval (1976). Ces anciennes impasses portent le nom des propriétaires de l’unique grande maison qui existait avant le lotissement. Par je ne sais quel manque d’information ou paresse, quelqu’un a même prolongé la rue Malval jusque vers Casséus, entrée Pacot. En 1976, je fis la connaissance de l’alors lieutenant Israel Delva (futur colonel). Malgré mon jeune âge, il me demanda d'accompagner Boss Pierre, contremaître de sa maison alors en chantier à la rue Malval. A la même époque les gens de ma génération découvrirent que derrière la ponctualité des rencontres de football entre quartiers de la capitale, il y avait un organisateur discret: l’alors major Acédius Saint-Louis (futur général), Commandant des Léopards (bataillon contre-insurrectionnel). Le 27 avril 2018, à la Faculté de médecine (UEH), le général Acédius Saint-Louis F.A.d’H. exposa remarquablement à l'attention des étudiants le rôle important de la médecine sportive dans la préparation des athlètes. Quelques participants commentèrent l'apport du général qui ouvrit -pendant des années- les portes de sa résidence à des jeunes de Turgeau et de Débussy qui venaient performer leurs biceps sur sa cour et à l'étage.

Quant à l’ancien Bois-Verna, vous êtes passé, sans peut- être le savoir, sur le trottoir des résidences (respectives), des présidents Tancrède Auguste ( 9 août1912–2 mai 1913) et Sudre Dartiguenave (12 août 1915–15 mai 1922). L’ancien bureau politique de Louis Déjoie père, au cours de la tourmentée campagne de 1957, reste d’une captivante fraîcheur. Visiter le perron, la véranda, le garage, les jardins; la cour d’entrée et la cour arrière; dans certains cas, les cours latérales constituent un exercice instructif. A l’intérieur, une distribution encore plus attrayante: salon, salle à manger; parfois bureau/bibliothèque; salle de bain, chambres à coucher à l’étage, entre balcons et terrasse; et même grenier, dans certains cas.

Une petite promenade bibliographique entre Moreau de Saint-Rémy et David Patrick Geggus m’a permis de faire connaissance avec le personnage Thomas Guillaume Laroque-Turgeau, capitaine de Dragons, chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien commandant de Saint-Jean de Tiburon, en 1793. D’après Geggus, vers 1791, «Guillaume Laroque-Turgeau résidait depuis longtemps dans la colonie».

Malgré la sous-exploitation de nos archives paroissiales, de Villa Manrèse à l’Institution des Sœurs du Sacré-Cœur, les notes consacrées à Turgeau et particulièrement à présence catholique, sont d’intérêt : « […] C’est à Turgeau, qu’au lendemain de l’Indépendance nationale, en sa qualité de préfet apostolique, le père Guillaume Lecun intercéda auprès de Jean-Jacques Dessalines, pour les familles françaises qui cherchaient à fuir le pays » (Mgr Guire Poulard ). De J.C. Dorsainvil, nous lisons, « Après une série de combats à Santo, Damiens, Sarthe, Chancerelle, et Bizoton, le siège de la ville commença. Dessalines établit son quartier général à Turgeau. […] Le 11 octobre 1803, l’armée indigène entra à Port-au-Prince par les portes de Turgeau, Montbalais et Saint-Joseph».

«Au delà des limites du centre-ville historique [1749], l’image se modifie; la densité diminue. Les nouveaux quartiers résidentiels de l’époque (1850–1900), Lalue, Bois-Verna, Turgeau accueillent des maisons d’habitation d’un style nouveau. Entre cour et jardin, cette maison est un mélange éclectique européen savamment “ tropicalisé “, avec ses galeries en bois ornées de frises et de dentelles; le style est connu sous le nom de “ gingerbread “, ou “ pain d’épice “. Les rues de ces quartiers sont protégées par l’ombre que projettent les arbres fruitiers qui ornent les jardins; la nuit, l’atmosphère est embaumée par le parfum des Ilan-Ilans. […], Ces premiers “ nouveaux quartiers “ (Lalue, Bois-Verna, Turgeau) agrémentés d’espaces verts offrent un caractère plus poétique, moins rigide que la ville coloniale planifiée». Bulletin Ispan №6, Novembre 2009

«La PNH a intercepté à Musseau plusieurs camions transportant des bandits qui voulaient s’établir à Pétion-ville et haut Delmas, en vue de créer des représailles. La population a passé au feu au moins une dizaine d'entr'eux. À Lalue, Bourdon, Ruelle Rivière, l'avenue Panaméricaine, des cadavres ont été constatés dans les rues. La PNH, supportée par la population, décide de traquer les bandits qui se réfugient dans ces zones, nous confirme une source policière. » (Métronome, 19/11/24) En milieu de journée, on avançait «plus d’une trentaine de délinquants ont été tués...».

Le mardi 19 novembre 2024 nous ramenait à la semaine du 24 au 29 avril 2023, à Canapé-Vert, Turgeau, Débussy et leur voisinage. En ce tragique 24 avril, il y eut dès 6h des dizaines de familles fuyant Débussy et haut Turgeau (après l’université Kiskeya). A chaque détonation -et il y en a aujourd’hui-, on avait l’impression que la multitude grossit comme les hébreux sortant d’Égypte… Évidemment, en ce temps de l’Exode, nous savions qui était pharaon ; qui était Moïse et qui était Dathan… Malgré la fine pluie à débit variable, je suis sorti à 7h15 pour recueillir des informations autour de la première nuit de veille. A 7h20, entre la barricade du Marriott et celle de Colon intérieur je rencontre une brigade visiblement pressée. Elle va achever un “suspect”, déjà maltraité à coups de machettes. Le coup de grâce eut lieu au secteur ravine-Canado/Armand Holly.

J’ai soigneusement écouté les chiffres des exécutions rapportés par les médias et les réseaux. Soyons prudents. Rationnellement, le vaste secteur attaqué dans la nuit du 23 au 24 avril est interconnecté à travers 11 ponts connus et trois passages internes (Entrée Débussy; Canado, Villefranche, Malval, Colon, Baron, Marguerittes, Saint Louis La Pléiade, Pradel, Duncombe, Ave du Travail, Babiole, sans écarter Pont-Morin). Turgeau avait basculé dans l’auto-défense radicale et méfiez-vous des chiffres (associés à ceux de Canapé Vert) avancés dans la presse…

Le 26 avril 2023, à Turgeau et son voisinage désormais fameux...

Lorsque ce matin vers 7h j'évaluais avec le courtier Laforest les dégâts de la veille, nous n'osions pas imaginer notre météo vers midi. A 8h20, Délimart ouvrit une de ses deux grandes barrières. La porte du showroom de la Digicel paraissait plus étroite. Malgré la douzaine et demie de voitures qui profitaient d'une récréation de la pompe à essence de Star Mart, l'atmosphère transmettait des particules pintades...

Être pintade peut avoir mille significations, mais en ce matin du 26 avril 2023 certaines rumeurs circulant dès 6h invitaient à la plus grande prudence: des assaillants en difficultés se cachaient dans un coin de ravine...

A partir de 11h15, les armes, les dépouilles et les images confirmèrent… Lourde cette journée du 26 avril, à Turgeau et son voisinage (couvre-feu sectoriel recommandé par les brigades de surveillance, de 8h pm à 6h am).

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Le 14 février à Délimart

En ce lundi 14 février, la structure Délimart de Turgeau se mettait en marche vers 6h30am; le bokor (devin) le plus avisé n'oserait s'imaginer que la moitié de la ville y avait pris rendez-vous.

En effet, pour ma génération qui acheta son premier chocolat Mars chez Michel Saieh (1975-80) pour 3 gourdes et qui assista aux débuts de la rénovation des formats avec Madame Gladys Lauture (1980-90), Réginald Boulos sait révolutionner.

Il y eut pour tous les goûts et pour toutes les poches ; il y a un personnel extraordinaire, militairement debout pendant plus de 12heures ; il y eut aussi cette jeunesse envers qui aucune entité n'accorde de l'importance. Certainement hier, s'il y avait élections, Réginald Boulos gagnerait.

Une nouveauté : la photographie de couple à Délimart.

Note: «Les épreuves dans ma vie ont toujours été une source d’inspiration. Demain commencent les travaux de construction d'un Délimart à Turgeau. Nul ne saura détruire ma détermination, mon engagement pour Haïti et mon amour de notre peuple. » Tweet, Pierre Réginald Boulos, 12 août 2018. Le lundi 13 août, je me suis présenté sur le chantier. Je fus cordialement accueilli par l’ing. Marseille et son équipe.

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Hommage au Dr. Lamartine Pierre-Paul

Comme j'ai déjà eu le privilège de le commenter dans la Revue Haītienne de Chirurgie et d'Anesthésiologie (Info-Chir), il devient de plus en plus difficile d'expliquer aux générations actuelles l'immensité de la magistrature sociale des médecins d'hier. Ces échantillons de droiture, aussi sommités médicales qui ont empêché à ma génération de basculer dans le désespoir.

Ce matin, l'agenda de nos urgences respectives convoqua quelques camarades à Délimart-Turgeau (Lary Léger et Jean-Claude Jr. Duval). Le parking n'avait qu'une voiture, ce qui m'a permis de découvrir la majesté picturale des murs. Et, en demandant des nouvelles du Dr. Lesly Pierre-Paul, nous avons rendu un hommage du coeur à son père, l'inclassable Senior Dr. Lamartine Pierre-Paul.

Je le revois, au généreux sourire paternel, nous saluant à deux pas de sa clinique, ralentissant sa Buick bleue. C'était l'époque où les matchs de Racing-Violette continuaient à la ruelle Waag pendant 48 heures de débat. Combien nous sommes orphelins de ne plus avoir ces discrets mandarins qui nous invitaient à mesurer nos propos et nos passions!

Avec reconnaissance envers sa Famille.

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Le mardi 19 novembre 2024 nous rappelait avril 2023 dans notre quartier. La presse comptait et répétait dans la matinée du 24 avril 2023 le chiffre d’une dizaine de bandits exécutés par la population du Canapé-Vert, alors que dans les hauteurs de Turgeau/ Débussy/Deprez, personne ne maîtrisait les statistiques expéditives… Dans les premières heures des affrontements d’avril, au moins une quarantaine de bandits périrent le voisinage de Turgeau. Alors que les dépêches internationales avançaient «28 membres de gangs» abattus par la Police le 19 novembre 2024, vers la fin de la journée le vrai décompte populaire confirmait «71 executions». L’époque du bon-Dieu-bon sécuritaire appartenait au passé.

Au début du siècle, mouvement insurrectionnel “gren nan bouda” – extrême droite – me surprit alors que je travaillais avec un médecin monumental. Il m’avait appris à penser au renforcement de Sainte Catherine (Cité Soleil), d’Isaïe Jeanty; à la concrétisation de l’hôpital Simbie (Carrefour) et de l’institut médico-légale. Nous avions voyagé aux Gonaïves, au Cap, aux Cayes et sommes allés en vaccination “jusqu’à” la frontière. En vérité, sans l’aide du professeur Rodolphe Mathurin (l’engagement civique généralisé), je ne saurais comment dire au Dr. Henri Claude Voltaire: 20 ans après “gren nan bouda”, Turgeau, Bois-Verna, Pacot et Canapé Vert ne disposent pas d’une unité communale de santé à la dimension voltairienne du concept. Utile et réellement au service de la population.

Le déferlement de «bwa kale» du mardi 19 novembre 2024, comme celui d’avril 2023 ressemblaient comme des “ nuits des longs couteaux” “bien comptées mal calculées” . «le 24 avril 2023 à Port-au-Prince dans le quartier Canapé-Vert, la population se présente devant le commissariat et demande qu’on leur remette les 14 membres de gang arrêtés pour possession d’armes. Ils seront lynchés, tués puis brûlés. C’est ainsi qu’a pris forme le mouvement Bwa Kale de vindicte populaire. »

II

Le dimanche où je découvre le dynamique ingénieur Philip Métayer, travaillant pendant de longues heures pour la respirabilité (néologisme obligé!) de la communauté, un haut fonctionnaire me commente honnêtement (via Whatsapp) sur une sensibilisation dans mon secteur contre le fatras. Lorsque ce haut fonctionnaire était directeur d’une importante structure de la distribution d’eau, je lui communiquais l’état des réseaux d’une partie du quartier, en temps réel. Il est toujours utile de rappeler aux jeunes et moins jeunes, pendant la révolution en 1791, «Les mulâtres rompirent les tuyaux de fonte à la source de Turgeau»(J. Grouvel, Faits historiques sur Saint-Domingue). Sous la présidence de Fabre Geffrard (1859–67), le gouvernement modernisa la tuyauterie qui amenait en ville l’eau de Turgeau (Ledan fils). D’après B.Ardouin (1854), « la source Turgeau fournit l’eau aux fontaines du Port-au-Prince».

Il existe d’incroyables études et publications sur les déchets en Haïti. Certaines, originales. Toutefois, les plus intéressantes sont antérieures à la complexe situation actuelle: la démographie implose dans une capitale considérablement réduite en superficie habitable…
Depuis quelque temps, on a pris l’expéditive habitude de simplifier les problèmes nationaux en deux références chronologiques: avant 1986 et après février 1986. Comme si le régime des Duvalier avait excellé en tout! La question de l’insalubrité et de l’impossible gestion du fatras sont aussi anciennes que la plupart des problèmes haitiano-haïtiens. Il faudra cependant admettre qu’avec les politiques économiques imposées par les régimes de l’après 1986, Haïti s’efforce sans grand succès pour ne pas devenir une gigantesque poubelle.
En retraçant l’histoire étymologique de ce mot, la poubelle serait apparue chez nous vers 1896, sous l’administration du maire de la capitale Jacques Étienne Mathon (1864–1929). «Les poubelles Mathon, grands boucauts peints en rouge destinés à recevoir les résidus les plus variés, sont placés à tous les carrefours.» (G. Corvington; C. Mathurin; E. Viard). Rappelons que le «24 novembre 1883, le préfet de Paris Eugène Poubelle prend un arrêté qui reste dans l’histoire comme un tournant déterminant dans la gestion des ordures ménagères. Ainsi naît la poubelle, ce dispositif dont il impose l’usage.»(Google Arts & Culture). Certes, la riche et surprenante histoire du ramassage des ordures ménagères est bien antérieure à la poubelle, ici et ailleurs…
1896, c’est aussi l’année de la publication de l’ouvrage
De L’hygiène En Haïti, par Perpignand-Lafontant, médecin en chef de l’hôpital militaire de Jacmel.
Nous lisons au 4e paragraphe de la page 34, «En Haïti, le drainage, à l’heure actuelle, pourrait être un procédé difficile, vu l’état de notre civilisation et de nos finances.» Il faudra attendre l’occupation militaire américaine 1915–34 pour la construction de structures de drainage dont la plupart résiste encore…
Le classique de Perpignand n’a aucun rapport avec le pays complètement effondré de 2024, toutefois il éclaire magnifiquement. Aussi utile que le livre du Dr. Catts Pressoir, La médecine en Haïti 1927. Nous apprenons à la page 163 (C3 Éditions, 2018), « L’opinion exigeait davantage des municipalités. Il est vrai que beaucoup de magistrats se montraient à la hauteur de la tâche, dans les grandes communes de la République. On peut citer comme exemples d’administrations dignes d’être imitées celle de Me. Étienne Mathon (1896–1898) et celle de M. Sténio Vincent (1906–1908).» Il est utile de mentionner que le 24 octobre 1948 fut inaugurée l’usine de traitement des déchets et recyclage alternatif à Ciudad Trujillo (Ainsi était alors appelée la capitale dominicaine). L’usine avait une capacité de traitement de 300 tonnes par jour. Elle était considérée comme la plus grande de l’Amérique latine.
Dans le panorama haïtien de 2024, les administrations municipales disposent de très peu de capacités pour les questions liées à l'hygiène publique. Pour éviter de heurter les susceptibilités, disons que leur présence est secrète ou nocturne…
De passage hier à l’impasse Duverger je commentais à un notable:

-Comment avons-nous pu déverser autant de choses dans nos ravines?

Résidence du Président Salomon, à l’entrée de Débussy: l’ing. Lionel Henriquez nous éclaira…

Monsieur l’ingénieur Lionel Henriquez appartient à cette catégorie d’ainés que j’étudiais dès la première poignée de main.
Pour ceux de ma génération qui évitent d’être ingrats, il est celui qui transforma la vaste résidence Villa Keitel en
Chez Anglade. Le considérable ingénieur nous a donc appris à nous installer dans des salles de classe confortables; des galeries spacieuses; des cours de récréation et l’harmonie entre les espaces. J’insiste: à fréquenter un vrai laboratoire moderne, aussi.
En ce qui me concerne -et surligné au cours de presque 50 ans d’amitié- il est le fils de Madame Henriquez, immortelle parmi celles qui m’ont sérieusement aidé à ne pas me fâcher avec la grammaire et le vocabulaire français.

Des années plus tard, me voici en grande conférence du dimanche, aux côtés de l’ingénieur Henriquez sur la cour de l’ingénieur Jacques Gabriel, à Turgeau.
Tout récemment, nous avons commenté sur Facebook, une partie de l’histoire de l’ancienne Grand rue… Et, quelques repères historiques autour de Turgeau, qui deviennent de plus en plus archéologiques (les riches nouveaux riverains étant férocement incultes et forcément méprisants). La propriété du président Salomon -Solitude Villa- se trouvait à l’angle Turgeau/ Débussy, actuellement Hôpital de Turgeau. Pendant des décennies (tradition orale de la zone), on pensait que Solitude Villa occupait l’ancien terrain du tennis-club de Turgeau, au no. 151, où fut construit entre 2003 et 2005 la Tour Digicel. La construction de la Tour Digicel (12 étages; inaugurée le 3 mai 2006), a entraîné une révision automatique du panorama. Les affaires et la démographie bougent à un rythme révélateur, quelques semaines après le séisme de 2010. Mon voisin, Tonton « Greg », et sa femme, ont inauguré dans leur petite cour une véritable «chaîne d’appartements ». Je me suis souvent interrogé sur la disponibilité suffisante des services sanitaires. Un matin, tout à fait par hasard, matinalement tôt, j’ai surpris une locataire ; portant un récipient, à moitié rempli ; elle se dirigeait à pas de rat, vers la ravine, limitrophe à mes casernes. J’ai immédiatement compris, sans avoir à enquêter, sur l’utilisation abusive d’un pipi-room, extra-muros…

«Lancée à la fin de 2012, la construction du bâtiment devant le Marriott n’a pas suivi le rythme de la construction des bâtiments publics haïtiens. Le mardi 24 février 2015, Digicel a reçu officiellement les clés de son hôtel. Coût 45 millions USD , 175 chambres» (Le Nouvelliste).

Je ne sais pas comment nous essaierons de maintenir le flambeau autour de la pensée, de l’enseignement et des combats de l’ingénieur Henriquez. Personnellement, il appartient à ceux qui m’ont appris, sans bruit, à regarder et évaluer autrement le pays haïtien.

Note:«En 1954 le Centre d’études secondaires était logé à Turgeau juste en face de l’actuel local de la Digicel, puis- deux ans plus tard- elle fut logée à l'angle de l’Avenue N et l’avenue Jean-Paul II, jusqu’en avril 1974. » Professeur Guy Serge Pompilus. Ref. Texte sur Facebook «Vous avez dit «Centre d’études secondaires»?

Autour de Bois Nicolas, De Bussy autour, Armand et Holly

«En fait, ce sont 2 noms de famille.

M. Armand a réalisé les 2 derniers kilomètres de la rue. Il a aussi fait construire le pont en béton qui mène au Club Lapa, ci-devant Paradis des Amis (à l’origine une gaguerre). Armand a acheté des portions de terrains des autochtones pour réaliser la route. Cette route aboutissait à un “lotissement” après le pont. M. Armand possédait un four à chaux au haut de Pacot (dans le voisinage de la maison du Dr Reynold Savain) jusqu’à la fin des années 1960. M. Armand avait construit une maison pour une “dame” sur la rue Armand-Holly.

[…]

Il y a eu plusieurs Holly, médecins. Pasteurs. C’est sous Duvalier que l’on a nommé cette rue Armand Holly; à l’époque de la venue de Haïlé Sélassié (24 avril 1966). Avant la rue s’appelait De Bussy ou Bois Nicolas; il n’avait pas de maisons, après chez Antoine Rodolph Hérard. Le colonel Marcaisse Prospère (Chef Police sous Magloire) avait fait construire une villa pour sa maîtresse Violetta et Clemard J Charles avait fait construire un autre villa (actuelle Université Roi Henri) en face, sur une belle propriété avec tous les arbres fruitiers, manguiers, mandarine, citronniers ect.

Mevs acheta le coin. Plus haut, ️ c’était la propriété de Georges Isidore»

(A Garry Lherisson. J’ai découvert l’ingénieur-architecte Garry Lhérisson au cours d’un mémorable séminaire sur le logement, hôtel Christopher à Bourdon, vers 1997–98. Il formula des commentaires sur deux édifices qui causèrent des dégâts sérieux le 12 janv 2010)

Souvent, Antoine Rodolph Hérard rendait visite à sa vieille amie Madame Lise Denis Paul, notable habitant à l’angle impasse Villefranche & Turgeau. Un matin, Hérard arriva à pied vers onze heures. Il salua en disant: -j’ai descendu à pied, en passant au boulevard des généraux…

C’était une allusion aux généraux Maurice Flambert et Claude Raymond, respectivement premier et dernier chefs d’état major du Président François Duvalier. Ils habitaient à la rue Armand Holly, à environ 300 m de distance. Ils ne furent pas les seuls généraux du quartier…

La mairie ne s’intéresse pas à ces chapitres sur Port-au-Prince. Au cours de l’été 2019, suite à une averse lourde de conséquences, des responsables de la Délégation (le Délégué a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois dans le département) et de la mairie visitèrent les sinistrés du secteur Duvergé/Faustin 1er. Pathétique le message de ces «responsables». Ils conseillèrent aux sinistrés d’aller manifester contre le gouvernement…!

Lorsqu’en mars 2022 j’ai demandé à une charmante réceptionniste de la rue Jean-Baptiste au Canapé-Vert (siège fiscal de la mairie), quelle entité se charge de compenser les travaux réalisés par les riverains sur les trottoirs, elle m’a expédié à un inexistant bureau de génie municipale au Bicentenaire en ruines. Alors que les bureaux de l’État sont bourrés d’experts en communication, en droit et en jurisprudence administrative, les services à la population sont ce que nous constatons. Notre premier combat commença, administrativement, le 17 septembre 2010. Contre la latrinisation du quartier, sous les yeux de la mairie de Port-au-Prince, alors logée à la Digicel. La cafétéria des Sœurs était devenu irrespirable et le «parfum» arrivait dans le voisinage immédiat du Collège CANADO en reconstruction. Chauffeurs de taxi-motos, passants et marchands passaient «se soulager», à bâbord et tribord de la ravine.

Aux côtés d’une congrégation religieuse, nous avons mené campagne pour encourager le ministère des T.P.T.C. à ériger un mur. Les travaux se firent sous la direction du contremaître Nestor (décembre 2012-janvier 2013). Il est toujours important de souligner que l’alors service de Protection civile de la mairie de PauP n’a jamais répondu aux correspondances des riverains.

Ce ne sont pas seulement les « mangeurs voiturés du matin», les chaudières de spaghettis, les brouettes de restauration ou les pâtés qui doivent attirer votre attention. Il se passe des phénomènes de grande complexité autour du nouveau centre-ville de la capitale, Turgeau. Port-au-Prince en octobre 2024, pourrait facilement se définir autour de 4 repères paroissiaux : Sacré-Cœur de Turgeau, Croix Deprez ; Saint-Antoine et Sainte-Marie. Depuis l’après janvier 2010 (séisme), tant pour le réseau électrique que celui de l’eau, Turgeau est un quartier à surprises. Si sous Geffrard (1859–1867), sa fameuse source alimentait une bonne partie de l’ancien PauP (voir Jean Ledan, Madame Colo), en octobre 2024, en beaucoup de points de Turgeau la distribution d’eau est carrément critique…

Entre-temps, avec les yeux des écoliers de primaires que Madame Raymonde Elie Anglade accompagnait le dimanche matin à la solennelle messe du Sacré-Cœur, j’étudiais mes voisins (anciens et nouveaux). Quelques mois après le séisme, les ouvriers d’une voisine démolissent un bon morceau de mur mitoyen. Ils le font sans avertissement. Sagement assis et me rappelant que le père de la voisine fut juge en cassation et son mari avocat notoire, j’ai souri. Pendant une semaine, les ouvriers travaillèrent à la reconstruction d’une robuste nouvelle clôture. J’avais soigneusement évité, alors qu’ils traversaient de temps en temps sur mon périmètre, toute intention de civilité autour d’un bonjour ou d’un bonsoir.

Il y eut aussi cet empoisonnement écologique entre le vendredi 26 et le lundi 29 juillet 2024. Les secteurs Baron, Jean-Paul II, entrée Débussy reçurent en quantité sérieuse l’épaisse fumée de l’élimination de déchets par le feu, venant de la cour d’une institution de santé en déménagement… Le personnel porte un uniforme bleu… Des locataires qui n’étaient pas différents des propriétaires, dont les imposants travaux d’aménagement déposaient régulièrement de la poussière dans tout le voisinage.

L’expression «mangeurs voiturés» est une suggestion d’un voisin sociologue. Nous essayons de percer l’étonnante ponctualité du phénomène. Chaque coin de rue a sa dynamique commerciale particulière. Entre 9h30 et 10h25, du lundi au vendredi matin, des consommateurs dégustent leur plat (foam box), assis au volant de leur véhicule; momentanément stationné sur le trottoir, ou la chaussée. En général, ils abandonnent le plat vidé aux bons soins de la ravine. Résultat: En mai 2017, le segment de Baron-Colon vers Armand Holly/Canado recevait environ 600–700 foam box par jour. A chaque pluie, le tapis rouge de nos nouvelles habitudes alimentaires se déroule kilométriquement dans nos ravines…

III

Le quartier et ses personnalités, d’hier et d’aujourd’hui…

Au début des classes primaires chez Madame Gladys Rouzier Wagner, à «Au Galop» (fondé en 1953), ma directrice avait trouvé une efficace méthode pour gérer ma turbulence: à l’heure de la récréation, je devais rester au salon de sa résidence, limitrophe à l’établissement scolaire. Nous étions tous ses enfants et nous étions chez nous. Vers la fin des années 80, je suis passé saluer Madame Gladys, lors du décès de sa mère. J’avais profité pour lui demander une petite faveur: regarder, calmement, sa belle collection de fascinantes photos, en noir et blanc, toutes dédicacées par Edouard Peloux. Le salon n’avait pas réellement changé et je me rappelais mes grandes conversations avec ces mêmes photos, qui étaient pratiquement accrochées à la même place.

Dans le Turgeau des années 80, à l’angle Marguerites/Jean Paul II, Mr. Jean-Jacques Honorat dirigeait une organisation de droits humains (Chadel). L’auteur d’ «Enquête sur le Développement» ( 1974) était à la fois courtois, attentif et serein. Je l’ai souvent observé en grande conversation avec des écoliers et des étudiants. Après le Chadel, cette maison fut occupée par les ateliers de l’artiste mondialement connu Jean-Claude Garoute, Tiga.

Marc Bazin ressemblait à un sportif de haut niveau, toujours prêt à affronter les défis du ring ou de la course. Le quartier général du MIDH (Mouvement pour l’instauration de la démocratie en Haïti), à côté de la propriété du Dr. Nelaton Camille (en face actuelle BNC) donnait l’impression d’une délégation de Harvard/MIT pour arranger Haïti, l’éternelle dérangée. Des personnalités majuscules défilaient au MIDH.

Martial Célestin, avant, pendant et après son passage à la Primature est demeuré le sage de toujours, qui prenait son temps pour vous écouter et réfléchissait remarquablement avant d’opiner. Souvent, en compagnie de son cousin, Me. Boniface Alexandre, futur Président de la République, ils visitaient des proches de Ganthier à la rue Malval. Me. Martial fut le deuxième personnage à m’encourager à lire et consulter régulièrement les collections du journal officiel…

René Garcia Préval, que l’on pouvait croiser dans le secteur des rues Martin et Faustin 1er, est resté une énigme. La petite histoire raconte qu’à un certain moment il se surnomma Beria. Lavrenti Pavlovitch Beria, responsable de la répression et des massacres au temps de Staline. Enfin, personne ne parvenait à déchiffrer la pensée de Monsieur Préval, au début de la chaude décennie 90…

En montant légèrement, pour se diriger vers Mont-Joli, sur le trottoir de l’ancienne résidence de la famille Turgot, on pouvait voir un monsieur assis avec un fusil Galil sur ses jambes. Il appartenait au service de sécurité du Premier ministre Laurant Salvador Lamothe — alors candidat aussi à la succession… — , qui aurait un proche parent dans le quartier . L’équipe de la sécurité fit installer de puissants phares dans le voisinage. Contrairement aux autres (Célestin, Bazin, Honorat, Préval), ce PM-là vivait très près des dieux.

En février 2024, alors que je saluais le cordonnier Manès, sur le trottoir des courtiers du secteur collège Canado/ Trois Bébés, nous vîmes défiler un très long cortège. Un effrayant cortège à une vitesse supersonique… Nous nous regardâmes, sans commenter… La Primature était alors en compétition serrée avec la présidence à vie…

En février 2000, à l’entrée du MSPP à Trois Bébés, on avait installé une modeste table d’enregistrement/livraison de carte électorale. Le contribuable se présentait, déclarait (date de naissance, etc), on lui prenait la photo et après dix minutes, il recevait sa carte. L' espace «Trois Bébés» (actuellement MSPP, Protection Civile, Pasteur?)appartenait au Dr. Jacovitz qui le vendit au Général Paul E. Magloire. La superbe villa fut démolie avec tous les arbres fruitiers. Après le départ du Général-président Magloire (décembre 1956), il y eut un bureau de Santé Publique; la 2e maison hébergea sous JC Duvalier le Grand conseil technique et la 3e fut vendue par l'Etat à Madame. Armelle Garoute. Les Trois Bébés constituent dans l'histoire architecturale de notre capitale des résidences pionnières. Elles inaugurent le début des constructions en dalle et la lente disparition des villas, de Charles Summer vers haut Turgeau.

Dans le Turgeau d’hier, à moins d’un kilomètre de distance, les résidences du général Claude Raymond (Rue Armand Holly), acteur clef de 1971, et Chez Gladys (entre Faustin 1er & Martin), actrice déterminante dans l’organisation des agendas aristidiens et prévaliens. A un moment donné, on avait l’impression que le simple fait de se trouver sur le trottoir de Madame Gladys au bon moment vous garantissait un bel avenir dans le gouvernement d’Aristide…

«Gladys» causait avec le cœur de tous, car à l’époque, admirateurs et adversaires admettaient que le soleil, la lune, les saisons semblaient se déplacer du quotidien et du calendrier, au rythme des palpitations de son cœur. Souvent, on remarquait une bousculade particulière, dans la circulation automobile du quartier. On supposait, automatiquement, qu’il y avait réunion chez elle. Tout fonctionnaire qui obtenait sa bénédiction, pour un poste quelconque, se sentait et était perçu, comme un personnage regardant les jardins de l’Élysée, à partir de la fenêtre du conseiller Attali ; c’est-à-dire, dans le voisinage immédiat de Mitterrand. Elle était donc devenue une légende vivante, symbolisant le vrai pouvoir. «[…] Formée en sciences biomédicales, à Paris, Gladys avait choisi, à son retour en Haïti au début des années 1960, d’aller mettre son savoir au service des populations pauvres de l’Artibonite, à l’Hôpital de Deschapelles. Quelques années plus tard, mariage oblige, elle s’installe à Port-au-Prince où elle intègre des structures de santé à vocation humanitaire. Dans les années 1970, elle concrétise un de des objectifs professionnels qui lui tenait à cœur: la mise en œuvre d’une pharmacie (La Pharmacie du Champ de Mars)liée à un laboratoire médical». Source: Espoir ANAISE

A partir de décembre 1970, en plus de la traditionnelle couche de peinture à l’extérieur des maisons, certaines galeries sont mieux exploitées en les clôturant avec du fer forgé. La tendance se confirme avec la création du lotissement Malval (entre Villefranche & Margueritte) en 1976.
Beaucoup de ces structures s’effaceront lors du séisme du 12 janvier 2010.

Comment cerner la mission du notable et chef de section des hauteurs de Turgeau, nommé Espérance, si l’on sous-estime les particularités de l’époque! N’oubliez jamais, «l’Histoire d’Haïti se mesure à son aune propre» (Carlet Auguste). Son territoire de commandement était relativement vaste: imaginez deuxième limite Turgeau (Université Quisqueya), englobant toute la zone du réservoir, pour atterrir haut Débussy, zone Paradis des Amis vers Moreau-premier pont, et débouchant sur Villa Théodore, vers l’entrée haut Pacot (Tonton Lyes)? Pour ceux qui maitrisent Google, ils peuvent évaluer les distances, à la marche.

Pour faire ce travail, dans un pays où le ganstérisme foncier est historiquement enraciné dans nos moeurs, Espérance disposait à peine de quelques indicateurs et aussi, de 5 ou 6 aides. On a raconté beaucoup d’histoires sur cette catégorie, généralement méprisée des agents de la force publique. Il y a même cette blague, datant de la présidence de Sténio Vincent (1930–41), qu’on déposa sur les lèvres d’un notable de province, lequel souhaita, après le séjour au palais, que «Son Excellence devienne chef de section», tant le pouvoir de l’agent de police rural était «immense»…

J'ai eu l'opportunité de résoudre par trois dossiers urgents avec Maarten Boute. Quelques mois après le séisme de janvier 2010, il fallait apporter d'autres dimensions dans la surveillance sécuritaire du secteur (Duverger, Colon, Baron; entrée Débussy & un segment de Jn Paul II). Ensuite, il encouragea le curage de l'axe Colon de notre ravine, ce qui évitera des dégâts en amont. Il supervisera téléphoniquement le démontage d'une grande enseigne à structure métallique visiblement chargée de houille, à l'angle presque de Canado/Martin Luther K.

J’ai grandi près de la maison du colonel Edgar Buteau, numéro 2 de l’Académie militaire au début des années 50. Pendant des années, sa collection de photos a été la principale source pour la réalisation des albums de l’Académie, Le Flambeau. Il consacrait une partie de ses journées à capturer et immortaliser des moments de la vie militaire. Il a conservé des décennies d’histoire militaire nationale. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a fissuré la pièce où se trouvaient les boîtes d’archives. L’eau y est entrée, etc... Je l’ai appris lors d’une visite au docteure Chantal Buteau, en avril 2013. Triste ce vendredi 16 octobre 2020 quand on a appris le décès de Chantal.

Mon dernier échange avec Puchy (Eugène Lalane Junior), le plus élégant de mes frères, a eu lieu le lundi 8 janvier. Il m’a informé du décès de Frantz Beckenbauer. Je me renseignais pour vous envoyer un message sur le célèbre entraîneur brésilien Zagallo et le joueur allemand Beckenbauer, des architectes inconnus dans la construction des goûts de notre génération pour le football moderne. Deux jours plus tard, en apprenant qu’il est mort d’une crise cardiaque soudaine, je me souviens du Puchy qui m’a ramené de New York, à la fin des années 90, des chaussures de la marque Florsheim impérial pour «faire bon ton» avec mes guayaberas d’alors. Il avait accompagné les chaussures de trois CD de Luis Miguel. Il maîtrisait l’art de savoir vivre et de savoir faire avec un tact incroyable.

Le lundi 2 décembre 2019, à l’ouverture de l’Atelier sur le renforcement de la gouvernance du secteur culturel, les profondes réflexions du directeur de cabinet du ministre de la culture, Mr. Pradel Henriquez, m’ont invité à revisiter cet acteur incontournable qu’est le disc-jockey. Dans des notes parues en 2015, j’écrivais, au sujet de DJ Fanfan «[…] du bal du samedi soir (Pont Morin), au parcours du dimanche (Lalue-Champ de Mars): les quartiers et cités Manrèse, Canada, Georges, Lucien, Gabriel, La Grotte, Turgeau, Pacot, Tonton Lyes, Desprez, Débussy, d’une part; et d’autre, Canapé-Vert, Bois-Patate, haut Bois-Verna, haut Lalue, Nazon, Christ-Roi, Poupelard, Bas Bourdon; sans oublier l’autre moitié de la capitale» viennent danser.

Frantz Mervilus a grandi dans un haut lieu musical. En effet à Turgeau 59, devenu impasse Goulard vers la fin des années 70, chaque résident avait sa discothèque. Soulignons les haut-parleurs de la marque James B. Lansing (JBL) de son père (Christophe Mervilus) et les fantastiques enregistrements de son frère aîné SelrachStation -Charles Mervilus-. Frantz, qui n’est pas encore DJ Fanfan, monte à bicyclette de 6h du matin à 6h du soir, en 1986. Parfois, jusqu’en dehors de la capitale. D’une patience orientale, il flaire que son horloge de « pale ak chans u» est exactement à moins cinq, en cette chaude conjoncture de l’après-février 1986… Petit à petit, ses doigts magiques nous feront découvrir mille fraîcheurs du compas-direct, sur cassettes, dans les salons, les cours d’établissements scolaires; à travers le béton et dans nos cœurs.

En revisitant l’ingénieur en chef Lepelletier Jeannot

Pendant longtemps, Bois Nicolas (actuel Débussy) fut un quartier non habité de Turgeau… Une habitation, dirait Sémexan Rouzier!

Certainement, les très jeunes s’interrogeront…

Mr. et Madame Roger Anglade, ainsi que Mr. Justin Elie, firent les démarches nécessaires vers la fin des années 60, pour la construction des séparations d’environ 1m25 qui délimitaient la ravine, des deux côtés de la chaussée. Madame Sterne Bauduy née Madeleine Perez; première femme deputée-maire dans le departement du sud-est pour l’arrondissement de Belle-Anse, résidait aussi dans le quartier. Elle aidait sincèrement les natifs du sud-est qui atterrissaient chez elle. Les murets d’environ 1m25 s’effondrèrent le 12 janvier 2010. En janvier 2013, le contremaître Nestor et ses Équipes des TPTC construisirent deux murs, à hauteur respectable. Celui de gauche s’effondra le 11 septembre 2024, vers 10h pm. Entre-temps, notre ravine a tant encaissé qu’il a fallu l’urgente intervention militaire des Équipes de l’ing. Métayer qui lui permirent de «respirer» à nouveau.

L’ingénieur en chef apparaît déjà dans notre histoire en 1910, sous la présidence d’Antoine Simon (17 décembre 1908–2 août 1911). Voir Le Moniteur des 21 et 24 septembre 1910. Max Bissainthe nous éclaire sur les rapports annuels de l’ingénieur en chef (de 1920 à 1941) aux pages 175 et 176 du Dictionnaire de Bibliographie Haïtienne.

Lorsqu’ on s’applique à étudier ces rapports et publications, on se rend rapidement compte qu’il n’y avait aucune place pour le laisser-aller en Haïti ! En analysant avec attention certaines interventions de l’ing. Max Pénette (7 juillet 1920–7 février 2018), élève de Lepelletier Jeannot, alors directeur de l’École Polytechnique d’Haïti, on sent l’enseignement du maître. Mathématiquement, on ne saurait rester insensible face à certains coins majestueux du Pétion-Ville du maire Pénette.

A partir de novembre 2017, le génie militaire est prononcé à haute voix et comme note dominante du rétablissement des forces armées. Sur le site du ministère de tutelle, le corps existe depuis «1958».
Pourtant l’ancêtre du corps du génie des F.A.d’H. a bien existé. Dans l’organisation du 12 août 1957 de l’Armée d’Haïti (Col. Bernardin Augustin chef d’état-major a.i. juin-oct 1957), l’alors «Bureau des ingénieurs» fait partie des services spéciaux et dépend du quartier-maître. Le bureau était logé au Grand Quartier Général.

Heureusement, les jeunes et moins jeunes ne s’interrogent plus… Sous l’occupation américaine de 1915-1934, les ingénieurs et architectes haïtiens commissionnés organisaient une conférence annuelle. Le journal Le Matin, en première page de l’édition du 21 avril 1925 nous informe sur «Ce que fut le 3e congrès annuel des ingénieurs et architectes du gouvernement». La 6ème conférence eut lieu les 20 et 21 avril 1928 à Port-au-Prince.

Curiosités bibliographiques: Bulletin hydrographique, (Les eaux de surface de la République d’Haïti ), du Département des Travaux Publics. Jaugeage des cours d’eau, leur débit, observations pluviométriques, etc.; le no 1 parait en 1924 (couvre 1918–1923).

Arrêté déclarant d’utilité publique quelques quinze (15) sources d’eau. Le Moniteur 8 octobre 1992.

Notes sur Haïti et sa capitale, 1935, par Lepelletier Jeannot [ouvrage à localiser]

Le Nouvelliste du lundi 19 mars 1979 «Les membres du Comité de Relèvement de la Commune d’Aquin sont convoqués en séance plénière le mardi 20 mars, en la résidence du conseiller Roger Anglade à De Bussy» (observez l’orthographe).

Un Professionnel Remarquable : Pierre Hollant

Dans le Pacot d’hier; ce quartier naturellement parfumé, où presque tous les riverains cultivaient une remarquable affection pour leur jardin, j’ai croisé à plusieurs reprises, à la rue Casséus, mon ami Pierre Hollant. Ne cherchez pas à connaitre mon âge, car la plupart de mes amis me devancent d’une génération (au moins!).

Pour ceux qui n’ont pas connu ce Pacot-là, je vous raconte brièvement le saisissement d’un autre vieil ami, le célèbre bijoutier Marc Abdallah Nahim Daccarett (1936–2002), surnommé Aboud, fils d’une légende de l’art, que ma génération appelait «le père Daccarett». Il pleuvinait, ce dimanche soir. Aboud, au volant de son éternelle Subaru, aperçoit sur le trottoir du Santos Hotel, un blanc qui attend un taxi. Ce «blanc» se rend au ciné Triomphe; il faisait partie de la quintessence des diamantaires de Floride…

Dans le Pacot de Pierre Hollant, dominé par les silhouettes sympathiques de Serge Gaillard, Gonzales Jean-Louis, Gesner Champagne et tant d’autres, serrer leur main pour un cours d’histoire, sans prétention historique, constituait un indescriptible sérum qui vous évite d’exposer des bêtises, à haute voix. A notre dernière conversation, à Lalue, à l’entrée de «l’Art de Paris» (bien avant le séisme), Mr. Hollant m’avait confié ses préoccupations sincères sur l’avenir de l’immobilier en Haïti. Lui qui était à la fois un père, un frère et une référence solide pour de nombreux jeunes qui s’intéressaient aux professions liées à l’immobilier, flairait déjà les complexités à venir, autour «de la question».

Au cours de nos conversations, il me tolérait, paternellement, dans mes incursions entre nos généalogies alambiquées et le marché foncier. Avec une élégante justesse, il «précisait». Pierre Hollant personnifiait un style de rigueur et de savoir-faire.

Note: Dans le Dictionnaire géographique et administratif universel d’Haïti, 1892,Tome 3, «Pacaud» est une habitation située dans la section rurale de Turgeau, commune de PauP, bornée par Want. En 1892, l’orthographe «Pacot» apparaît au tome 1. Il s’agit d’une habitation Bassin-Caïman de la deuxième section rurale de la commune de Dondon (pages 90 et 91).

Le journal Le Matin du vendredi 13 novembre 1925, nous informe à la page 2: «Terrains à vendre, Turgeau, Bellevue, Desprez, Pacot et à Pétion-Ville»

En Octobre 1930, l’orthographe «Pacot» apparaît sur une photo de la Direction Générale des Travaux Publics, lors de la construction des égouts à Ravine Pacot à Port-au-Prince en 1930 (University Of Florida Digital Library).

A un grand serviteur de la communauté, Monsieur Robert Loubeau

Récemment, en revisitant mon courrier, un twitt m’a transporté chez nos vieux –et inséparables– amis du Sacré-Cœur: Pax Villa, 55 ans (juillet 2017). «Pax Villa fait partie de notre histoire personnelle et c’est un grand chapitre de l’Histoire nationale», j’écrivais le 20 juillet 2014 sur une plateforme de France.

Depuis le 6 juillet 1962, Mr. Roger Loubeau, a entrepris un grand ouvrage dans notre pays: la modernisation des services funéraires. La communauté a toujours reconnu en lui un échantillon exemplaire de gentleman, généreux et serviable. En une occasion, je le croise à «la banque» (Banque Nationale de Crédit, rue des Miracles), où au moins une dizaine de cadres tenaient à le saluer. Je me glisse dans la file:

Mon fils, comment vas-tu, il me dit.

Je suis entre vos mains, Mr. Loubeau, je réponds.

Sourires. «Ah, mon cher, être entre mes mains, lourd et triste mot, cessez de plaisanter»…

J’ai récemment observé la solide sobriété des nouvelles lignes architecturales du beau bâtiment à Turgeau. Un travail de grande classe, qui respecte dans le moindre détail, la dignité spirituelle de ceux qui nous devancent dans le grand voyage.

L’hôpital des Marines á Turgeau, en 1916

La magnifique publication du jour de Madame Christine Mathurin ( Ambulance de la Croix Rouge amenant des Marines blessés au siege de l'hôpital des US Marines à Turgeau en 1916; Naval History & Heritage Command) nous éclaire sur un haut lieu de santé méconnu de notre capitale.

J'aime rappeler au début du régime de JC Duvalier, Madame Odette Price fit visiter l’édifice à une dizaine de turbulents de ma génération. La propriété (
118 ave. Jean Paul II, Turgeau) était encore majestueuse, car les lotissements actuels n'existaient pas encore.

L'École Militaire D'Haïti à Turgeau..

L'École a commencé aux Casernes Dartiguenave (actuel bureau MSPP et ancien Hôpital Militaire; rue Sainr-Honoré), le 1er octobre 1921 (voir Le Matin, 8 déc 1921).

L'École fut ensuite transférée à Turgeau, à l'angle des rues M et Jn Paul II. Cette maison fut propriété, respectivement, des familles Stéphen Archer puis Burr-Reynaud.

Noms de quelques cadets célèbres qui y étaient: Paul E. Magloire; Antonio Th. Kébreau; Antoine Levelt; Louis Arnaud Merceron (ortographe parfois Arnault); Promotion 1930-31.

L'exceptionnelle sauvegarde de ces photos a été faite par les conservateurs Rachelle Moscoso Denis; Dr. Jean Elie Gilles et Emmanuel Ardouin. Talon!

Lorsque PluriMédic prend soin de vos yeux

A l’occasion de la Journée Mondiale de la Vue 2023, PluriMédic — dont le Dr. Gérard Abel est le premier soldat— a organisé un Dimanche spécial de consultations yeux-nez-gorge-oreilles. Dans l’ histoire du quartier, c’était une première! Avec la nouvelle configuration de notre capitale — sans oublier les nouveaux défis en urgences médicales… — Babiole avait visiblement «soif» d’un tel événement et toutes les équipes de PluriMédic prirent rendez-vous pour faire de cette Journée un dimanche mémorable.

A la création du Pavillon Ophtalmologique de l’HUEH à la rue Saint-Honoré en 1997, une nouvelle dimension des soins occulaires était née à Port-au-Prince. Il y eut foule quotidiennement et file impressionnante sur le trottoir même. Notre capitale et son immense département de l’Ouest constituant une énigme statistiquement insaisissable, on a l’impression que l’instrument électronique capable de saisir ces mutations «on time» n’a pas encore vu le jour.

Ce dimanche 22 octobre 2023, nous voici en compagnie de l’architecte qui, pendant plus d’un quart de siècle nous a appris à comprendre les dynamiques de la santé occulaire à travers des repères sectoriels de notre complexe capitale, le Dr. Jean-Claude Cadet: Hôpital Général, Bois Verna, Saint Martin, Sainte Marie, Sarazin — haut Turgeau — ; sans oublier les cliniques mobiles en dehors de l’Ouest portauprincien. Des 298 auscultés, il y eut 52 cas de glaucome et 35 de cataractes. Une attention particulière a été accordée aux enfants et adolescents.

Comme dans une conversation au Star Mart de Turgeau, avec les docteurs Fritz Dorvilier et Luné Roc Pierre-Louis, à bientôt…

Gilbert Mervilus, 22 novembre 2024

Publié le 22/11/2024 / 32 lectures
Commentaires
Publié le 24/11/2024
Des dates en cascades, des faits, des témoignages et un incommensurable spectre d’informations que l’on ne peut traiter à la lecture tant les références et surtout les informations sont multiples et complexes. Chaque date mériterait un chapitre à lui tout seul, et puis il faudrait aussi agencer toute cette narration dans une progression chronologique pour mieux s’approprier les étapes, les influences, les environnement et l’Histoire, locale comme internationale tant on sait comment Haïti est très dépendante comme tu l’explique si bien des politiques extérieures. Je me demande quelles seront la teneur des autres chapitres. À plus tard Gilbert.
Publié le 24/11/2024
Grands Remerciements pour ton commentaire, Cher! Tu auras toute l’autorité pour apporter les modifications dans la structure du texte. Ma seule prochaine intervention sera la construction d’un index des noms cités. J’ai essayé de parler du quartier comme dans une conversation entre quelques riverains. C’est aussi le premier texte aussi long sur son histoire (plus de 8 mille mots!). Il sera certainement le plus volumineux de mon projet «L’histoire d’Haïti d’un contribuable inquiet». Dis moi, quels sont les secrets pour publier un ouvrage, version électronique, avec la bénédiction du Peuple des Mots? Encore Merci Beaucoup!
Publié le 25/11/2024
Lorsque le site sera terminé, on pourra réfléchir à de nouvelles perspectives très cher Gilbert.
Publié le 29/11/2024
Grand Bonjour au Peuple des mots & une promenade à Turgeau avec Myriam et Leo
Publié le 28/11/2024
Géniale cette chronique pour une collectionneuse de petits faits vrais. J'en suis une. J'ignore si cela s'inscrit dans vos projets mais j'apprécierais de pouvoir m'appuyer sur des cartes. À mon avis, si l'on explore l'histoire d'un territoire, on explore aussi la carte. À des informations aussi précises on ne peut que souhaiter apparier une légende graphique: photo ou carte? Qu'en pensez-vous? À très bientôt Gilbert.
Publié le 29/11/2024
Grand Bonjour au Peuple des mots & une promenade à Turgeau avec Myriam et Leo
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