Sang versé sur le réceptacle fibreux
Sang contenu dans une tige de plastique
Sang qui s’épuise d’une vitesse dramatique
Sang qui traçait autrefois mille histoires bleues
Les stylos à quatre couleurs offrent un maintien solide
Pour que le poignet parte, file comme un bolide
Mais en contrepartie me remplissent de frustration
Quand un quart se vide jusqu’à sa précoce inutilisation
Le désespoir est éphémère
Car il me reste du rouge et du vert
Ainsi que le noir qui reprendra le flambeau
De son compagnon parti trop tôt
Le vert à peine visible semble un mauvais choix
Salissant mes médiocres et tordues lettres cursives
Le rouge rappelle les remarques scolaires punitives
Qui laissaient enfants et parents dans le désarroi
Ces deux couleurs ne ravissent pas mon cœur
Ces deux horreurs ravivent d’anciennes douleurs
Ces deux erreurs n’impriment en moi que de noirceur
Ces deux malheurs ne priment pas sur leurs sœurs
Au lieu de continuer mon chemin avec les deux dernières tiges fantastiques
Que je trouve soit trop agressives, soit trop fades
Je me résigne à racheter un modèle identique
Empêchant mes yeux de verser leur encre maussade.
Léo
