L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

Dans un bouclier d’or où repose un cœur d’ange

Un brin de satin noir recouvre de son sang

Des perles de cristal que les bords d’un étang

Boivent comme du miel au doux goût de l’orange.

 

Des algues en silence accoutrent de leur frange

La dentelle de l’eau que des brins de rotang

Serrent entre leurs doigts sans jamais rompre un rang

Des vagues s’échappant de la douceur d’un lange.

 

Une ombre de mantille attardée au clocher

Glisse sa gaze en soie aux lèvres d’un rocher

Qui frisonne en mourant dans un creux du rivage.

 

Puis le sable du soir éponge tout soupir

D’un obscur drap de cire où viennent se tapir

Les premières couleurs d’un conte et son mirage.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Feuillets d'argent @2015

 

 


Publié le 05/06/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 08/06/2024
Entre le bouclier et le silence c’est comme un sanctuaire que j’y entrevois ou un seuil qui permet le passage des douceurs qui se meurent. C’est vraiment très beau, merci Francis Etienne.
Publié le 11/06/2024
Cher Léo, merci pour ton appréciation de ce texte. Très justement tu parles de « passage » ou de « seuil ». Dans la douleur comme dans le plaisir, l'exploration de notre corps doit passer par un seuil, qui apparaît dans notre mémoire, comme un des cercles que l'on descend au cœur même de notre identité. Le passage se fait toujours sous une forme d'enchantement et c'est pourquoi la poésie est un passage permanent entre l'ignorance et la connaissance. On la retrouve chez Cocteau avec le miroir, mais aussi dans les mémoires, toujours écrits pour découvrir et transmettre ce qu'un homme peut vivre de plus intense, je rappelle là Casanova et Proust, qui comptent parmi mes maîtres. Il y a bien chez eux un rituel du passage par la mémoire. Chez l'un comme chez l'autre c'est le passage au-delà du temps, et par conséquent au-delà de notre propre humanité. Et on voit bien en lisant leurs mémoires (même si chez Proust le texte ne s'appelle pas mémoire mais recherche et même si chez Casanova le texte ne s'appelle pas non plus mémoire mais histoire), que tout le travail littéraire consiste à retraverser le miroir du temps. Il en ressort bien entendu une description du plaisir, avec lequel ces écrivains ont recomposé leur vie. La suavité, l'onctuosité et la beauté de leurs textes sont effectivement une des multiples expressions de la poésie. Merci encore une fois, mon cher Léo. Cordialement, F. Étienne. La voile d'un navire effaçant l'horizon Déploie un rêve d'ombre où mugit un tison.
Connectez-vous pour répondre