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Il rôde dans le froid un lambeau de mystère
Qui frôle d’un soupir le voile d’un brouillard
Dont les ongles de givre écorchent un vieillard
Assoupi sur un banc devant un presbytère.
 
Des feuillets de silence effleurent un cratère
Où se tapit la peur d’un sombre coquillard
Echappant à la mort à bord d’un corbillard
Flanqué d’une bougie et d’un drap de misère.
 
Lorsque le jour revient au fronton du portail
Un corbeau fatigué comme un épouvantail
Vole de tombe en tombe en quête de charogne.
 
Quelques gouttes de pluie effacent du matin
Les derniers bruits d’un pas tristement clandestin
Qui traverse le parc où s’ébroue un ivrogne.

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de Marbre @2014


Publié le 10/11/2024 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 10/11/2024
Le froid et la retraite semblent être les ultimes compagnons de route d'un parcours dans le renoncement et le déclin. Le désespoir s'impose en conciliabule avec les oiseaux de mauvais augures. Une grosse chape de tristesse terriblement bouleversante. Très ému.
Publié le 10/11/2024
Cher Léo, merci beaucoup encore pour ce commentaire, qui souligne à merveille la profondeur de ce texte. Lorsque je relis ces textes que j'écris en 2014, je me rends compte de la tristesse et de la désolation de mon écriture. Certes, elle utilise la beauté comme expression mais le fond reste toujours marqué par cette dureté de la vie, cette lucidité, que la poésie traduit avec ses mots mais surtout avec la pudeur de l'élégance. C'est bien la preuve que l'on peut tout exprimer sous une forme poétique même les sentiments les plus gris, les situations les plus dures, les désespoirs les plus profonds. Ce qui laisse à penser que la poésie est de fait une langue parallèle. Tu souriras peut-être à ce que je vais te dire mais c'est la réalité. Lorsque j'avais treize, quatorze ans, j'ai créé une langue purement artificielle, extrêmement compliquée, avec bien entendu un alphabet spécifique et des règles de grammaire si complexes que même l'hébreu paraîtrait être une langue facile ! Cette langue s'appelait L'ilou. Mais ce qui est intéressant dans l'histoire c'est que cette langue possédait trois aspects différents : la langue religieuse, la langue commune, et la langue poétique. Et chacune de ces langues avait son propre vocabulaire, et ses propres particularités grammaticales, ce qui faisait de l'ensemble un casse-tête chinois. J'avais même commencé à écrire quelques textes. Mais l'intéressant était que j'avais créé une spécificité pour la poésie. Je n'ai malheureusement plus de trace de cette langue, ayant perdu la plupart des cahiers qui en contenaient le trésor ! Ainsi je confirme très tôt dans ma vie l'existence d'une langue parallèle poétique. Je pensais que ce détail t'intéresserait, car il vient en explication de ce texte et surtout en complément de ton commentaire. Merci beaucoup pour ta grande fidélité et ton immense amitié. À plus tard cher Léo. Cordialement, Francis Étienne. Les veines du papier boivent l'euu de la dune Où se pose en tremblant une graine à fortune.
Publié le 13/11/2024
C'est incroyable et c'est dommage la perte des cahiers car j'aurais bien voulu découvrir l'ilou. Dès l'enfance c'est souvent l'imaginaire qui constitue un lieu propice à créer où à se réfugier et toi c'était déjà l'écriture, ça ne m'étonne pas :)
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