Une rencontre entre des élèves de secondaire et l'auteur Laurent Gaudé a eu lieu ce matin à 11 heures au théâtre de Namur.
Quelques idées que l'auteur a développées. J'essaie de les restituer le plus fidèlement possible.
C'est parce que je sais que nous sommes tous à la recherche d'informations sur l'écriture que je les publie ici. Ne cherchez rien d'esthétique ou de stylé ici. C'est un compte-rendu pour mes amis auteurs.
Rédigé "comme si" l'auteur parlait :
Pour ma part, l'auteur et la personne sont deux personnes distinctes. Elles ne sont pas antagonistes. Les deux « personnages » ne mentent pas. On pourrait être déçu du décalage entre ce qu'on imagine être la personnalité de l'auteur « Laurent Gaudé » et ma personnalité. Il n'y a pas de malhonnêteté à chercher dans cet état de choses. Ces personnes sont complémentaires. Certains auteurs sont entiers. Ce n'est pas mon cas.
Pour écrire un livre, j'ai besoin de construire une architecture. J'ai une seule fois tenté d'écrire sans plan de départ car j'avais la conviction que l'idée était assez forte. Mais après un début de développement, j'ai calé.
Écrire un texte, c'est du plaisir. Écrire un roman, c'est laborieux. Il me faut un an pour faire un roman. Un mois de plaisir et onze de travail harassant car après la première version, il y a la seconde, la troisième, etc.... J'en suis à la septième version pour le travail sur lequel je suis actuellement et j'en ai ras le bol.
A force de me relire et de me relire encore, les passages qui m'avaient semblé excellents m'apparaissent mornes. Les passages moins bons restent moins bons. Alors, il est absolument nécessaire d'avoir des avis extérieurs comme celui de l'éditeur.
Pour parvenir à écrire, il faut finir. C'est très important. Que ce soit un texte, une nouvelle, un roman. Il faut le finir. C'est à dire que malgré les imperfections, il faut accepter de mettre le point final et de permettre le jugement à d'autres.
J'ai eu la chance de croiser un vieux monsieur de quatre-vingts ans qui ne me connaissait pas mais qui a souhaité me rencontrer après m'avoir lu. C'est différent des avis et des échanges qu'on peut avoir avec un ami ou un parent.
La longueur d'un roman est définie pas son auteur. Il n'y a pas de pression à ce niveau de la part de l'éditeur. Par contre pour une pièce de théâtre, la durée est une contrainte. Il en va de même avec une nouvelle. Trente pages, c'est trop peu pour produire le livre.
Les voyages que j'ai faits avaient des objectifs journalistiques. Il pourrait y avoir un problème d'équité, d'honnêteté si j'utilisais des personnes que j'ai rencontrées pour créer une fiction. Je ne l'ai jamais fait. J'ai par contre écrit des poésies narratives.
Je ne suis pas fort pour décrire les profils psychologiques, ce genre de choses.
Je suis athée. (Une jeune fille dans la salle demande "mais alors en quoi croyez-vous ?) Je suis un humaniste. Je crois en l'homme.
Il est nécessaire de nourrir son écriture. La nuit, les voyages, les quotidien sont iindispensables pour se recharger, trouver des matériaux pour l'écriture.