Un asphodèle en fleur baigne sa tête blonde

Dans une gaze d’or débordant d’un bassin

Comme une mousse d’orge aux lèvres d’un brassin

Que le soleil du soir abreuve de son onde.

 

Des pépites de feu dont le cœur vagabonde

Sur les chemins séchés de l’empire abyssin

Dérobent les désirs d’un lâche fantassin

Qui traîne dans sa chair la douleur de ce monde.

 

Des pétales d’ivoire embrasent le ciel gris  

D’une tâche de perle où les mots des gri-gris

Brodent sur le silence une brume de neige.

 

Des cartes à jouer mêlent un peu de peur

Aux larmes des enfants qui rêvent de manège

Puis se fondent sans bruit dans un bain de vapeur.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014


Publié le 10/04/2025 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 11/04/2025
J’aime cette conclusion qui évapore tout ce qui était en prise avec l’existant (l’existence ?). Comme une forme de lâcher-prise ou peut-être la fin des mirages. Comme dand un tableau l’on cherche le détail qui nous mettrait sur la voix pour se décider, et puis l’on se dit que c’est bien de ne pas décider, de laisser l’art et l’expression en suspens là où elle n’est sue ce qu’elle est : une oeuvre singulière de toute beauté. Merci Francis Etienne.
Publié le 11/04/2025
Cher Leo, à rebours Comme le titre d'un célèbre roman je viens te remercier pour tes commentaires toujours si profondément touchants. Oui la poésie est un monde dans lequel on peut revenir en arrière et se déplacer en somme à rebours. Les ombres ont formé des idées et les idées ont formé des réalités dont nous ne sommes pas conscients mais qui habitent nos vies et parfois nous croyons qu'elles sont palpables mais lorsque nous les touchons elles se déforment, elles se liquéfient et se fondent en nous comme du sucre adoucissant ainsi le rêve et le plaisir. Et c'est ce que tu appelles "la fin des mirages". Alors l'on "entre en la poésie" dans une espèce de torpeur qui fait qu'on ne peut pas décider, ou qu'on ne veut pas décider parce que l'esprit est pris comme sous l'emprise soporifique de la révasserie. Les étoiles commencent à briller et ,comme l'oreiller de Marcel Proust qui soudainement fait apparaître une cuisse ou une joue, chaque mot définit une sensation nouvelle, qui nous est propre et qu'on ne peut échanger autrement qu'à travers le verbe. C'est une cascade qui rafraîchit notre âme, un bassin dans lequel nous trempons nos esprits engourdis de langueurs dont nous effilons chaque fibre au bout de nos doigts devenus magiciens. Où est la frontière entre l'illusion et la réalité? Mais y-a-t 'il seulement une frontière? Le poète dit non il n'y en a pas. Et c'est bien là le piège. Merci encore une fois Léo pour la qualité de ton travail autour de ces textes que je publie quotidiennement. A très bientôt, à plus tard. Cordialement , Francis Etienne . Un filet de soleil séchant sur les étangs Ébouriffe le jour sous le cri des enfants.
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