A la Famille élargie (Viviane, Sandra, Isabelle, Myrtho)
Tôt ce matin, Me. Ralph F. me rappelle que nous sommes le 20 décembre. Dans un pays où tout glisse en mode pente savonneuse et avec nos "journées qui ressemblent aux après-midi d'enterrement" (Richard B.), je n'ai pas manqué de souligner que décembre aussi, est devenu en Haïti un souvenir...
Cependant, selon les convictions et combats de chacun, il s'agit par excellence du mois des bonnes habitudes. Un mois spécial pour saluer des personnes spéciales dans notre petite vie.
La première fois que je suis entré au bureau de Madame Françoise, j'ai été magnifiquement impressionné. J'avais déjà rencontré son mari, un architecte moderne qui prenait tout le temps nécessaire pour écouter le non-initié. Quelques mois plus tard, nous voici, commentant les éditoriaux de Jean Daniel et de Béchir Ben Yahmed. C'est Jean Péan qui m'a introduit dans les travaux du remarquable historien Marc Péan (L'illusion héroïque ; L'échec du firminisme). Je le visitais régulièrement à son cabinet, alors à l'avenue Panaméricaine.
J'ai légèrement paniqué en serrant pour la première fois la main de Madame Françoise L. Péan, car j'étais en présence d'une locomotive de travail, entourée par deux personnages monumentaux de l'histoire du Droit national : Me. Georges N. Léger et Me. Jean-Claude N.Léger. Avec Me. Ralph F. pour parrain, en peu de temps je m'installai sur la liste des fils adoptifs de Me. Jean-Claude N. Léger.
Madame Françoise continuait de m'impressionner remarquablement, par sa vitesse sur le clavier et ses yeux voyageant en même temps sur une bonne dizaine de volumineux dictionnaires spécialisés. Ce qui ne l'empêche pas de sourire en recevant un incroyable lot d'urgences.
Vous savez, chers amis lecteurs, souvent chez nous, la traduction et l'interprétation constituent un exercice de pompier-cardiologue. Le calme de Madame Françoise Léger Péan et son tact vers la précision peuvent effrayer les jeunes collaborateurs.
Après une dizaine -au moins- de travaux en équipe dans l'Haïti de la décennie 90 (plusieurs délégations et réunions d'un niveau certain), me voici un matin d'août 2013, sous les ordres directs de la patronne, l'observant de près, entre 7h30 et 4h-5h. De ces semaines inoubliables, je me rappelle comment elle m'expliquait qu'un traducteur doit être proche de son ophtalmologue ; si nécessaire se faire examiner chaque mois. Et quel souci lorsqu'il faut choisir le lieu (donc la qualité) du repas de midi du collaborateur.
Je me rappelle ses commentaires documentés lorsque nous devions nous rendre chez le notaire pour une certification matérielle de signature. Signer avec la plume bleue ou l'encre noire ont une histoire chez nous. Elle m'accompagna à Librairie Astérix (Sir Georges Plaza) avant la visite à l'Étude. Je m'y présentai donc armé d'une belle plume.
Soyons reconnaissants, dans une profession presque disparue, chez nous.
Gilbert Mervilus,
20 décembre 2024
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