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Règle générale. Une rime masculine ne doit pas être suivie immédiatement d’une rime masculine différente, ni une rime féminine d’une rime féminine différente.
On peut commencer une pièce de vers par une rime masculine ou par une rime féminine. La première rime une fois établie, voici les diverses combinaisons qui sont admises :
Du zèle de ma loi que sert de vous parer ?
Par de stériles vœux pensez-vous m’honorer ?
Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices ?
Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ?
Le sang de vos rois crie et n’est point écouté.
Rompez, rompez tout pacte avec l’impiété ;
Du milieu de mon peuple exterminez les crimes :
Et vous viendrez alors m’immoler vos victimes. Rac.
Tel, fin un secret vallon,
Sur tes bords d’une onde pure,
Croît, à l’abri de l’aquilon,
Un jeune lis, l’amour de la nature. RAc.
Ainsi l’on vit l’aimable Samuel
Croitre à l’ombre du tabernacle
Il devint des Hébreux t’espérance et l’oracle.
Puisses-tu, comme lui, consoler Israël lo.
Rions, chantons, dit cette troupe impie ;
De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs
Promenons nos désirs :
Sur l’avenir insensé qui se fie. ID.
n’est soumise qu’à la règle générale donnée ci-dessus.
Les chœurs d’Esther et d’Athalie sont en rimes mêlées.
Quel astre à nos yeux vient de luire ?
Quel sera, quelque jour, cet enfant merveilleux ?
Il brave le faste orgueilleux,
Et ne se laisse pas séduire
A tous ses attraits périlleux. RAC.
On voit par cet exemple, composé de cinq vers, que, dans ce système, les rimes masculines et féminines peuvent ne pas être en nombre égal.
Que leur restera-t-il ? Ce qui reste d’un songe
Dont on a reconnu l’erreur.
A leur réveil (ô réveil plein d’horreur !),
Pendant que le pauvre à ta table
Goûtera de ta paix l’ineffable douceur,
Ils boiront dans la coupe affreuse, inépuisable,
Que tu présenteras au jour de ta fureur,
A toute la race coupable. RAC.
On trouve des pièces peu étendues dans lesquelles le poète n’a employé que deux rimes :
Un sot par une puce eut l’épaule mordue.
Dans les plis de ses draps elle alla se loger.
< Hercule, ce dit-il, tu devrais bien purger
La terre de cette hydre au printemps revenue !
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n’en perdes la race, afin de me venger ? »
Pour tuer une puce, il voulait obliger
Les dieux à lui prêter leur foudre et leur massue. LA FONT.
’D’autres fois, c’est une difficulté que le poète s’impose à dessein, pour remplir un cadre obligé. Il arrive assez souvent que l’une des deux rimes seulement est redoublée. On lit dans la Fontaine une dédicace de vingt-deux vers, dont toutes les rimes masculines sont en is. En voici deux stances ou couplets
Pour plaire au jeune prince[1] à qui la Renommée
Destine un temple en mes écrits,
Comment composerai-je une fable nommée
Le Chat et la Souris ?
Dois-je représenter dans ces vers une belle
Qui, bonne en apparence, et toutefois cruelle,
Va se jouant des cœurs que ses charmes ont pris,
Comme le chat de la souris ?
Nous fûmes donc au château d’If.
C’est un lieu peu récréatif,
Défendu par le fer oisif
De plus d’un soldat maladif,
Qui, de guerrier jadis actif,
Est devenu garde passif.
Voici une petite pièce de Collin d’Harleville, qu’on trouvera pleine de facilité, de correction et de grâce
LA BONNE JOURNÉE.
Un pauvre clerc du parlement,
Arraché du lit brusquement
Comme il dormait profondément,
Gagne l’étude tristement ;
Y griffonne un appointement,
Qu’il ose interrompre un moment,
Pour déjeuner sommairement ;
En revanche, écrit longuement,
Dîne à trois heures sobrement,
Sort au dessert discrètement,
Reprend la plume promptement
Jusqu’à dix heures seulement
Lors va souper légèrement,
Grimpe, et se couche froidement
Dans un lit fait négligemment,
Dort, et n’est heureux qu’en dormant.
Ah ! pauvre clerc du paiement !
Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille :
Ne dis plus, ô Jacob, que ton Seigneur sommeille ;
Pécheurs, disparaissez : le Seigneur se réveille. Racine.
Et le mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le loup donc l’aborde humblement
Entre en propos, lui fait son compliment
Sur son embonpoint qu’il admire. La Font.
Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal,
Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien :
Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal ;
Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien. Corn.
[1] Le duc de Bourgogne